Sommaire (edit)Le cinéma
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Paris s'éveille est un film franco-italien réalisé par Olivier Assayas et sorti en 1991. AnalyseAdrien a dix-neuf ans. Après être parti de chez lui voici six mois et avoir erré çà et là, il revient chez son père, Clément, la quarantaine. Celui-ci vit désormais avec une jeune femme d'une vingtaine d'années, Louise, qui ambitionne de réussir à la télévision. Adrien reste quelques semaines chez eux, au cours desquelles il découvre que Louise se drogue et devient son amant. Il s'installe bientôt dans un squatt, qu'il partage avec son copain Victor, qui vit avec Agathe. Il avoue à Victor qu'il avait fui Paris après un coup pour lequel il a été payé en billets dont les numéros ont sans doute été relevés. Après s'être disputée avec Clément, à qui elle reproche de ne pas s'intéresser vraiment à elle, Louise rejoint Adrien. Ils vivent alors tant bien que mal de petits boulots divers. Louise arrête la drogue, mais Adrien lui reproche de poser pour des photos douteuses. Un jour où elle s'est disputée avec lui, elle accepte les propositions de Zablonsky, animateur télé, et passe la nuit avec lui. Le lendemain, Adrien, recherché par la police, se procure des faux papiers pour quitter la France et refuse qu'elle l'accompagne. Devenue la maîtresse de Zablonsky qui lui a procuré un poste de présentatrice-météo, Louise vient revoir Clément. Elle a eu ce qu'elle voulait, mais elle n'est pas heureuse. Clément, lui, est heureux avec sa nouvelle compagne, décoratrice, et refuse de lui donner l'adresse d'Adrien. Le squatt a disparu, Victor est en prison pour trafic de faux papiers et Agathe serveuse dans un restaurant chinois. À travers la rencontre de Louise et d'Adrien, Olivier Assayas filme d'abord les destinées sentimentales d'une génération perdue. Une histoire d'amour condamnée qui débute sur les ruines d'une autre, dont le malaise hante la première partie du film. Séducteur vieillissant, Clément, égocentrique et veule se montre aussi incapable d'assumer sa relation avec la jeune femme qu'il a failli à son rôle de père. À travers Adrien, Louise croit enfin avoir trouvé l'amour. Pour lui, elle renonce même à ses paradis artificiels. Mais la précarité de sa situation conduit inexorablement le jeune couple à l'impasse. Tourné dans l'urgence, essentiellement la nuit, le film bat au rythme de Louise, toute jeune Judith Godrèche, qui balance entre instinct de survie et chaos. Face à elle, un très inspiré Thomas Langmann nominé meilleur espoir masculin aux Césars en 1992. Grâce à un Jean-Pierre Léaud inspiré, Assayas retrouve les charmes des films de la Nouvelle Vague, en s'en inspirant, mais avec une inventivité retrouvée. « Il y a chez les personnages de Paris s’éveille une terrible et touchante lucidité que le cinéaste, en grand directeur d’acteurs, leur transmet. L’élégance de la mise en scène correspond à la fuite perpétuelle des personnages, à la beauté de leurs aspirations, de leur souffrance diffuse. Paris s’éveille est le film d’un itinéraire semé d’embûches. Il se termine sur un extraordinaire plan-séquence très exactement “ophulsien”, qui met en jeu dans un décor rouge et or une femme oubliée. On savait déjà qu’un “travelling est affaire de morale”. Toute la morale de Paris s’éveille est dans ce dernier plan. »Jacques Siclier, Le Monde, 1991
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