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La Passion Béatrice film français de Bertrand Tavernier, sorti en 1987.

Analyse critique

François est un homme de son époque, toujours absent, sans arrêt en guerre. Ces temps passés sur le pré à égorger, brûler, violer, ont réduit cet esprit en miettes. Fait prisonnier par les Anglais en 1346 à la bataille de Crécy et libéré après cinq années, il revient meurtri et désabusé.

Béatrice dans un château rythmé par un ennui pesant, attend avec impatience le retour de ce père qu’elle désire ardemment connaître, mais qui pendant son absence, a pactisé par la violence avec le Diable.

Le Moyen Âge est sombre, les corps sont amaigris par la faim et le froid. Les femmes accouchent en pleine nature, puis abandonnent leur nouveau-né. La parole est brève et rude. François, comparé à l’innocence de Béatrice, est un rustre. Ses années de campagne ont fait de lui une bête fauve. Au château il redevient un être sinistre dominant et humiliant son entourage.

Cet homme commet l’irréparable selon un plan bien établi, consistant à implorer son exécution par la main reliée au corps qu’il n’a pas respecté. Béatrice perd deux biens précieux, sa chasteté et son adolescence. Elle devient femme dans le sang de la vengeance.

L’approche du contexte humain sans procédures de tolérances est un angoissant cri d’impuissance contre l’injustice d’une vie brève passée à guerroyer, avoir froid et crever de faim.

La mort omniprésente offerte par l’épée aux soldats ou aux paysans dont les villages sont incendiés, les femmes violées, n’est finalement qu’une rédemption mutuelle de l’assiégeant à l’assiégé. Par cet holocauste, ces hommes brisés par une terre à feu et à sang s’éliminent mutuellement de cet enfer.

L’environnement est inhumain, la nature sans pitié. Les cœurs sont vides. Le Moyen Âge ressemble à un long hiver qui peine à s’en aller pour laisser la place au siècle des lumières, une renaissance tant attendue où enfin l’homme va s’exprimer par l’esprit et le verbe dans un monde plus reposé.

Béatrice remarquablement blanche de pureté, ne pouvant échapper à cet environnement violent se tisse par un caractère beaucoup plus trempé dans ce monde de fureur. Saisi par la guerre, le froid et la faim, ingrédients d’une vie brève, François est à des années-lumière des sentiments.

La passion Béatrice est un implacable réquisitoire sur une époque inhumaine et barbare. L’homme et la nature, seuls éléments dominants du Moyen Âge, éprouvent les pires difficultés à cohabiter.

Tavernier montre des personnages guidés par leurs pulsions dans un univers féroce oscillant entre Sacré et barbarie. Des êtres nus secoués par le Bien et le Mal.

On peut encore louer l'équipe du film d'avoir reconstitué le plus fidèlement possible les us et coutumes de l'époque (On se lave les mains entre chaque plat, etc...). Inévitablement, la toute puissance de l'homme sur la femme, aussi bien physiquement que mentalement, est très mise en avant. Les féministes se faisaient discrètes à l'époque. Les garçons méritent toute l'attention du père, à condition d'être aussi virils que leur papa, sinon on les déguise en filles et on s'en sert de gibier pour la chasse. En ce qui concerne les "garces" , elles n'ont pas d'âme, comme les animaux, et servent juste à contenter ces messieurs quand bon leur semble.

Distribution

  • Bernard-Pierre Donnadieu : François de Cortemart
  • Julie Delpy : Béatrice de Cortemart
  • Nils Tavernier : Arnaud de Cortemart
  • Monique Chaumette : la mère de François
  • Robert Dhéry : Raoul
  • Michèle Gleizer : Hélène
  • Maxime Leroux : Richard
  • Jean-Claude Adelin : Bertrand Lemartin
  • Jean-Louis Grinfeld : Maître Blanche
  • Claude Duneton : le prêtre
  • Isabelle Nanty : la nourrice
  • Jean-Luc Rivals : Jehan
  • Roseline Villaume : Marie

Fiche technique

  • Réalisation: Bertrand Tavernier
  • Scénario : Colo Tavernier
  • Montage : Armand Psenny
  • Photographie : Bruno de Keyzer
  • Musique originale: Ron Carter
  • Production : Adolphe Viezzi
  • Société de production : AMLF
  • Date de sortie : 11 novembre 1987
  • Pays : France Italie
  • Durée : 131 minutes
  • César des meilleurs costumes (Jacqueline Moreau) en 1988.
  • nomination pour trois autres Césars la même année:
    • César des meilleurs décors (Guy-Claude François)
    • César du meilleur scénario original ou adaptation (Colo Tavernier)
    • César du meilleur espoir féminin (Julie Delpy)
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux