Sommaire (edit)Le cinéma
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R.A.S. film français, italien, tunisien réalisé par Yves Boisset, sorti en 1973. Voir la liste des films ayant un lien avec la Guerre d'Algérie AnalyseEn 1956, l'armée française a du mal à controler l'insurrection , n'arrivant pas à contenir le soulèvement d'une partie de l'Algérie et son indépendance semble inévitable. Plusieurs jeunes conscrits ayant déjà terminé leur service militaire sont expédiés en Algérie pour servir de renfort aux troupes. On suit alors trois jeunes soldats, March, Charpentier et Dax qui connaissent un sort commun: ils passent ensemble dans un bataillon chargé de ratisser les djebels isolés. Avec le temps, Dax finit par se révolter et il en vient à abattre un sous-officier avant de se suicider. Ses deux amis sont vite étiquetés comme réfractaires par leurs camarades et par leurs supérieurs. Ils sont envoyés avec d'autres réfractaires dans une section disciplinaire, sous les ordres d'un officier qui commande un groupe de parachutistes. Le commandant Lecoq transforme progressivement ces pacifistes en spécialistes de la chasse aux fellaghas. Il utilise pour cela toute son habileté, usant de la carotte et du baton, jouant sur l'amour-propre ainsi que sur l'instinct de survie des hommes, entrainés dans une logique de représailles. Lorsqu'au cours d'une opération, Charpentier meurt tragiquement, March se décide à déserter, qu'importe les conséquences que cela peut entraîner à sa carrière. R.A.S., "Rien à signaler". Derrière cette mention régulièrement consignée sur les registres d’une guerre qui ne disait pas son nom, le film d’Yves Boisset dénonçait sans fioritures les méthodes de la guerre de pacification employées durant le conflit algérien. Le film d'Yves Boisset a suscité une forte controverse en France à sa sortie, la guerre d'Algérie ayant toujours posé des problêmes de conscience aux Français, tout comme l'Occupation allemande. Si ce film contient des simplifications, les divers problèmes politiques et sociaux qui y sont explorés, le sont avec rigueur et clarté. Il est facile de saisir l'inspiration anti-militariste de Boisset, mise en relief par les aspects cruels et déshumanisants de cette guerre coloniale. La réalisation est vigoureuse et solide et fournit un cadre cohérent aux images à la fois violentes et critiques. De jeunes acteurs inconnus assument avec talent l' homogénéité avec les trois vedettes des trois rôles principaux des soldats réfractaires. Yves Boisset eut les pires difficultés durant la préparation, le tournage et jusqu’à la sortie de R.A.S. : "La sécurité militaire est sur les dents face à ce projet de film sur la guerre d’Algérie ; elle cherche à empêcher le tournage par tous les moyens. Elle interdit l’accès à la moindre caserne, fait pression sur les loueurs d’uniformes et d’armes ( "si vous aidez Boisset, nos surplus et armes démilitarisées vous seront désormais interdites"). Boisset doit maquiller des uniformes de l’armée belge, monter une coproduction avec l’Algérie... jusqu’à ce que la France fasse pression sur l’Algérie, d’où l’équipe est finalement expulsée. Le film est tourné sur le versant tunisien des Aurès. Le financement du film est bloqué à trois reprises, des bobines disparaissent "mystérieusement" lors du retour en France (des scènes de torture, comme par hasard), obligeant Boisset à aller les retourner. Le représentant du ministère des Armées à la censure s’oppose à sa sortie. Coupes : une scène de gégène, une scène de "corvée de bois" et une scène qui préfixe l’OAS et le putsch des généraux. Lors de sa sortie, des bombes sont lancées dans des salles. certaines municipalités. Sorti en plein été, une forme d’exploitation en fraude, le film est un succès. Il est très rarement diffusé à la télévision." (Jean-Luc Douin Dictionnaire de la censure au cinéma, Paris, PUF, 1998)
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