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Rio Bravo est un film américain de Howard Hawks sorti en 1959.

Analyse

Le shérif John T. Chance aidé de son adjoint Dude, alcoolique notoire, arrête le meurtrier Joe Burdett. Or, celui-ci n’est autre que le frère de Nathan Burdett, riche propriétaire terrien, fermement résolu à le délivrer avec l’appui de ses sbires. Dans l'attente du juge fédéral qui pourra juger Joe, la prison de la ville devient dès lors le centre de toutes les attentions et de tous les dangers.

Le film est un des plus grands westerns réalisés. La rédemption de l'adjoint alcoolique ou de la femme mal jugée, la fraternité des faibles contre l'ennemi fort, la puissance des femmes face à la gaucherie des hommes, les sujets abordés par le film sont légions et la maîtrise des scénaristes et de Hawks sublime chaque thème.

Réalisé en 1958 par Howard Hawks à la grande époque du western, Rio Bravo est un film d'action mais son originalité tient dans une intrigue et un décor minimalistes et dans la part belle qui est faite aux personnages, de chair et de sang, éloignés de l'image traditionnelle des héros de la conquête de l'Ouest.

Le film s'organise autour des trois figures géométriques que sont le cercle, l'horizontale, et la verticale.

La figure circulaire définit le cadre du film : l'action se déroule dans la petite ville de Rio Bravo aux limites bien précises (premier cercle principal) qui définissent un huis clos à venir. A l'intérieur de la ville, l'espace se resserre très vite autour de la prison (point central du second cercle) où sont enfermés le prisonnier, le sheriff et ses hommes. La situation est remarquablement paradoxale : Nathan Burdette est prisonnier du sheriff qui est lui-même encerclé par la bande de Joe Burdette. On retrouve bien l'image des deux cercles concentriques. Cet encerclement des héros, sur lesquels plane la mort contribue à l'atmosphère confinée, pesante et étouffante du film.

Hawks ménage un espace de respiration grâce à l'horizontale qui déroule les péripéties d'un récit qui va et vient entre le saloon, l'hôtel et la prison : il s'agit de la rue principale rectiligne qui traverse et relie les cercles entre eux et favorise toutes les possibilités d'action.

Mais c'est, surtout, la verticalité qui symbolise le mieux le sens du film, comme l'illustre l'exemple suivant. Le film s'ouvre sur Rio Bravo de nuit que le saloon éclaire de ses lumières jaunes.

Le regard caméra filme un homme qui hésite à aller vers le bar : c'est Dude, alcoolique, qui accepte de ramasser un dollar jeté dans un crachoir pour acheter de quoi boire. Un nouveau plan ramène notre regard à ras de terre sur le crachoir, les jambes et le plancher. Dude est donc associé, dès le préambule, à l'agenouillement. Le plan suivant en contre-plongée fixe le visage du shériff John T. Chance regardant avec réprobation son adjoint, puis celui de Dude, marri, en plongée.

A la fin du film, en revanche, il est filmé debout et sobre, signe de sa dignité retrouvée et de son ascension morale : de l'agenouillement humiliant au sol à la fière position debout, tout le sens du film tient dans cette verticalité qui symbolise la volonté, le courage et la rigueur morale. Autrement dit, le cercle figure la menace et le danger, quand la verticale dessine la réponse à l'atteinte à la loi, c'est-à-dire le courage et le refus de la force injuste.

C'est que le film s'attache à montrer des personnages et leur caractère. La preuve en est que Hawks efface quasiment de la ville - réduite à un simple schéma géométrique, à un pur décor - les habitants et tout ce qui évoque l'activité citadine pour éviter de distraire les spectateurs et se consacre à la psychologie et aux rapports des cinq hommes et de la femme sur qui reposent toute l'action de Rio Bravo. Et ces personnages sont positifs et ne transigent pas sur les notions de justice, de dignité et de solidarité. Dude n'a pu être sauvé de la déchéance que par la présence active du shériff John T. Chance à l'assurance tranquille, aidé de Stumpy poussé par un sentiment de revanche rageur et de Colorado tireur d'élite et désinvolte, et entouré de deux femmes, aux destins contraires, dont l'une, Feathers (Angie Dickinson) arrive et entend se fixer durablement quand l'autre, Consuela, est contrainte de quitter la ville.

Distribution

  • John Wayne (VF : Raymond Loyer) : John T. Chance, Sheriff
  • Dean Martin (VF : Claude Bertrand) : Dude, adjoint alcoolique du sheriff
  • Angie Dickinson (VF : Nelly Benedetti) : Feathers
  • Ricky Nelson (VF : Michel François) : Colorado
  • Walter Brennan (VF : Paul Villé) : Stumpy, le gardien de la prison, un vieillard boiteux et bougon
  • Ward Bond (VF : Jean Clarieux) : Pat Wheeler
  • John Russel (VF : Serge Sauvion) : Nathan Burdett
  • Claude Akins (VF : Jacques Thébault) : Joe Burdett

Fiche technique

  • Titre : Rio Bravo
  • Réalisation : Howard Hawks
  • Scénario : Jules Furthman, Leigh Brackett d'après une nouvelle de B. H. Campbell
  • Musique originale: Dimitri Tiomkin
  • Photographie : Russell Harlan
  • Montage : Folmar Blangsted
  • Direction artistique : Leo K. Kuter
  • Production : Howard Hawks pour Warner
  • Film américain
  • Durée : 141 minutes
  • Date de sortie : 18 mars 1959 (USA)
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