Sommaire (edit)Le cinéma
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La 317e Section est un film franco-espagnol de Pierre Schoendoerffer, sorti en 1965. AnalyseEn 1954, en pleine guerre d'Indochine, la 317e section locale supplétive doit abandonner le petit poste de Luong Ba à la frontière du Laos, et rallier Lao Tsaï à cent cinquante kilomètres plus au sud, à travers la forêt hostile et les forces Viêt-Minh qui déferlent sur les français.Forte de 45 hommes dont 41 "supplétifs" cambodgiens, elle est commandée par le Sous-Lieutenant Torrens Torrens, jeune et sans expérience, est secondé par l'adjudant Willsdorff, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Au cours de cette fuite ponctuée d'embuscades et de morts, le respect hiérarchique qui unissait les deux hommes se transforme en amitié. Quelques jours plus tard, la 317e section est anéantie sauf Willsdorff. Tourné au Cambodge, c'est un des rares films français réalisés sur la guerre d'Indochine. En écrivant son roman puis en l'adaptant, Pierre Schoendoerffer savait de quoi il parlait. Engagé à 24 ans dans le Service Cinématographique des Armées (1952), il part pour l'Indochine où il fera partie des volontaires pour être parachuté sur Dien Bien Phu deux ans plus tard. Il y sera fait prisonnier à la chute du camp retranché. Il a voulu donné une expression réaliste, quasi documentaire, à son film. Pendant un mois, il a obligé acteurs et techniciens à vivre et à bivouaquer au cœur de la forêt cambodgienne. La prise de vue a été faite caméra sur épaule. Le résultat est criant de vérité et de sobriété. Pas de trace ici du "folklore" inhérent à tout film américain sur le Vietnam : les bons et les méchants à l'intérieur même du groupe (Platoon), la surdramatisation scénaristique (Voyage au bout de l'Enfer), la caricature dénonciatrice (Full Metal Jacket) ou la dimension philosophique (Apocalypse Now). Pas de bande-son aux accords de Rock n'Roll, pas de ballets d'hélicoptères, pas de bandana autour de la tête, pas de personnages stéréotypés mais une absence totale de manichéisme ou de discours moralisateur. Comme dans la réalité vécu par le cinéaste et par tous les combattants, l'ennemi est quasi invisible, juste quelques silhouettes lointaines, mais omniprésent par la menace qu'il fait constamment peser sur les soldats qu'il traque. Les escarmouches s'avèrent aussi brèves que meurtrières. C'est pourquoi la force du film ne réside jamais dans son inventivité scénaristique mais dans son incroyable parfum d'authenticité, sa crédibilité. La mort est filmée avec pudeur, presque avec résignation. Après tout, à Torrens qui lui dit "C'est dégueulasse", Willsdorf répond : "Qu'est-ce que ça veut dire, dégueulasse ? C'est la guerre." Même la mort de Torrens, personnage complexe au visage d'enfant avec ses problèmes de dysenterie, est filmée comme un non-événement, un de chute de plus. Ceux qui restent vivants n'ont pas le temps de s'attarder, de s'accabler. Il leur faut continuer à avancer dans le "merdier", seule chance de tromper la Mort qui les talonne. Pour combien de temps ? Une voix "off" nous apprend que Willsdorf sera tué à son tour quelques années plus tard. Dans une autre guerre, un autre "merdier" : l'Algérie.
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