Senso est un film italien réalisé par Luchino Visconti, sorti sur les écrans en 1954.
Analyse
L'action débute à Venise, au printemps 1866 pendant les derniers jours de l'occupation autrichienne. Au théâtre de la Fenice, à la fin du troisième acte du Trouvère de Verdi, une manifestation anti-autrichienne éclate. L'un des organisateurs, le comte Roberto Ussoni, défie en duel un lieutenant autrichien, Franz Mahler, qui a prononcé des paroles insultantes pour les Italiens. La comtesse Livia Serpieri, cousine d'Ussoni et qui partage en principe son idéal patriotique, prie le lieutenant Malher, présent dans sa loge, de ne pas relever le défi. En fait, Ussoni a été dénoncé : il est arrêté à sa sortie du théâtre.
Livia tombe follement amoureuse du lieutenant autrichien Franz Mahler, oubliant toutes ses convictions. Mais Mahler la quitte. Elle le poursuit, le retrouve en pleine bataille et l'aide à se faire réformer, en fait, à déserter. Mahler, qui ne l'a vraiment jamais aimée la repousse à nouveau. Désespérée, elle le dénonce au commandant autrichien. Arrêté, il est jugé et condamné à mort. Livia va tout tenter pour sauver son amant, mais en vain. Mahler refuse de présenter un recours en grâce et est fusillé. Livia, sous le choc, perd apparemment la raison..
Le bref récit de Camillo Boito (1883) a fourni à Visconti la matière d'un de ses plus grands films. Senso montre l'enlisement de deux personnages dans leur amour, qualifié par eux-mêmes de triste et de honteux et qui aboutira à leur réciproque destruction. Ils sont l'un à l'autre leur prison et leur bourreau. Toute leur aventure se déroule à côté de l'histoire, à laquelle leur veulerie et leur passivité les empêchent de participer. Ils sont les représentants impuissants mais lucides d'un monde en train de disparaître.
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L'instinct de vie est mort en eux et c'est pourquoi il est difficile de parler à leur propos de mélodrame ou d'opéra. Si l'Opéra est la référence esthétique de la révolution à venir, leur marche sur les canaux les conduit à un requiem dont le lyrisme glacé et funèbre ne permet pas d'éprouver à leur endroit la moindre pitié. Visconti pose sur ses personnages un regard froid et détaché, les décrit dans de longues scènes statiques où les plans généraux abondent et mettent entre eux e le spectateur le recul maximum qu'autorise la mise en scène
La production et la censure pesèrent ensemble pour arracher au film tout le côté négatif que Visconti souhaitait y mettre. Il lui fit interdit par ailleurs d'appeler le film Custoza du nom de la célèbre défaite italienne à laquelle participe Ussoni.
Senso se penche sur des événements déterminants dans l'évolution ultérieure de l'Italie (un regard, par ailleurs, porté avec un souci constant de réalisme historique dont témoigne le travail d'écriture préparatoire effectué avec Bassani Prosperi et Alianello, experts en la matière); Pour Visconti l'évocation de la défaite des partisans de Gramsci pendant le Risorgimento préfigure la défaite des espoirs révolutionnaires avec la Libération. Ce constat, tout le monde le comprit à la sortie de Senso en 1951, d'où la forte polémique politique qui entoura le film. La fin devait être toute autre : Nous y aurions vu Livia passer devant des groupes de soldats ivres et toute la fin montrait un petit soldat autrichien très jeune, 16 ans à peu près, qui chantait une chanson de victoire. Puis il s'arrêtait, il pleurait et criait " Vive l'Autriche ! "
Distribution
- Alida Valli : La contesse Livia Serpieri
- Farley Granger : Franz Mahler
- Heinz Moog : Le conte Serpieri
- Rina Morelli : Laura, la gouvernante
- Christian Marquand : Un officier
- Sergio Fantoni : Luca
- Tino Bianchi : Le capitaine Meucci
- Ernst Nadherny : Le commandant de la place de Vérone
- Tonio Selwart : Le colonel Kleist
- Marcella Mariani : Clara, la prostituée
- Massimo Girotti : Roberto Ussoni
Fiche technique
- Réalisation : Luchino Visconti
- Scénario: Luchino Visconti, Suso Cecchi d'Amico et Camillo Boito
- Musique :Anton Bruckner et Giuseppe Verdi
- Images : Aldo Graziati
- Montage : Mario Serandrei
- Producteur: Domenico Forges Davanzati
- Assistants réalisateurs: Jean-Pierre Mocky, Francesco Rosi, Franco Zeffirelli
- Durée: 117 minutes
Récompenses
- Nommé pour le Lion d'Or du Festival de Venise 1954
Source partielle: Wikipédia