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Terraferma film italien, à participation française, réalisé par Emanuele Crialese et sorti en 2011. Présenté à la 68e Mostra de Venise 2011, le film a obtenu le Grand prix du Jury.

Analyse critique

Sur l'île sicilienne de Linosa, proche de Lampedusa le tourisme, développé par la jeune génération, succède de plus en plus à l'activité traditionnelle de la pêche, encore pratiquée par les parents et à la rentabilité déclinante. La première partie de Terraferma s'attache au quotidien d'une famille qui vit de plus en plus difficilement de la pêche et se reconvertit dans l'accueil des touristes. Quand le père sauve en mer des immigrés noirs dont le bateau a fait naufrage, il agit comme tout marin et sauve leurs vies, et les recueille dans la maison familiale. Désobeissant aux consignes officielles, il refuse de dénoncer à la police les clandestins.

Le film oppose alors deux catégories d'étrangers : les touristes blancs et riches, qui sont les bienvenus, et les clandestins noirs, traqués par la police. Des images fortes, mais presque trop symboliques, soulignent ce contraste : sur la plage où les corps blancs bronzent s'échouent des corps noirs ; un bateau croule sous les touristes, entassés comme des boat people, mais pour faire la fête. Tout est déréglé, la nature, les lois, il n'est plus permis de porter secours, la famille, le conseil des anciens n'est plus écouté, et l'ordre ancien ne reviendra jamais.

Emanuele Crialese se réapproprie cette réalité vite expédiée dans les journaux télévisés à travers un film d'une grande beauté formelle. Jeunes et anciens, parents et enfants, se confrontent sur l'attitude à tenir face à la détresse des réfugiés: Les dénoncer aux autorités pour la quiétude d'un monde économique nouveau ou respecter les valeurs morales et la solidarité de l'île héritées du travail de la mer.

Le film surprend davantage avec les scènes qui réunissent la mère de famille italienne et une jeune femme rescapée du naufrage des clandestins, qui va devenir mère elle aussi. Emanuele Crialese parvient à dire la force d'un lien humain contraire à la loi, qui interdit d'aider les réfugiés. Son discours a l'honnêteté de ne pas céder à la simplification. En montrant un monde déchiré, violent, Terraferma ne pointe aucune solution et suggère plutôt un sauve-qui-peut général, la nécessité de s'en sortir étant finalement la chose la mieux partagée au monde. En face de leurs contradictions et et de l'impossibilité de survivre sur l'île en respectant leurs valeurs, certains jeunes choississent eux-même d'émigrer.

Après Welcome, mais d'une façon plus fouillée et plus sociale, Terraferma redit avec conviction et un certain brio que du sort des immigrants dépend aussi celui de ceux qui les accueillent.

Distribution

  • Donatella Finocchiaro : Giulietta
  • Beppe Fiorello : Nino
  • Mimmo Cuticchio : Ernesto
  • Martina Codecasa : Maura
  • Filippo Pucillo : Filippo
  • Tiziana Ludato : Maria
  • Claudio Santamaria : Santamaria
  • Filippo Scarafia : Marco

Fiche technique

  • Réalisation : Emanuele Crialese
  • Scénario : Vittorio Moroni, d'après un sujet de E. Crialese
  • Photographie : Fabio Cianchetti
  • Montage : Simona Paggi
  • Musique : Franco Piersanti
  • Production : Cattleya, Babe Film / France 2 Cinéma
  • Durée : 88 min
  • Dates de sortie : 4 septembre 2011 à la 68e Mostra de Venise
    • France : 14 mars 2012
  • Grand prix du Jury à la Mostra de Venise 2011
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux