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The Ghost Writer film franco-germano-britannique de Roman Polanski, sorti en France en 2010. C'est l'adaptation du roman L'Homme de l'ombre de Robert Harris. Analyse critiqueÀ Londres, un nègre littéraire (écrivain privé, en anglais ghostwriter ou ghost) à succès est engagé pour terminer les mémoires d'Adam Lang, ancien Premier ministre britannique. Mais dès le début de leur collaboration, le projet semble périlleux car le prédécesseur du nègre de Lang est décédé « accidentellement ». Le nègre prend l'avion pour travailler sur le projet, au milieu de l'hiver, dans une maison au bord de l'océan sur l'île de Martha's Vineyard, située au large des côtes de la Nouvelle-Angleterre. Mais le jour même de son arrivée, un ancien ministre du cabinet Lang accuse celui-ci d'avoir autorisé l'arrestation illégale de terroristes présumés et de les avoir livrés à la CIA qui les aurait soumis à la torture. La controverse ameute des journalistes et des manifestants sur l'île où réside Lang, sa femme Ruth et son assistante (et maîtresse) Amelia. Au cours de son travail, le nègre découvre des indices laissant entendre que son prédécesseur aurait mis au jour un sombre secret reliant Lang à la CIA. À l'origine, Roman Polanski voulait adapter un autre roman de Robert Harris, Pompéi. Le studio Summit Entertainment est ensuite attaché au projet, qui est officiellement annoncé au Festival de Cannes 2007. Malgré cela, le film ne voit jamais le jour. Robert Harris envoie alors son roman L'Homme de l'ombre à Polanski, alors que le livre n'est même pas encore publié. Le réalisateur est immédiatement séduit et décide de l'adapter sur grand écran, avec Robert Harris lui-même comme co-scénariste. Robert Harris déclare « Notre méthode a consisté à écrire un premier jet, en nous inspirant des scènes et de la structure du livre, puis à le reprendre et à le retravailler sans hésiter, en supprimant des passages entiers et en essayant d'améliorer le rythme. Ce qui m'a frappé en travaillant avec Roman, c'est que j'ai eu le sentiment de réécrire mon livre. Certains éléments dans le film sont plus réussis que dans le roman. Le script est plus percutant. Si le film est plus fort que le livre, c'est entre autres parce qu'on ne quitte jamais cet univers de bord de mer, et cette atmosphère de ports et de plages à l'abandon. » Polanski a terminé en prison ce film, qui est sorti au moment de son assignation à résidence en Suisse. Saisissant était alors le parallèle entre sa situation et celle, à l'écran, d'un ancien Premier ministre britannique accusé de complicité de crimes de guerre en Irak, reclus et barricadé. Mais aussi la symétrie inversée de leurs exils : l'Amérique qui menaçait Polanski est un refuge pour son personnage car la Cour pénale internationale de La Haye n'y est pas reconnue. Le film inquiéte et captive par la noirceur de son entrée en matière avec une voiture oubliée sur un ferry, un corps retrouvé sur un rivage, puis sa science du détail et du coup de théâtre. Ni héroïque, ni aventureux, le Ghostwriter Londonien se sent de plus en plus désorienté, voire terrorisé par ce qu'il découvre. The Ghost Writer est un film de pure mise en scène. Un régal d'ambiguïté, d'ironie trouble, d'angoisse diffuse. Mais c'est aussi le prolongement d'une vision du monde où le pire paraît peu à peu s'éloigner, comme un mauvais rêve, avant de revenir, soudain, envahir la réalité. Le spectateur est invité, en compagnie du héros, à interpréter quantité de signes et d'indices. Le décor principal, maison high-tech perdue dans les sables, tient à la fois du caveau et de l'aquarium étanche. La sensation du piège, très souvent présente dans la filmographie de Polanski, se décline de la maison à l'île entière, du ferry à une chambre d'hôtel de l'embarcadère, ou encore à la propriété d'un inquiétant consultant de la CIA. Le sens de l'absurde n'est pas loin non plus comme de voir ce jardinier qui ramasse sans cesse des brindilles, aussitôt éparpillées par le vent, et évoque Cul-de-sac (1966). L'essentiel de l'action est censé se dérouler sur l'île de Martha's Vineyard, sur la côte sud de la presqu'île du Cap Cod, dans l'État du Massachusetts aux États-Unis. En réalité, le tournage s'est déroulé en Allemagne (Berlin, Strausberg, Potsdam, Usedom, îles de Sylt et de Pellworm en mer du nord) ainsi que sur l'île de Rømø au Danemark. Le film donne l'impression inédite de pénétrer dans l'intimité chic et cafardeuse des gens de pouvoir après le pouvoir. L'entraînement sportif intensif que s'inflige l'ex-homme d'Etat ; l'aigreur altière de sa belle et cérébrale épouse; l'assurance sensuelle et guerrière de l'assistante en chef, tout est à la fois savoureux à observer et suspect, comme recelant un sens caché. The Ghost Writer n'est pas un film politique, au sens engagé, plutôt une spéculation romanesque bâtie par le scénariste-écrivain Robert Harris à partir de quelques faits réels. Mais c'est surtout la continuation éclatante de l’œuvre de Polanski, le prolongement d'une vision du monde où le pire paraît peu à peu s'éloigner, comme un mauvais rêve, avant de revenir, soudain, envahir la réalité. Distribution
Fiche technique
Récompenses et nominations
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