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The Queen est un film anglais de Stephen Frears, sorti en 2006.

Analyse

The Queen raconte les coulisses des rapports entre la Reine Elizabeth II et le Premier ministre britannique Tony Blair, montrant leurs rapports de force dans les jours qui suivirent la mort de la princesse Diana, princesse de Galles, pour aboutir à un compromis politique sur la manière de traiter son décès, la famille royale britannique ne souhaitant pas que les obsèques revêtent un caractère national et officiel, tandis que Tony Blair avait la volonté de répondre à la demande du peuple britannique, qui réclamait des funérailles solennelles.

L’auteur de My Beautiful Laundrette revient avec une comédie noire ayant pour sujet la royauté. Ou, la royauté ne pouvant être le sujet de quiconque, avec une étude sociale dont la construction subtile n’apparaît qu’à l’analyse : d’un côté une monarchie de droit divin n’ayant pas de comptes à rendre aux manants, de l’autre le peuple, et au milieu un premier ministre fraîchement élu par le peuple mais nommé par la reine.

Alors que le peuple pleure sincèrement sa princesse qui était si proche de lui, du côté de Buckingham, on reste de marbre. La belle n’a jamais été admise, elle a même été cordialement détestée, et, hors Charles pour qui elle est la mère de ses enfants, elle ne fait plus protocolairement partie de la lignée royale depuis le divorce. Un jeune homme qui vient tout juste d’accéder aux plus hautes fonctions gouvernementales va comprendre l’erreur politique majeure en train d’être commise, Tony Blair

Le portrait au vitriol brossé d’Elizabeth, de sa soeur et surtout du duc d’Edimbourg prouve qu’on peut par mépris être dans l’innocence. Ces gens-là sont le monde, ils ne sont pas dans le monde. Blair, qu’on surprend dans les appartements privés du 10 Downing Street avec femme et enfants, mangeant en cuisine comme tout un chacun incarne l'intelligence politique. Il va la mettre au service de la reine pour lui faire admettre qu’elle doit interrompre ses vacances à Balmoral pour retourner à Londres, qu’elle doit mettre les drapeaux en berne, qu’elle doit honorer fleurs et photos déposées par les simples aux marches du palais.

La moralité évoque la belle leçon issue du Guépard de Visconti : « Il faut que tout change pour que rien ne change. » Mais, en retour, la souveraine a peut-être deux ou trois choses à apprendre au chien fou qui s’agite pour la sauver d’elle-même. Elle est en poste depuis un demi-siècle, lui depuis quatre mois.

Le film a été unanimement salué. De la presse tabloïd aux quotidiens les plus sérieux : les premiers, qui attendaient un brûlot antiroyaliste, paraissent surpris de la neutralité bienveillante à l’égard de la monarchie ; les seconds apprécient le regard lucide d’un cinéaste de gauche, « déçu du blairisme », sur le Premier ministre.

Le succès de The Queen s’explique par le rapport très particulier qu’entretient le peuple britannique avec sa monarchie. « Si j’avais dû traiter le sujet de The Queen en documentaire, j’aurais davantage insisté sur le chagrin de la foule. J’ai retrouvé des images de vraie hystérie : des gens en pleurs, s’étreignant, une foule de zombies se tournant vers la famille royale comme dans un film d’horreur. J’aurais opposé cette attitude à celle de la reine, totalement impassible. Elle pense que les émotions sont privées, alors qu’à cet instant public et privé fusionnent : les sentiments des gens deviennent un spectacle. Nous sommes un peuple très immature : la reine est comme une figure maternelle. Face à notre incapacité à contrôler nos émotions, face à une classe politique sans idées, la reine n’a pas de mal à nous dominer. »

Entre Tony Blair et la reine, Stephen Frears se défend d’avoir fait pencher la balance d’un côté plus que de l’autre. « Comme tout le monde, en Grande-Bretagne, j’ai été déçu par Blair. Et je connais la reine depuis son accession au trône, j’avais 11 ans. Elle est ancrée dans mon inconscient, comme dans celui de tout sujet britannique. J’ai un vague souvenir d’enfance : on m’emmène quelque part la voir passer. Mais je confonds peut-être avec l’inauguration d’un cinéma par Diana Dors, vous savez l’actrice sex-symbol des années 50. »

Distribution

  • Helen Mirren - la Reine Elizabeth II
  • Michael Sheen - le Premier ministre, Tony Blair
  • James Cromwell - le prince Philippe, duc d'Édimbourg
  • Alex Jennings - le prince Charles, prince de Galles
  • Helen McCrory - Cherie Blair
  • Sylvia Syms - la Reine Élisabeth, la Reine Mère
  • Roger Allam - Sir Robin Janvrin
  • Tim McMullan - Stephen Lamport
  • Mark Bazeley - Alastair Campbell
  • Douglas Reith - Lord Airlie

Fiche technique

  • Réalisation : Stephen Frears
  • Scénario : Peter Morgan
  • Musique originale: Alexandre Desplat
  • Photographie : Affonso Beato
  • Montage : Lucia Zucchetti
  • Durée : 1h39mn
  • Dates de sortie : 15 septembre 2006 (RU), 18 octobre 2006 (France)

Récompenses

  • Prix du scénario et prix d'interprétation féminine pour Helen Mirren, Mostra de Venise 2006
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux