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Vénus beauté (institut) est un film franco-béninois de Tonie Marshall, sorti en 1999.

Analyse

Angèle est une esthéticienne qui partage les confidences sentimentales de ses clientes. Mais dans sa propre vie, la jeune femme multiplie les relations de courte durée et ne croit plus en l'amour. Jusqu'au jour où elle fait la rencontre d'Antoine, qui arrive dans sa vie tel un tourbillon

Le soir, lorsqu’Angèle ferme la porte de l’Institut de beauté où elle travaille, elle s’évapore dans le passage d’un autobus au son de 5 notes. A chaque fois que la porte de l’Institut s’ouvre ou se ferme se fait entendre le carillon, relaxant. Ces 5 notes apaisantes sont à l’image de la superficialité de la vie de ce salon qui a un air des Demoiselles de Rochefort, tout en rose et bleu pastel.

Angèle se mure dans sa solitude, environnée du murmure de ses clientes qui se libèrent de leurs délires devant elle (la grand-mère qui refuse de vieillir, l’exhibitionniste qui ne vient faire des séances d’UV uniquement pour se promener nue dans le magasin). Ces saynètes, toujours drôles, cachent mal le désarroi d’Angèle. Elle travaille dans un milieu où les apparences donnent l’impression d’être primordiales. Alors que la vanité cache avec peine le mal être de tous ceux qui gravitent autour de l’Institut (clients et personnel).

Cette vanité est insupportable pour Samantha qui fera tout pour la fuir. Dès le départ, elle n’accepte pas la fausse condescendance de Nadine, la patronne.

Alors, lorsqu’Angèle quitte son travail, c’est pour se jeter dans les bras de minables, les provoquant pour coucher avec eux. En portant ce regard sur les hommes elle fait tout pour fuir l’amour, par phobie des ravages jalousie et de la vie de couple. C’est une fuite en avant, refusant toute aide, tout contact sentimental. On sent que cette femme détruite dérive au gré des courants, qu’elle ne contrôle que de moins en moins sa vie et que c’est ce qu’elle souhaite. Elle ne veut plus rien calculer, ne prendre aucune responsabilité (elle refuse d’être patronne), elle ne veut plus exister pour les autres.

Elle n’est pas née ainsi, ce sont les événements qui l'ont façonnée. Rien n’est inné chez elle, elle ne tourne pas le dos par vocation. Et surgit Antoine, venu de nulle part qui va l’arrêter de force dans sa fuite. Il le fera avec douceur mais détermination, sachant de suite mieux qu’elle ce qu’elle attend. Tout comme Angèle, au départ il n’est rien. On le croit clochard et à moitié fou. Lui aussi tourne le dos à la vie. Et au fur et à mesure qu’il prend sa vie, et celle d’Angèle, en main, il grandit, pour devenir un homme, un artiste respecté et solide, tendre et volontaire, intemporel et droit.

Tonie Marshall montre beaucoup de choses dans Vénus Beauté, elle dit tout de ces personnages, mais n’explique rien. Ils se dévoilent progressivement (on ne connaîtra jamais les origines de la cassure sentimentale d’Angèle), mais ils gardent toujours leur mystère. Comme ces personnes que l’on croise tout les jours, voisins, clients, amis dont on ne connaît finalement qu’une partie d’eux mêmes. Vénus beauté est un film qui se mérite. Les choses apparaissent petit à petit pour dévoiler leur force.

La cinéaste a ainsi l’art de nous surprendre continuellement. Rien ne se passe comme on le pense, et même comme le croient les personnages (lorsqu’Angèle et Antoine suivent Marie de peur qu’elle ne se fasse violer par son client de coeur). Jusqu’au final, qui nous met l’émotion au bord des yeux et le coeur à la renverse par un subtil hommage à La Peau douce de François Truffaut. Car il y a un peu de l’art de Truffaut chez Tonie Marshall. L’art de raconter un quotidien simple, à l’apparence du roman-photo, en le rendant insidieusement magique (la pluie d’étoiles). Elle filme la beauté de la vie, la fragilité des souffrances et dissèque les caractères. Elle nous livre ainsi une dizaine de croquis, croque toute une série de portraits, rapides et précis (les clientes de l’Institut, les rencontres nocturnes d’Angèle, ses tantes...)

Comme François Truffaut, elle est toujours discrète face aux comédiens, elle ne fait aucun effet de mise en scène ni de montage. Rien de racoleur dans son œuvre.Pourtant la mise en scène est d’une très grande précision, la caméra collant aux acteurs dans leur mal être, comme pour les surveiller de peur qu’ils ne fassent une bêtise, ou inversement en se mettant en retrait, derrière une vitre, lorsque leur besoin d’intimité apparaît.

Les comédiens sont tous excellents. A commencer par Nathalie Baye qui se colle au rôle comme une seconde nature et Samuel le Bihan a la beauté et la puissance époustouflantes. Tous les acteurs qui se rencontrent dans le film sont parfaits, autant Bulle Ogier en patronne championne en bons conseils, Mathilde Seigner en révoltée, Audrey Tautou pour sa gentillesse, Robert Hossein mystèrieux, Jacques Bonnaffé qui porte sur le visage les meurtrissures d’Angèle, Claire Nebout en cliente foldingue, Micheline Presle et Emmanuelle Rivat en soeurs délirantes.

Entre deux éclats de rire, Tonie Marshall parle de l’envie d’être seule, du désir d’être deux. Elle raconte l’amour qui se travaille, la confiance qui se mérite.

Distribution

  • Nathalie Baye - Angèle
  • Samuel Le Bihan - Antoine
  • Audrey Tautou - Marie
  • Mathilde Seigner - Samantha
  • Bulle Ogier - Madame Nadine, la patronne
  • Jacques Bonnaffé - Jacques
  • Robert Hossein - l'aviateur
  • Micheline Presle - Tante Maryse
  • Emmanuelle Riva - Tante Lyda
  • Édith Scob - la cliente aux taches sur les mains
  • Marie Rivière - la cliente aux bottines fourrées
  • Claire Nebout - la cliente exhibitionniste
  • Brigitte Roüan - la cliente dépressive
  • Claire Denis - la cliente asthmatique
  • Frédéric Andrei - le client finitions
  • Hélène Fillières - la fiancé d'Antoine
  • Romain Goupil - le médecin
  • Gilbert Melki - l'amant de la gare
  • Elli Medeiros - Mme Évelyne, la nouvelle

Fiche technique

  • Réalisation : Tonie Marshall
  • Scénario : Jacques Audiard , Tonie Marshall et Marion Vernoux
  • Producteur délégué : Gilles Sandoz
  • Directeur de la photographie : Gérard de Battista
  • Musique originale : Khalil Chanine
  • Date de sortie : 3 février 1999

Récompenses (2000)

+3 nominations

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux