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La Vie d'Adèle film français (également belge et espagnol) d' Abdellatif Kechiche, sorti en 2013.

Le film est librement adapté de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh.

La bande dessinée

Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, est publiée par Glénat en mars 2010.

L'intrigue se déroule en France au tournant du xxe et du xxie siècle. À la mort de Clémentine, sa compagne Emma se rend chez les parents de la défunte, car Clémentine a demandé, dans ses dernières volontés, qu'Emma puisse avoir accès à son journal intime. Emma doit faire face à l'hostilité du père de Clémentine, tandis que la mère l'accueille plus aimablement. Le récit suit la lecture du journal de Clémentine par Emma : il retrace toute l'histoire de la relation entre les deux femmes, depuis l'adolescence de Clémentine et sa rencontre avec Emma jusqu'au moment de sa mort. Le journal de Clémentine commence alors qu'elle est au lycée. Elle fait la rencontre d'un garçon, élève en Terminale, et tous deux se plaisent ; mais peu après, Clémentine croise par hasard dans la rue une jeune fille aux cheveux bleus, au bras d'une autre femme. C'est le coup de foudre. Incapable d'oublier cette rencontre, Clémentine commence à avoir des doutes sur sa sexualité. En réaction, elle sort avec le lycéen, par soif de normalité. Mais six mois plus tard, Clémentine, incapable de passer à l'acte avec lui, finit par rompre. Alors qu'elle a le moral dans les chaussettes, elle est secourue par un de ses amis, Valentin. Elle lui avoue tout ; Valentin lui apprend qu'il est déjà sorti avec un garçon, et la discussion rassérène un peu Clémentine.

Quelque temps après, Valentin emmène Clémentine dans des bars gays ; pendant la soirée, à un moment où Valentin la délaisse un peu, la jeune fille entre dans un bar lesbien, et pour la deuxième fois elle rencontre la jeune fille aux cheveux bleus, toujours en couple avec une femme, Sabine. La jeune fille aux cheveux bleus vient lui parler et se présente : c'est Emma. Les deux jeunes filles restent en contact et deviennent amies, mais Clémentine est amoureuse d'Emma. Clémentine doit affronter des ragots et des propos homophobes de la part de certaines de ses camarades de classe. Quelque temps après, alors que la relation entre Emma et Sabine s'est nettement dégradée (entre autres parce que Sabine la trompe souvent), Clémentine finit par craquer et avoue ses sentiments à Emma, qui avoue à son tour être amoureuse d'elle. Les deux jeunes femmes entament alors une liaison. Sabine finit par le découvrir et se met en colère. Mais Emma n'ose pas encore quitter Sabine. Finalement, après une énième dispute, Emma trouve la force de rompre avec Sabine et se met en couple avec Clémentine. Une période heureuse commence... qui s'achève un soir, lorsque les deux jeunes femmes, qui passent la soirée ensemble chez Clémentine, sont prises sur le fait par ses parents, dont la réaction est violemment hostile : Clémentine est chassée de la maison en même temps qu'Emma.

Clémentine part s'installer chez les parents d'Emma, puis les deux femmes s'installent ensemble et vivent heureuses pendant un temps. Emma devient artiste, tandis que Clémentine devient enseignante dans le secondaire. Emma s'engage politiquement et prend part au militantisme LGBT, tandis que Clémentine préfère garder cet aspect d'elle-même dans la sphère privée. Clémentine a quelques problèmes de santé et entame un traitement. Un jour, Emma découvre que Clémentine l'a trompée avec un collègue : furieuse, elle rompt avec elle. Clémentine, réfugiée chez Valentin, sombre dans la dépression, et ses problèmes de santé s'aggravent. Valentin finit par organiser une rencontre et laisse les deux femmes seules sur une plage. Toujours amoureuses, elles se réconcilient. Mais Clémentine, rattrapée par ses problèmes de santé, a une attaque et se retrouve à l'hôpital, où Emma n'obtient d'abord pas le droit de la voir. Les parents de Clémentine, puis Emma, apprennent, consternés, qu'il est trop tard pour la soigner. Clémentine rédige les dernières pages de son journal à l'hôpital, et finit par mourir. En achevant la lecture du journal, Emma se souvient de la femme de sa vie, et garde l'espoir que leur histoire aura permis à l'amour, entre personnes de tous les sexes, de faire peu à peu son chemin.

Analyse critique

La vie d'Adèle, 15 ans, se partage entre sa famille et ses amis du lycée. Convaincue qu'une fille doit être avec un garçon, elle accepte de sortir avec le séduisant Thomas avant de comprendre qu'elle n'a pas envie de lui, Sa vie bascule quand elle croise le chemin d'Emma, séduisante étudiante en arts plastiques aux fascinants cheveux bleus. Entre les deux jeunes femmes, c'est le début d'une histoire d'amour, d'abord cachée. Les années passent et Adèle construit peu à peu sa vie avec Emma et sa vie de femme, tout simplement.

La Vie d’Adèle est d'abord une histoire d’amour, et même de passion. Une coup de foudre frappe la lycéenne le jour où, traversant une rue, elle croise Emma et ses mèches bleues. C’est une histoire d’amour lesbien, et elle apparait à la fois universelle mais marquée du sceau d’un rapport au monde singulier, où les amantes doivent négocier avec des questions spécifiques : le secret, l’hostilité, l’affirmation. Parce qu’elle est un peu plus âgée, artiste et appartient à une sphère culturelle différente de la sienne, Emma domine statutairement Adèle et, malgré l’intensité phénoménale de leur don physique réciproque, ce décalage finira par produire une béance tragique. Juste après avoir voyagé avec elle jusqu’à l’éden, Adèle va connaître le très cruel enfer dont est capable Emma qui, à la première faute, la jette.

De plus, la Vie d’Adèle se confond en partie avec la vie d’Adèle Exarchopoulos, sa merveilleuse interprète. Avec cette jeune actrice presque inconnue jusqu’ici, Kechiche renouvelle le tour qui consiste à superposer et confondre la trajectoire d’un personnage de fiction avec celle d’une actrice. Il fait glisser l’un sur l’autre les processus d’une initiation à l’art et à l’existence. La mise au monde d’Adèle, actrice et personnage, ressemble à une nativité païenne.

La Vie d'Adèle raconte encore autre chose : Emma est le Pygmalion d'Adèle, leur amour est aussi une éducation en particulier artistique, une visite à la Piscine, le musée de Roubaix, le montre. Les rôles se distribuent : Emma est l'artiste et le professeur, Adèle la muse, l'élève, mais aussi celle qui sait se satisfaire du simple contact avec l'art. L'une a choisi de créer, l'autre de recevoir pour mieux transmettre, elle qui fera lire de la poésie à ses jeunes élèves comme jadis on lui demandait de dire les mots de Marivaux.

La Vie d'Adèle comprend plusieurs scènes d'étreinte amoureuse, dont trois, entre Emma et Adèle, ont de quoi entrer dans l'histoire de la nudité à l'écran : les corps s'y exhibent et s'y malaxent comme rarement, les chairs remuent, l'énergie déployée pour aller jusqu'au plaisir y est intense. Ces scènes peuvent déranger par leur durée et leur frontalité, qui pourraient faire des spectateurs des voyeurs. Mais elles possèdent une fonction dramatique : moins réaliste que le reste du film, leur traitement plastique renvoie à la nudité dans la peinture et la statuaire classiques. Par l'imbrication acharnée des corps, ces instants montrent même un idéal platonicien de deux êtres qui ne feraient qu'un. Les séparer, c'est se retrouver à jamais en manque de l'autre.

Mais si Adèle n'était pas qu'une spectatrice ? « C'est bien, ce que tu fais », lui dit l'un des invités d'une soirée en l'honneur d'Emma, pour laquelle Adèle a passé sa journée à cuisiner. « Ce que tu fais » : pas seulement la sauce tomate des pâtes, mais sa présence, en tant que modèle, dans les tableaux d'Emma. Non pas simple « actrice » de la peinture de son amie, mais aussi co-créatrice ? Et son interprète, cocréatrice du film même ? C'est ainsi que le jury du festival de Cannes a lu le film, partageant la Palme d'or entre Abdellatif Kechiche, le peintre ombrageux, et ses modèles, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, récompensant pour la première fois des comédiennes.

Distribution

  • Adèle Exarchopoulos : Adèle
  • Léa Seydoux : Emma
  • Jérémie Laheurte : Thomas
  • Mona Walravens : Lise
  • Salim Kechiouche : Samir
  • Catherine Salée : la mère d'Adèle
  • Fanny Maurin : Amélie
  • Aurélien Recoing : le père d'Adèle
  • Anne Loiret : La mère d'Emma
  • Benoît Pilot : Le beau-père d'Emma
  • Sandor Funtek : Valentin
  • Aurélie Lemanceau : Sabine

Fiche technique

  • Titre complet : La Vie d'Adèle : chapitre 1 et 2
  • Titre international : Blue Is the Warmest Colour
  • Réalisation : Abdellatif Kechiche
  • Scénario : Abdellatif Kechiche et Ghalya Lacroix d'après le roman graphique Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh
  • Direction artistique : Julia Lemaire
  • Photographie : Sofian El Fani
  • Montage : Camille Toubkis, Albertine Lastera, Ghalya Lacroix, Jean-Marie Lengelle et Sophie Brunet
  • Production : Abdellatif Kechiche, Vincent Maraval et Brahim Chioua ; Laurence Clerc et Olivier Théry-Lapiney (producteurs exécutifs)
  • Sociétés de production : Quat'sous Films, Wild Bunch, en coproduction avec France 2 Cinéma, Scope Pictures, Vértigo Films et RTBF
  • Pays d'origine : France, Belgique et Espagne
  • Durée : 179 minutes
  • Dates de sortie : 23 mai 2013 (Festival de Cannes), 9 octobre 2013 (sortie nationale)

Récompenses

  • Festival de Cannes 2013 : sélection officielle
    • Palme d'or pour Abdellatif Kechiche, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos
    • Prix FIPRESCI pour Abdellatif Kechiche
  • Prix Louis Delluc 2013
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux