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Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (You Will Meet a Tall Dark Stranger) film américain de Woody Allen, sorti en 2010 Analyse critiqueHelena ne va pas bien : son mari Alfie , qui se sent toujours jeune et en pleine forme, vient de lui annoncer qu'il rompt après 40 ans de mariage. Après une tentative de suicide, elle décide de consulter Cristal , une « voyante télépathe ». Leur fille unique Sally est mariée à Roy, un écrivain américain qui court après le succès, après le bon accueil réservé à son premier roman. Roy est nerveux. Son dernier ouvrage sera-t-il publié ? Dans sa chambre, il se laisse distraire par une apparition, une délicieuse voisine toujours habillée de rouge, qui joue du Boccherini à sa fenêtre. Sally elle-même n'est pas insensible au charme de Greg Clemente, son séduisant patron, galeriste installé. Les événements se précipitent lorsque Alfie décide d'épouser « Charmaine » , une jeune et affriolante « actrice » dont il vient de faire la connaissance. Désespérée, Helena se voit prédire qu’elle va rencontrer un bel et sombre inconnu... Selon son habitude, Woody Allen emmêle le destin d'une douzaine de personnages, qu'il fait vivre en quelques traits, telles des esquisses. Ça a l'air facile de manipuler des silhouettes selon son bon plaisir. Mais quelle maîtrise cache cette décontraction, et quelle élégance d'oser, par une seule réplique en voix off, bouleverser la narration et la logique. Il filme ses créatures au plus près, en évitant tout bavardage psychologique, en n'éclairant que leurs actes et leurs efforts incessants et dérisoires pour échapper à leur sort. Tous les personnages du film sont ainsi égoïstes, enfantins, pantelants d'angoisse, toujours prêts à se raccrocher à des chimères, qui, évanouies, les laissent encore plus ridicules et terrifiés. Les seuls à s'en sortir à peu près indemnes, c'est un couple de vieux cinglés : lui parle à sa femme morte, elle se prend pour une réincarnation de Jeanne d'Arc. Deux fantômes que leur déraison protège de la folie du monde. On a souvent reproché à Woody Allen de se répéter indéfiniment de film en film, d’user ses thèmes fétiches jusqu’à la corde; mais il est désormais hors du temps, résolument unique dans son fonctionnement, ses modes de production et sa façon même d’aborder le cinéma. Il tient avec une régularité de métronome son rythme d’un film par an, ne regarde presque jamais derrière lui et se contente de faire ce qu’il a envie de faire. La magie et les sciences occultes et divinatoires ont toujours amusé Woody Allen. Le cinéaste aime utiliser les tours de passe-passe et les croyances absurdes comme révélateurs des frustrations de ses contemporains. Ici, la mère délaissée trouve un réconfort inattendu dans les prédictions rocambolesques de sa voyante et répercute sur sa fille et son gendre ses nouvelles lubies, qui vont accélérer l’implosion du couple. Ce film est empreint d’une surprenante mélancolie, qui pointe entre les gags et contamine peu à peu l’ensemble du film : Woody rit du démon de la quarantaine, de la cinquantaine ou de la soixantaine, des crises existentielles que l’on peut vivre à chaque âge de la vie, mais l’humour, en plus d’être grinçant, est empreint d’une amertume qui rend le film émouvant. Distribution
Fiche technique
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