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Wonder Wheel , film américain de Woody Allen, sorti en 2017?

Analyse critique

L’histoire se déroule à Coney Island, une station balnéaire, dans les années 1950. Ginny, une ancienne actrice lunatique devenue serveuse, a refait sa vie avec Humpty, veuf, qui exploite un manège. Le couple vit avec Richie, le petit garçon de Ginny, aux fortes tendances pyromanes. La tranquillité de la famille est ébranlée au retour de Carolina, 25 ans, la fille de Humpty. Ils s’étaient brouillés cinq ans auparavant lorsqu’elle avait épousé un gangster, au désarroi de Humpty.

Sans ressources et voulant échapper aux griffes de son mari violent, Carolina se réfugie chez son père, sachant que son mari veut la tuer pour avoir fui. Si la rancœur des années passées pousse initialement Humpty à rejeter sa fille, au fil des semaines, il adoucit son comportement et cherche désormais à recréer une relation harmonieuse avec elle, entre autres en lui finançant des cours du soir pour qu’elle puisse se relancer dans la vie, au lieu du boulot de serveuse qu’elle exerce temporairement aux côtés de Ginny.

Pendant ce temps, Ginny rencontre Mickey, un jeune et séduisant maître-nageur qui rêve de devenir dramaturge. Ils deviennent amants dans la clandestinité et elle fait des projets d’avenir avec lui.

Des hommes de main envoyés par le mari de Carolina débarquent dans la station balnéaire mais Humpty réussit à les éloigner en leur expliquant qu’il n’a plus de nouvelles de sa fille depuis au moins cinq ans et qu’il ne compte pas la revoir de sitôt.

Ginny se rend compte que Mickey n’éprouve pas des sentiments aussi forts qu’elle.

La relation entre Ginny et Carolina devient de plus en plus tendue. Habituée aux palaces et à la grande vie, Carolina ne participe pas aux tâches ménagères, et n’est pas plus motivée que ça au travail, et Ginny voit que Humpty réserve désormais les économies du ménage pour les études de Carolina. La situation dégénère lorsque Carolina rencontre Mickey et lorsque celle-ci, sans savoir que Ginny entretient une liaison avec lui, lui confesse les sentiments qu’elle a développés pour lui et sa suspicion qu’ils sont réciproques. Ce dernier, amoureux de Carolina, rejette le cadeau d'anniversaire qu'elle lui offre, une montre à 500 dollars gravée à son nom, et lui annonce qu'il ne veut pas d'elle. Terrassée, blessée et en colère, Ginny le quitte.

Lorsqu’elle constate que les hommes de main du mari de Carolina sont revenus et ont appris l’adresse du restaurant où Carolina devait dîner avec Mickey, Ginny pense à avertir Carolina pour la protéger mais se ravise soudainement. Carolina disparaîtra ce soir-là, probablement enlevée, assassinée ou ramenée chez son mari.

Désormais libérée, Ginny se sent revivre et rêve à nouveau de retrouver les planches du théâtre. Mickey débarque chez elle pour lui annoncer qu’il a compris qu’elle est responsable de la disparition de Carolina. Hystérique et ivre, après une longue confrontation entre les deux, Ginny lui tend un couteau pour qu'il la poignarde. Abasourdi par son attitude, la trouvant pathétique, Mickey l'abandonne pour toujours. Plus tard, Humpty rentre à la maison et lui dit qu'il accepte la disparition de sa fille pour continuer à vivre normalement. Rejetée par Mickey et condamnée à vivre avec son mari à Coney Island, Ginny comprend que ses rêves d'actrice ne s'exauceront jamais.

Sur la plage, Richie, le fils pyromane de Ginny, provoque un nouvel incendie.

Le scénario romance considérablement l’épisode de la rupture de l'auteur, en 1992, avec Mia Farrow , consécutive à sa relation avec la fille adoptive de l’actrice. L’analogie s’impose, comme s’il s’agissait pour Woody Allen de livrer son point de vue d’artiste sur cette histoire.

La reconstitution d’époque du parc de Coney Island, tout enluminée de couleurs vives, pourrait faire croire à une suite tardive du pimpant Radio Days. Mais d’emblée le narrateur, Mickey, explique en voix off que le site a perdu de son éclat. La note est donnée pour un air de déclin. La grande roue du titre, souvent visible à l’arrière-plan, se prête aux métaphores mélancoliques, et notamment celle de la fortune qui passe.

Ginny, la serveuse lasse et lunatique, est, comme Jasmine, une figure à la Tennessee Williams, qui s’illusionne sur son passé, elle a été, dit-elle, une comédienne prometteuse. Elle ment aux autres, se ment à elle-même. Elle suffoque dans son mariage de secours avec un opérateur de manège qui la dégoûte. Elle mise tout sur son idylle cachée avec Mickey, à la fois maître-nageur, étudiant et aspirant dramaturge.

Woody Allen est impitoyable avec son héroïne. Lors du moment le plus théâtral, Ginny apparaît comme une mauvaise tragédienne qui dit un mauvais texte. Les lumières clignotantes du parc d’attractions, omniprésentes dans l’appartement, prennent alors l’intensité des projecteurs de scène, mais c’est pour éclairer d’un jour encore plus cru le naufrage total de l’amante trahie. Kate Winslet, actrice marquée par le romanesque de son film phare, Titanic, impressionne par l’état limite de vulnérabilité où la fiction l’entraîne.

Mais les autres personnages n’échappent pas à la sévérité du cinéaste. Les hommes sont soit repoussants, soit creux et inconséquents, ballottés d’un désir à l’autre. Les femmes, crédules et possessives. Toute forme d’empathie y a disparu au profit d’un rire sarcastique et désespéré. Sa noirceur provoque une amère jubilation. Woody Allen ressemble à cet enfant pyromane, né du premier mariage de Ginny, dont les séances de psychothérapie et les séances de cinéma qu’il réclame ne soignent pas la tendance à déclencher des incendies partout. Il est aussi, évidemment, le narrateur séducteur qui, pour expliquer ses revirements fatals, n’a que cette formule désinvolte, presque testamentaire : « Le cœur a ses hiéroglyphes… »

Distribution

  • James Belushi : Humpty Rannell
  • Juno Temple : Carolina Adato
  • Justin Timberlake : Mickey Rubin
  • Kate Winslet : Ginny Rannell
  • Max Casella : Ryan

Fiche technique

  • Scénario et réalisation : Woody Allen
  • Montage : Alisa Lepselter
  • Photographie : Vittorio Storaro
  • Sociétés de production : Amazon Studios et Gravier Productions
  • Durée : 101 minutes
  • Dates de sortie :14 octobre 2017 (Festival du film de New York)
    • France : 31 janvier 2018
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux