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Zelig , film américain de Woody Allen , sorti en 1983

Analyse

Leonard Zelig est un homme-caméléon : en présence de gros, il devient gros ; à côté d'un noir, son teint se fonce ; parmi les médecins, il soutient avoir travaillé à Vienne avec Freud, etc. Bien sûr, les médecins s'intéressent à son cas sans en percer le secret, jusqu'au jour où le Dr. Fletcher s'isole avec Zelig et arrive à le soigner sous hypnose. Malheureusement pour Zelig, on lui attribue aux quatre coins du pays un rôle d'époux différent et condamné par la société, Zelig replonge... C'est en Allemagne et dans le rôle de nazillon qu'Eudora Fletcher, amoureuse, le retrouve finalement.

Leonard Zelig est en apparence un homme tout à fait quelconque, mais bientôt l'Amérique des années vingt va littéralement se passionner pour lui : on constate en effet que ce petit homme banal a en fait tendance, par des facultés chimiques totalement inexplicables, à se transformer à l'image des êtres qu'il côtoie.

Lors d'une de ses métamorphoses, Zelig est arrêté et conduit à l'hôpital. Les plus grands spécialistes se succèdent pour observer ce phénomène, mais, fort heureusement pour Zelig, la charmante doctoresse Eudora Fletcher prend son cas particulièrement à cœur et l'arrache aux autres médecins. Elle va traiter Zelig par l'hypnose, et, sous l'effet du traitement, il parle de ses problèmes d'enfance, d'identité juive, et lâche ces quelques mots révélateurs : "je veux être aimé"...

Mais Zelig n'est pas au bout de ses peines : sa sœur Ruth l'enlève aux soins du Dr Fletcher et fait de lui un phénomène de foire, dans le monde entier. Cependant, le destin veille puisque Ruth Zelig se fait assassiner en Espagne par son amant jaloux, Martin Geist...

Eudora Fletcher récupère Zelig et l'isole dans sa maison de campagne. De nouveau sous hypnose, celui qu'on a surnommé " l'homme-caméléon " avoue son amour à Eudora. Mais les forces du Mal agissent encore : une danseuse nommée Lita Fox prétend que Zelig a été son mari et l'a abandonnée avec un bébé. Bientôt, deux, trois, dix femmes font les mêmes révélations à la presse. Zelig devient alors un personnage honni et banni de son Amérique natale. Il disparaîtra, mais Eudora le retrouvera en Allemagne, en compagnie des Nazis ! Finalement, leur retour aux États-Unis sera triomphal, car, avec son amie, Zelig bat le record de la traversée de l'Atlantique en avion... et sur le dos.

Dans Zelig, commencé en 1980 et terminé en 1983, W. Allen semble réaliser un rêve impossible : en effet, le brillant intellectuel juif qu'il est, encombré d'un " moi " obsédant au point de constituer le centre de toute son oeuvre, peut enfin, le temps d'un film et sous les traits de Leonard Zelig, ressembler à Monsieur Tout-le- Monde, noircir lorsqu'il est avec un Noir, sentir ses yeux se brider lorsqu'il rencontre un Asiatique, être une sorte d'homme-caméléon sans personnalité.Il va de soi que le naturel de Zelig/Allen revient au galop : l'anti-héros finit par occuper le devant comme la totalité de la scène en raison même de sa prétendue transparence !

Il s'agit là probablement d'un des plus grands films de Woody Allen. Le thème récurrent de l'imposture chez Allen y est poussé jusqu'à l'extrême. Construit comme un vrai-faux documentaire d'une hilarité absolue, ce long-court-métrage qui ne dure que 70 minutes laisse pantois tant il est brillamment "fabriqué" et pensé. Le spectateur se laisse totalement prendre au jeu de cette histoire où la schizophrénie et l'usurpation occupent une place centrale dans le récit.

Bien sûr l'allusion à la psychanalyse et au transfert est transparente, mais le véritable interêt du film est plus philosophique que psychanalytique. Pionnier des théoriciens du cinéma, Woody Allen invite en filigrane ceux qui s’amusent des frasques de Zelig à s’interroger sur le rôle déterminant joué par le traitement informatique de l'image dans toute oeuvre de cinéma, d’où une modification de la distanciation supposée du spectateur quant au découpage du réel présupposé par la fiction qui se déroule sur l’écran. Zelig est un homme qui tente de s'intégrer dans la société et dont les métamorphoses participent du rite initiatique. Hélas, se faire accepter par la société n’est guère aisé, et le subterfuges mimétiques de Zelig n’y suffiront pas. Le caméléon a beau mimer les autres, il demeure différent d’eux. Celui qui aspire à être comme tout le monde est en fait unique. Et inimitable. S’il ressemble à ses concitoyens in fine, il ne peut s'identifier à eux. Reste que la tentative de Zelig n’est pas inutile : dans tout son être en effet, Leonard Zelig, par sa différence et sa particularité, devient un miroir et montre à la société toutes les facettes qui la composent.

Deux ans de travail, des effets spéciaux bluffants, un montage d'une précision phénoménale. Une oeuvre stupéfiante qui laisse au spectateur bien plus de souvenirs et d'émotions que des films d'une longueur parfois double

Distribution

  • Woody Allen : Leonard Zelig
  • Mia Farrow : Dr. Eudora Nesbitt Fletcher
  • John Buckwalter : Dr. Sindell
  • Patrick Horgan : le narrateur
  • Marvin Chatinover : l'endocrinologue
  • Stanley Swerdlow : un médecin
  • Paul Nevens : Dr. Birsky

Fiche technique

  • Réalisation : Woody Allen
  • Musique : Dick Hyman
  • Image : Gordon Willis
  • Montage : Susan E. Morse
  • Durée : 79 minutes (dont près de 7 minutes de générique final)
  • Format : noir et blanc
  • Dates de sortie : 15 juillet 1983 (USA) ; 14 septembre 1983 (France)
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux