Sommaire (edit)Le cinéma
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Baby Doll est un film américain réalisé par Elia Kazan, sorti en 1956. AnalyseArchie Lee Meighan est un fileur de coton ruiné habitant quelque part dans le Sud des États-Unis. Il a épousé Baby Doll, une femme enfant encore vierge. Il lui presente Silva, un ami sicilien. Ce dernier est en fait venu enquêter sur Archie et se venger de lui, car il le soupçonne d'être un incendiaire. Pour cela, il séduit Baby Doll. Contraiement au livre de Tennessee Williams où Silva fait vivre à Baby Doll sa première nuit d’amour, le film reste au niveau du désir, dont la montée est de plus en plus impétueuse. Mais ce désir ne trouvera jamais à s'accomplir et le film se conclut sur sa frustration. Code Hays oblige (nous sommes en 1956), le film ne comporte aucune scène de sexe et quasiment aucune nudité, ce qui ne l'empêcha d'ailleurs pas de faire scandale, tant Kazan était arrivé à contourner subtilement les exigences de la censure. Aux Etats-Unis, le Time Magazine déclarait même : « fort probablement le film le plus obscène jamais diffusé légalement ». Tout réside ici dans l'art de la suggestion et le réalisateur le maîtrise comme nul autre. Si on ajoute à cela une remarquable mise en scène et une musique qui concourt à point nommé au caractère sulfureux de l'ensemble, on a tous les ingrédients qui rendent raison d'une réussite incontestable. Elian Kazan montre son talent pour filmer les confrontations pleines de violence et d’ambiguïté. Baby Doll est la jeune femme enfant paumée qui s’ennuie et se livre aux regards des hommes. Le mari qui fait des mauvais coups pour subsister et le possible amant tout aussi machiavélique s’affrontent sous la candeur de cette jeune fille qui n’est pas encore devenue femme. Elia Kazan oppose le noir et le blanc, joue avec les gros plans de visages, les symboles sexuels pour mieux créer le trouble. Un cinéma original et sulfureux pour l’époque. Il y a beaucoup de force dans cette adaptation de la pièce de Tennessee Williams, un trio d’acteurs qui semblent toujours à la limite, à la limite de trop charger leur personnage. Elia Kazan filme avec beaucoup de crudité, dans les décors, dans ses cadrages, afin que passe toute la force de cette histoire. Avec le temps, le côté "sulfureux" du film s’est en grande partie estompé ce qui nous laisse avec la possibilité de regarder le film tel qu’il est. Critique de Jacques Doniol-ValcrozeCet amer conte du Sud, Elia Kazan l'a plongé dans un climat fascinant. jamais, peut-être, le cinéma n'avait approché de si près l'atmosphère si particulière qui règne dans une certaine littérature américaine, de Faulkner à Truman Capote en passant par Caldwell. La force de Kazan, c'est de créer une certaine ambiance poétique tout en se ménageant les alibis du réalisme: par exemple, la maison vide et désolée où se déroule l'étonnant ballet Baby Doll-Vacarro ne serait qu'un décor abstrait et gratuit si le début de l'histoire ne nous avait montré comment et pourquoi les déménageurs sont venus enlever tous les meubles. Se refusant la couleur et l'écran large, Kazan a trouvé et maintenu d'un bout à l'autre un style de mise en scène et de jeu que certains peuvent ne pas aimer mais qui est d'une force et d'une efficacité peu communes. Tout est en place, tout est rigueur dans l'ambiguïté et le grincement. Kazan a changé quelque chose dans la façon de jouer des acteurs américains. Directeur d'une école d'acteurs à New York, bénéficiant d'une longue expérience théâtrale, Kazan est évidemment bien placé, mais il a su imposer « ses » acteurs et sa conception du jeu. Avec Orson Welles, il est probablement le meilleur directeur d'acteurs qu'ait connu Hollywood depuis vingt ans. Jacques Doniol-Valcroze, France-Observateur, janvier 1957.
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