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Bloody Sunday (Dimanche sanglant) est un film anglo-irlandais de Paul Greengrass, sorti en 2002

Analyse

Le dimanche 30 janvier 1972, à Derry en Irlande du Nord, Ivan Cooper est l'organisateur d'une marche pacifique pour l'égalité des droits entre catholiques et protestants, mais la manifestation se transforme en émeute et fait quatorze morts. Une journée qui restera à jamais gravée dans les mémoires sous le nom de "Bloody Sunday".

La journée est relatée du point de vue subjectif du personnage d' Ivan Cooper. Ce personnage réel, Ivan Cooper, né en 1944, est un homme politique d'Irlande du Nord et un militant pour les Droits Citoyens en Irlande du Nord. De confession protestante, ses premières implications en politique commencèrent au début des années 1960, quand il devint membre des Jeunes Unionistes. Plus tard, il rejoignit le Parti Travailliste d'Irlande du Nord.

A l'émergence d'une campagne pour les Droits Civils, Cooper s'y liera étroitement et sera actif dans l'organisation de manifestations dans le Derry où il deviendra par la suite Président du Comité d'Actions des Citoyens du Derry (Derry Citizen's Action Committee).

En février 1969, aux élections générales d'Irlande du Nord, il fut élu comme député indépendant à la Circonscription Electorale du Mid-Londonderry . Tout le long de son travail de député, avec les efforts d'autres collaborateurs, Cooper travailla pour essayer d'établir un nouveau groupement parlementaire d'opposition afin de s'opposer au gouvernement Unioniste. Cela finit par déboucher sur la formation du Parti Social Démocrate et Travailliste (SDLP) en août 1970. Il en devint alors l'un des membres fondateurs, et servira le parti comme député à l'Assemblée d'Irlande du Nord de 1970 jusqu'à sa supression en 1972.

Le Bloody Sunday survient lors d’une des marches organisée par l’Association des Droits Civiques d’Irlande du Nord (Northern Ireland Civil Rights Association - NICRA). La NICRA est composée aussi bien de syndicalistes, que de communistes, de nationalistes, de républicains et d’étudiants activistes. Se voulant non confessionnelle et non politique, la NICRA compte dans ses rangs des protestants libéraux, dont Ivan Cooper, mais recrute essentiellement dans la classe moyenne catholique. S’inspirant du mouvement des droits civiques américains, le principal slogan de la NICRA est « un homme, une voix » et son hymne « We shall overcome… », son répertoire d’action comprend notamment la non-violence, les marches, et le sit-in.

C’est pour protester contre l’internement administratif, introduit par le Parlement nord-irlandais le 9 août 1971, que la NICRA décide d’organiser une manifestation pacifique à Londonderry/Derry le 30 janvier 1972. Plusieurs centaines de catholiques ont été ainsi emprisonnés sans procès dans des camps d’internement de l’armée britannique. La NICRA, menée par Ivan Cooper, est déterminée à éviter toute violence entre les différents protagonistes.

L'après midi de ce 30 janvier 1972 la marche organisée par la NICRA doit partir du Central Drive de Creggann pour traverser le Bogside en empruntant le pont qui longe le quartier pour se terminer sur Guildhall Square.

Ce défilé est déclaré par les autorités illégales. Ian Paisley et William Craig mettent en garde le gouvernement de Stormont de la signification insurrectionnelles de la marche et menacent de ne plus contrôler leurs éléments. Cette manifestation sera donc sous haute surveillance.

A l'embouchure de la William Street sont posté une centaine d'hommes de la RUC, et, chose inhabituelle des parachutistes de l'armée britannique sont venus avec leurs blindés leurs prêter main forte. Du coté des manifestants, vers 14 h00 face à ce déploiement de force, des rumeurs circulent sur un éventuel changement de trajet de la marche. A 14 h30 la foule prend de l'ampleur, chacun invite amis, parents et voisins à se rallier au mouvement. L'ambiance est alors bon enfant.

La foule avoisine les 10000 participants lorsque les premiers manifestants passent vers 15 h25 à la hauteur du Bogside Inn (un pub toujours existant) et toute la largeur de William Street, trottoirs compris, est occupé. Les organisateurs de la marche rattrapent le devant du cortège qui se heurte maintenant aux barrages de l'armée et de la police situés à la jonction avec Rossville Street.

Et c'est du haut de la plate forme que les leaders demandent à la foule de se réunir au Free Derry Corner. Presque tous remontent Rossville Street pour rejoindre le lieu où se tiendra le meeting avec Bernadette Devlin. Il commence alors à régner une certaine confusion, une partie de la foule n'a pas connaissance des nouvelles instructions. Seul près d'un millier de personnes suivent la plate-forme, le reste de la marche s'arrête au barrage au cri de " laisser nous passer, c'est notre ville ".

Les premiers témoins comprennent qu'il ne s'agit pas cette fois ci d'une simple répression policière mais bien d'une chasse organisée. De la tribune, les leader appellent au calme et demandent de ne pas répondre à la provocation, dans un même temps ils réalisent que quelque chose d'inhabituel est en train de se produire.

La nouvelle se répand comme une traîné de poudre, l'armée tire à balle réel. La panique se mélange à l'amertume, les blindés chargés de paras font irruption dans Rossville Street. On relèvent 13 morts et 12 blessés graves dont un décèdera.

Ours d'or de Berlin 2002, Bloody Sunday se place comme le seul récit "commun" des évènements du 30 janvier 1972. Trente ans après ce dimanche sanglant, alors que les tentatives de paix entre l'Irlande et l'Angleterre n'ont jamais été autant avancées, Paul Greengrass lance un nouveau débat sur la question en adressant son film autant aux Irlandais qu'aux Britanniques. Utilisant sa caméra comme une loupe, il dissèque les enjeux, les tensions, les incompréhensions et les erreurs des deux parties sans s'engager. Laissant de côté l'esprit militant qui habite généralement les films du genre, il montre à quel point ce triste épisode du conflit irlandais a été une défaite de l'idéalisme qui habitait tous les hommes, femmes, enfants. Il se contente de filmer, de raconter ces événements qui en une seule journée ont fait basculer un conflit séculaire en guerre civile.

Pour donner plus de poids et d'authenticité à leur film, à leur propos, Paul Greengrass et son producteur Mark Redhead ont souhaité faire participer au tournage le plus grand nombre d'habitants de Derry. Le tournage a eu donc la particularité et l'extrême audace de mêler des soldats de l'armée britannique, des anciennes victimes patriotes de tous bords, des Républicains et des Nationalistes, sans oublier les forces spéciales irlandaises, chargées de la sécurité du plateau.

Ainsi, on retrouve parmi les figurants, comme dans les seconds rôles, par exemple les militaires ou les infirmières, des personnes ayant réellement vécu les évènements, s'investissant pleinement, allant même jusqu'à improviser en fonction de leurs souvenirs. Il faut noter également le choix minutieux des quatre acteurs pour les rôles principaux et en particulier celui d'Ivan Cooper, le personnage central du film. Cooper était un membre du parlement protestant, mais bien qu'homme politique, il était à la fois authentique et idéaliste. Il fallait donc un acteur ni catholique, ni ouvrier, ni intellectuel pour incarner cet homme à la tête du mouvement des droit civiques. C'est ainsi que James Nesbitt, issu d'un milieu protestant de la région de Derry, est entré dans l'aventure.

Il en résulte donc un "témoignage historique" d'une grande force, mais cette qualité s'avère être également le seul défaut du film. En effet, de par sa volonté de retracer pas à pas les événements de cette journée et rien d'autre, le film semble par moments n'apporter guère plus que ce que les livres historiques contiennent.

Distribution

  • James Nesbitt : Ivan Cooper
  • Allan Gildea : Kevin McCorry
  • Gerard Crossan : Eamonn McCann
  • Mary Moulds : Bernadette Devlin
  • Carmel McCallion : Bridget Bond (as Carmel Mccallion)
  • Tim Pigott-Smith : Major General Ford
  • Nicholas Farrell : Brigadier Maclellan
  • Christopher Villiers : Major Steele (as Chris Villiers)
  • James Hewitt : Colonel Tugwell
  • Declan Duddy : Gerry Donaghy
  • Edel Frazer : Gerry's girl
  • Joanne Lindsay : Mary Donaghy

Fiche technique

  • Titre : Bloody Sunday
  • Réalisation :Paul Greengrass
  • Scénario : Paul Greengrass
  • Musique originale : Dominic Muldowney
  • Image : Ivan Strasburg
  • Montage : Clare Douglas
  • Durée : 107 minutes
  • Date de sortie : 16 janvier 2002 (Sundance) 30 octobre 2002 (France)

Récompenses

  • Prix du Public - Festival de Sundance (2002) ;
  • Hitchcock d'Or - Festival du Film Britannique de Dinard (2002) ;
  • Ours d'or - Festival de Berlin (2002).
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux