Sommaire (edit)Le cinéma
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Crash est un film canadien de David Cronenberg, sorti en 1996. AnalyseRescapés du même accident de la route, Helen Remington et James Ballard, qui ne se connaissaient pas avant, se retrouveront, plus tard, sur le siège avant d'une voiture : leur étreinte sera rapide et violente.Ils sentent que, désormais, extrême vitesse et tôles froissées serviront d'accélérateur à leur libido sans frein.Ils se lient à une bande de cascadeurs qui reconstituent les « crashes » célèbres, par exemple ceux où James Dean et Jayne Mansfield ont trouvé la mort. Le meneur, Vaughan, les entraîne dans ses jeux érotiques dans des voitures lancées les unes contre les autres et à l'intérieur desquelles les copulations vont bon train : James avec Gabrielle, une accidentée dont le corps, appareillé de métal, n'est qu'une immense plaie, Helen avec Gabrielle, Vaughan avec James. Catherine Ballard se joint à la bande pour retrouver l'orgasme dans les bras de son mari. James et Catherine se lancent dans une course-poursuite et, bientôt, c'est le crash. En sang, Catherine gît sur le bas-côté de la route. James la couvre de baisers, la caresse, l'étreint. Crash a la froideur métallique d'un spéculum qui viole l'intimité, d'un scalpel qui soulève, écarte, découpe des chairs vives puis laisse sur le corps plaies et cicatrices monstrueuses. Dans presque tous les films de David Cronenberg la caméra se livre à ce type d'exploration in vivo : « C'est ce qui vient du corps qui est réel. Je n'arrive pas à concevoir qu'un cinéaste puisse trouver la matière de ses films autre part», affirme le réalisateur à propos de ce film. L'exploration des corps se double d'une exploration du sexe, avec son bistouri de chair et de sang qui, lui aussi, ouvre et pénètre avant d'arracher râles et cris de plaisir semblables aux hurlements de douleur qui montent des amas de tôle et de membres brisés des accidents de la route. L'amour n'est pas une fête dans les films de Cronenberg (Frissons, 1974; Rage, 1976; Faux-semblants, 1988; eXistenZ, 1999). Et l'acte sexuel, son simulacre, n'y est pas autre chose qu'un assouvissement bestial qui passe par des médiations comme le voyeurisme, l'échangisme, le sado-masochisme. Dans Crash il ajoute des perversions toujours plus sophistiquées, comme celles consistant à frotter son corps contre une carrosserie ou à faire l'amour par voiture interposée. Le film est construit sur la répétition mais sur une répétition non-dramatique, non-progressive, sérielle. Il n'y pas d'accélération, pas d'urgence, pas d'affolements, pas d'enjeu qui se révèlerait soudain. Filmer ce qui arrive à la peau déchirée ou caressée, à la chair martyrisée ou excitée, aux entrailles pénétrées par un sexe ou de la tôle froissée, en s'en tenant à une objectivité froide, à une pure extériorité. On peut qualifier paradoxalement la caméra de Cronenberg de douce, si la douceur consiste à filmer le monde (même le pire) sans effraction, d'une caméra caressante, frôlant les plaies, les cicatrices comme si c'était la plus belle peau; si la douceur est cette façon sereine, tranquille, apaisée de recevoir le monde. Un film qui sacrifie le récit à la sensation. Le plaisir n'existe jamais que traversé de douleur, de souffrance, de mise en péril, de marquage de corps, les bleus de Catherine, le tatouage de James, et de confrontation à la mort.
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Credit auteur : Ann.Ledoux
