Sommaire (edit)Le cinéma
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Elle et lui (Love Affair) est un film américain, en noir et blanc, de Leo McCarey, sorti en 1939. Le même Leo McCarey sort un remake en couleur (An affair to Remember) en 1957 AnalyseSur le transatlantique qui ramène le don juan Nickie Ferrante vers sa fiancée, la riche Lois Clarck, il rencontre une jeune fille, Terry Mc Kay dont il tombe éperduement amoureux. Elle doit épouser Kenneth Bradley, un richissime Texan. Mais les circonstances les rapprochent : après avoir vainement tenté de s'éviter, ils tombent amoureux l'un de l'autre et décident de rompre leurs fiançailles respectives. Ils se retrouveront six mois plus tard au sommet de l'Empire State Building, à cinq heures précises. Nickie reprend ses activités de peintre et Terry, ancienne chanteuse, trouve un engagement dans un cabaret à Boston. Le jour du rendez-vous, Nickie, arrivé le premier, attend sur la terrasse du gratte-ciel. Dans la rue, Terry, en retard, commet une imprudence : une voiture la renverse et la blesse grièvement. Sans se douter du drame qui vient de se dérouler, Nickie se croit abandonné. Le temps passe. Terry, paralysée, trouve un emploi de professeur de chant dans une institution pour enfants et Nickie peint pour oublier. Il exécute de mémoire le portrait de Terry. Ils se retrouveront le soir de Noël et c'est grâce à cette toile que Nickie apprendra le mal dont elle souffre et qu'elle s'évertuait à lui cacher. Les amants sont enfin réunis pour le meilleur et pour le pire. «Si tu as réussi à peindre à nouveau, je pourrai remarcher !» s’exclame Terry. Le vrai sujet du film, c'est l'importance et l'influence des sentiments sur le destin des personnages et sur la découverte qu'ils font d'eux-mêmes. A cet égard la scène capitale du film, quoique apparemment en marge de l'action, est celle de la visite à la grand-mère. Là, la triple convergence du sentiment amoureux, né sur le bateau, du sentiment religieux, discrètement abordé dans la scène de la chapelle et du sentiment familial scelle l'union des deux héros et leur ouvre définitivement les yeux sur eux-mêmes. Le film "Love Affair" de 1939, avec Charles Boyer et Irene Dunne a longtemps été considéré comme disparu compte tenu de la mauvaise qualité technique du négatif. Il a cependant été restauré. Ces deux films demeurent parmi les comédies sentimentales américaines élevées au rang de Classique et dont le temps n'arrive pas à altérer la qualité, pour ne pas dire la magie. La trame du film de Tonie Marshall Au plus près du paradis (2002), a été inspirée par Elle et lui. Ce film en comporte d'ailleurs de nombreux extraits, car Catherine Deneuve voit et revoit Elle et lui à intervalles réguliers. Critique de Louis Marcorelles dans les Cahiers du cinéma?, novembre 1957Genre fini, nous assure-t-on, cette «comédie américaine»; a-t-elle même jamais existé en tant que telle, n'est-elle pas le produit d'exégètes en mal de généralisations, va-t-on même jusqu'à insinuer. Ce qui est non seulement ignorer les maîtres du genre, Frank Capra et Leo McCarey, bien sûr, leurs brillants seconds, Tay Garnett, George Stevens, de parfaits artisans comme Norman MacLeod, Elliott Nugent, Mark Sandrich, c'est-à-dire une bonne trentaine de titres, c'est bien davantage méconnaître tout un climat moral propre à l'avant-guerre et une vision du monde aussi achevée que celle qui supporta les grands films révolutionnaires soviétiques, le cinéma français du Front populaire ou le néoréalisme italien de l'immédiat après-guerre. Aujourd'hui, le cinéma américain, miné prématurément par Sturges puis par le film policier noir de 1944-45, ne peut que refléter la décomposition d'une société en proie à l'absurde: Nicholas Ray et Frank Tashlin en témoignent avec assez d'éloquence. Dans ces conditions, le retour de Leo McCarey, toujours fidèle à lui-même, peu soucieux des modes et des humeurs, adaptant sans le moindre effort apparent la technique fuguée de la comédie américaine au Cinémascope, confine au sublime. On découvre que Leo McCarey était plus qu'un faiseur, même génial, que chez lui la rigueur absolue de la forme engendrait une vision du monde originale.
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