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Folies de femmes (Foolish Wives) film américain réalisé par Erich von Stroheim, sorti en 1922.

Le film intégral sur Archive.org

Analyse critique

Un aventurier cynique et libertin, Serge Karamzin, et ses deux " cousines ", Olga et Vera, d'anciennes voleuses à la tire, se faisant passer pour des aristocrates russes en vacances, vivent dans une luxueuse villa de Monte-Carlo dans l'attente de gogos à plumer. Ceux-ci se présentent sous la forme d'un ambassadeur américain, Andrew J. Hughes, et de sa femme Helen.

Karamzin séduit l'épouse par ses flatteries et tente de lui extorquer de l'argent, en prétextant une dette de jeu. Alors qu'il est sur le point d'arriver à ses fins, une femme de chambre jalouse, Maruschka, qu'il a odieusement escroquée et mise enceinte, les surprend et met le feu à la villa. Karamzin s'enfuit, abandonnant la malheureuse Helen au milieu des flammes. Elle est sauvée par son mari, accouru après avoir démasqué les " cousines " et les avoir livrées à la police. Quant à l'incendiaire, elle se jette à la mer.

Insouciant des drames qu'il a provoqués et ignorant l'arrestation de ses complices, Karamzin s'attaque à une nouvelle conquête. Il pénètre de nuit dans la chambre d'une fillette simple d'esprit, Marietta, pour la violer. Mais le père, Ventucci, un faux monnayeur qui a travaillé avec la bande et qui adore sa fille, veille. Au petit matin, nous retrouvons ce dernier traînant le cadavre de Karamzin qu'il jette dans un égout.

Ecrit par Stroheim seul, le tournage dure onze mois, alors que la moyenne des temps de tournage pour l’époque était de six semaines et son coût de production s’élève au final à 750000 dollars. Monte-Carlo a été partiellement reconstitué à Hollywood. Gigantisme, démesure et mégalomanie qui vont le faire se confronter violemment avec ses producteurs, en l’occurrence ici, le jeune, cultivé et talentueux Irving Thalberg qui souhaite même le faire remplacer. Mais sous la menace de brûler les bobines déjà en boîtes s’il mettait sa menace à exécution, Thalberg le laisse poursuivre. Sur les 320 bobines filmées (soit environ 80 heures d’images !!), il ne reste au départ que 5 heures de film lors du premier montage et de la première projection. Thalberg en supprime les deux tiers. A sa sortie sur les écrans, il ne reste qu’à peine une heure et demie de métrage et malgré ça il suscite de violentes critiques jugeant le film comme outrageant et dégradant pour la femme américaine ; il est même boycotté par ‘L’American Legion of Decency’. Tout ceci ne l’empêche pas de remporter un immense succès.

En 2003, la dernière restauration porte la durée à 146 minutes avec restitution des teintes d’origine et ajout de la partition originale au piano de Sigmund Romberg. Il en reste une description de monstruosités morales et physiques prodigués par des dépravés pour dénoncer le pouvoir de l’argent dans un Monte-Carlo se révélant être un lieu apocalyptique peuplé d’individus corrompus et sans scrupules.

La censure ne laissant rien passer, les scènes jugées trop scandaleuses sont retirées du montage final, comme dans d'autres films de von Stroheim. Par exemple, il fut obligé de retirer des séquences trop excessives comme l'éclatement d'un bouton de pus en gros plan, ou encore celle où le comte, habillé en femme, batifole avec les deux princesses. Malgré toutes ces mutilations le film contient tous une volonté d'exorcisme, une charge féroce et visionnaire contre la société qui génère ce mal-être.

Il reste un film démesuré et baroque, d’une charge impitoyable contre un monde dominé par l’hypocrisie, la perversion, le cynisme, l’argent et le sexe d’une noirceur à contre courant du cinéma de l’époque puisqu’elle bannit l’émotion. En effet les victimes ne valent souvent guère mieux que leurs bourreaux ; alors que les ‘monstres’ sont croqués avec relief et panaches, leurs martyrs semblent ternes et peu dignes d’intérêt. Heureusement, le cinéaste possède également une certaine dose d’humour et de dérision qui empêche son film d’être trop morbide : la femme de l’ambassadeur lit un roman intitulé Foolish Wives écrit par … Erich Von Stroheim.

En 2008, le film est rentré dans le National Film Registry pour conservation à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis.

Distribution

  • Erich von Stroheim : Comte Serge Karamzin, Capitaine du 3e Régiment de Hussards de l'Armée Impériale de Russie
  • Maude George : Princesse Olga Petchnikoff
  • Mae Busch : Princesse Vera Petchnikoff
  • Rudolph Christians : Andrew J. Hughes, Ambassadeur des États-Unis à Monaco
  • Miss DuPont : Helen Hughes, la femme de l'Ambassadeur
  • Dale Fuller : Maruschka, la servante
  • Albert Edmondson : Pavel Pavlich, le majordome
  • Cesare Gravina : Cesare Ventucci, le faussaire
  • Malvina Polo : Marietta, la fille du faussaire
  • C.J. Allen : Albert Ier, Prince de Monaco

Fiche technique

  • Titre original : Foolish Wives
  • Réalisation : Erich von Stroheim
  • Scénario : Erich von Stroheim
  • Production : Carl Laemmle pour Universal
  • Photographie : Ben Reynolds et William H. Daniels
  • Montage : Erich von Stroheim
  • Format : Noir et blanc - 1,37:1 - Muet
  • Durée : 117 minutes / 384 minutes (durée originelle) / 140 minutes (Ontario) *
  • Date de sortie : 11 janvier 1922
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux