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La Dolce Vita, sorti initialement en France sous le titre La Douceur de vivre, film italo-français de Federico Fellini, sorti en 1960.

Analyse critique

La dolce vita est composé d'une série d'épisodes en apparence déconnectés. La structure du scénario n'est pas sans rappeler celle des films à sketches chers au cinéma italien et auxquels Fellini a lui-même eu recours plusieurs fois. Situé à Rome dans les années 1950, le film suit, sur ce mode apparemment décousu, les pérégrinations de Marcello Rubini, un jeune provincial aux aspirations littéraires devenu chroniqueur dans un journal à sensations.

La longueur du film (2 h 46) empêche souvent d'en percevoir, à la première vision, le caractère extrêmement structuré. À travers des tableaux connectés par la présence de Marcello et de quelques autres personnages-clés (Pierotto, Paparazzo), Fellini explore systématiquement, en faisant appel à sa propre biographie, les choix existentiels qui s'offrent à un jeune homme doué : le mariage et la famille, la foi, les exigences de l'intellect, la facilité de l'hédonisme. Sans porter de jugement, le film évoque la face obscure et la face claire de chacun des parcours possibles, laissant finalement Marcello devant le choix de l'innocence ou de la déchéance.

Cette exploration se déroule en 12 étapes, précédées par un prologue et conclues par un codicille.

  • Prologue — Une statue du Christ destinée au Vatican est transportée par hélicoptère au-dessus de Rome.
  1. Le travail de Marcello — Marcello et son photographe ont suivi un couple dans un restaurant. On comprend qu'il travaille pour un journal à scandales. Il y retrouve Maddalena une grande bourgeoise désœuvrée.
  2. Les plaisirs pervers — Maddalena et Marcello quittent le cabaret et traînent dans Rome. À l'instigation malsaine de Maddalena, ils raccompagnent une prostituée en banlieue et se font prêter sa chambre pour y faire l'amour. À l'aube, Emma, la compagne délaissée de Marcello, a fait une tentative de suicide. Marcello la découvre et la transporte à l'hôpital.
  3. La femme — Sylvia , une star américaine, arrive à Rome. Cette séquence se divise en six tableaux : l'arrivée à l'aéroport, la visite au Vatican, l'interview, la fête dans les ruines, la promenade nocturne, la fontaine de Trevi. D'abord entouré d'une foule de confrères journalistes et photographes, Marcello, à la fois envoûté et calculateur, manœuvre pour se trouver, finalement, seul avec la star. Le jour se lève sur la scène mythique de la Fontaine de Trevi et l'aube dissipe le rêve de la « vie inimitable ».
  4. La force de l'intellect — Cette séquence est la première apparition du personnage de Steiner. On comprend qu'il a connu Marcello en d'autres temps, à un moment où celui-ci avait des ambitions littéraires. Marcello, fourvoyé dans le journalisme à scandale, supporte mal le reproche muet de cette personnalité qui lui a sans doute été un modèle.
  5. Les mirages de la foi — Le travail de Marcello l'appelle hors de Rome, sur les lieux d'un prétendu miracle : deux enfants, manipulés par une famille peu scrupuleuse, attirent les foules en simulant des apparitions de la Vierge. Après la montée de la ferveur, le jour se lève sur l'escroquerie et la détresse des croyants trompés.
  6. Les labyrinthes de l'intellect — Marcello et Emma sont invités à une soirée chez Steiner. Triée sur le volet, la compagnie rivalise d'intelligence pour le seul plaisir de la joute intellectuelle. À Marcello qui lui demande conseil, Steiner révèle ses propres doutes et sa crainte du chaos tenu en respect par une fragile sérénité.
  7. L'innocence entrevue — Retiré dans un petit restaurant de plage du littoral romain (l'Arcobaleno), Marcello essaye de reprendre l'écriture. Il est distrait par le va-et-vient de la serveuse, une très jeune fille qui incarne l'innocence et la pureté.
  8. La jeunesse enfuie — De retour à Rome, Marcello retrouve son père, de passage en ville. Celui-ci entraîne Marcello sur les traces de sa jeunesse, dans un cabaret qu'il a jadis fréquenté. Ils en sortent aux petites heures, le père de Marcello au bras de Fanny (Magali Noël), une danseuse qu'ils raccompagnent chez elle. L'aube se lève sur un malaise qui rappelle le vieil homme à la réalité.
  9. La décadence — Entraîné par Nico (dans son propre rôle), une jeune femme qu'il a connue lorsqu'elle était mannequin, Marcello se joint à un groupe d'aristocrates dégénérés qui investissent un château de la campagne romaine pour une fête décadente. Marcello croit y avoir retrouvé Maddalena. Après une fin de partie dans un pavillon délabré, l'aube trouve les invités défaits et avilis.
  10. L'amour captatif — Sur une route de nuit, Marcello et Emma se disputent dans une voiture arrêtée. Il la chasse. À l'aube, il revient la chercher.
  11. L'absurdité de l'intellect — Son travail amène Marcello à être informé le premier du suicide de Steiner. Il se rend chez lui et examine la scène avec la police : Steiner s'est donné la mort après avoir tué ses deux enfants.
  12. La déchéance — Marcello et un groupe de noctambules investissent une villa du bord de mer pour y terminer la soirée par une orgie. Interpellé par des invités sur ses ambitions littéraires passées, Marcello revendique le choix de la déchéance.
  • Codicille — Chassés de la villa à l'aube, les noctambules se retrouvent sur la plage, où les pêcheurs hissent un filet où agonise un monstre marin. Après avoir contemplé longuement l'œil glauque du monstre, Marcello entend une voix l'appeler. C'est la jeune fille du restaurant Arcobaleno qui l'interpelle. Séparé d'elle par l'embouchure d'une petite rivière, Marcello préfère prétendre ne pas la comprendre et lui tourne le dos pour rejoindre le groupe des noctambules. Le film se termine sur un gros plan du visage de la jeune fille.

Son style évoque Luis Buñuel, comme lui il décrypte les pulsions contradictoires, la décadence des mœurs mais ne porte pas de jugement, à l'image de Marcello, témoin le plus neutre possible et du jeu de Mastroianni, minimaliste.

En dépit du mouvement permanent du film, rien ne semble bouger. Fellini déclare: "Je prends la température d’un monde malade; mais si le mercure indique 40°C au début du film, il en indique également 40°C à la fin. Rien n’a changé".

Les personnages répètent les mêmes actions, s’enferrent dans des modes de fonctionnement. A force d’en avoir trop vu, ils regardent sans voir, tel, à la fin du film, l’atroce poisson échoué sur le rivage qui contemple d’un œil mort l’immensité du ciel.

Le film n’offre pas au spectateur de personnages auquel il pourrait s’identifier tant Fellini aime nous mener par la main dans son labyrinthe cinématographique. Le film peut être considéré comme une espèce de voyage une Rome imaginée ( le film a été entièrement tourné en studio), voyage ponctué selon les moments du film par la musique, visible à l’écran par l’entremise de musiciens jouant de leurs instruments, que celle-ci soit Rock, Jazz ou bien Musique de Chambre.

La dolce Vita a provoqué des réactions violentes à sa sortie. Le succès auprès du public ne fût pas immédiat mais ample et profond. Par contre l'Église, qui avait apprécié La Strada (1954) pour sa thématique de la rédemption, lança ses foudres contre le film, menaçant d'excommunier l'équipe du film et même les spectateurs.

Et pourtant jamais Fellini ne montre de complaisance envers ses personnages décadents et seuls les aspects les moins nobles de la religion sont attaqués, comme ce culte populaire des miracles qui confine à la superstition.

Ce film a fortement influencé à la fois la société et les acteurs:

  • La dolce vita a remplacé le titre français "La douceur de vivre"et est même devenue une expression courante en français.
  • La Via Veneto, entièrement reconstituée en studio, va s'efforcer de ressembler à son modèle fellinien, large et plate
  • Mastroianni, qui n'était au début pas prévu pour le rôle (dévolu à Paul Newman) est devenu l'acteur fétiche et le double de Fellini.
  • Lex Barker, qui joue le rôle d'un acteur américain ringard ayant joué Tarzan avit effectivement joué ce rôle à 5 reprises entre 1949 et 1953, dont Tarzan and the She-Devil de Kurt Neuman
  • Anita Ekberg, ex-Miss Suéde apprécia à ce point l'Italie qu'elle y poursuivît sa vie.
  • Un jeune musicien, Adriano Celentano, voit sa carrière lancée par le film.
  • Et enfin le photographe Paparazzo, qui passe son temps à harceler les vedettes, a donné son nom à tous les "paparazzi" du monde.

Distribution

  • Marcello Mastroianni : Marcello Rubini
  • Anita Ekberg : Sylvia
  • Anouk Aimée : Maddalena
  • Yvonne Furneaux : Emma
  • Magali Noel : Fanny
  • Alain Cuny : Steiner
  • Annibale Ninchi : Père de Marcello
  • Walter Santesso : Paparazzo
  • Valeria Ciangottini : Paola
  • Riccardo Garrone : Riccardo
  • Ida Galli : Débutante de l'année

Fiche technique

  • Titre original : La Dolce Vita
  • Réalisateur : Federico Fellini
  • Scénario : Federico Fellini, Tullio Pinelli, Ennio Flaiano, Brunello Rondi, Pier Paolo Pasolini
  • Musique : Nino Rota
  • Photographie : Otello Martelli, assisté d'Ennio Guarnieri et Arturo Zavattini
  • Montage : Leo Cattozzo
  • Producteurs : Giuseppe Amato, Angelo Rizzoli
  • Sociétés de production : Riama Film (Italie), Pathé Consortium Cinéma (France), Gray-Film (France)
  • Format : noir et blanc
  • Durée : 172 min
  • Dates de sortie : 5 février 1960 en Italie
    • 11 mai 1960 , Festival de Cannes, France

Distinctions

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux