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La Maladie de Sachs est un film réalisé par Michel Deville, sorti en 1999.

Analyse

Dans la salle d’attente du Docteur Bruno Sachs, les patients souffrent en silence. Dans le cabinet du Docteur Sachs, les plaintes se dévident, les douleurs se répandent. Il y a celui qui se plaint du kiné que vous lui avez conseillé. Celle que vous appelez « Euhlamondieu », parce que cette expression parsème sa litanie de plaintes et de récriminations. Celui qui vous demande du gel anesthésique « parce que... euh... c'est délicat à expliquer, mais ma femme, elle aime beaucoup ça. Pas le gel anesthésique. Bref, on fait ça deux, trois fois dans la journée, alors, forcément il y a des fois où ça me chauffe terriblement ». Il y a celle qui n'arrive pas à se décider à venir vous voir et qui, lorsqu'elle se décide, recule devant le nombre de patients dans votre salle d'attente (« C'est bien ma veine », dit-elle alors). Il y a celui qui vous remercie d'avoir donné à sa femme agonisante quinze jours d'espoir, quinze jours qu'il n'oubliera pas. Il y a celle qui n'a rien mais qui a besoin de parler, qui vous raconte sa vie avec un homme marié et qui pleure, qui pleure, et qui s'excuse de pleurer, sans pouvoir s'en empêcher.

On vient pour tout, on se confie. Le docteur semble toujours disposé et attentionné. Dans le village, le personnage est un mystère et on glose sur sa vie privée, on observe ses allées et venues. Quand ça ne va pas, tel un maniaque auquel, s'il était le client, il donnerait des antidépresseurs, il écoute pendant de longues secondes le tic-tac d'une montre. Ou alors, la tête sur le volant, les premières mesures d'un morceau de Jean-Ferry Rebel, découvert à la radio. Il a pour nom Le Chaos. Un vieux cliché prétend les psys aussi cinglés que leurs clients. Ce qui est sûr, c'est que le docteur est, de toute évidence aussi malade que ses patients. Le mal s'appelle la « maladie de l'humain », et si ce n'est pas mortel, c'est quasiment inguérissable. On plonge son regard dans la souffrance des autres et on n'en voit plus le bout.

Sur des feuilles et des cahiers, Bruno Sachs déverse les plaintes de ceux qu’il soigne. Mais qui soigne la maladie de Sachs ? Étant entendu que la maladie de Sachs c’est, très certainement, additionnées à longueur d’année, de celles de ses patients, parents, amis. Personne, bien sûr, ne peut soigner ça.

Le film est assez fidèle au roman fleuve de Martin Winckler (lui-même médecin émérite) et atteint à peu près les mêmes objectifs. Décrire tout à la fois le quotidien des patients et celui du médecin, dans le même mouvement, au même rythme, comprendre celui qui soigne comme lui-même comprend ses malades au point de vivre leurs souffrances réelles ou imaginaires. Mais il n’est pas de souffrances totalement imaginaires.

Dénué de complaisance, de sentimentalisme, Deville filme avec ces mouvements de caméra rapides qu'il aime, ces petits panoramiques verticaux ou latéraux, ce sens du rythme, de l'ellipse, du raccourci. Il a stylisé ce qui aurait pu sombrer dans le réalisme le plus effrayant, voire le naturalisme. Notamment grâce à une scène à la lisière du pur fantastique qu'interprète Dominique Reymond, la dévouée et magnifique secrétaire. Et c'est la poésie d'un Giraudoux qu'il a fait surgir avec la tirade de Viviane, la serveuse du café, envieuse et amoureuse.

Le film est un témoignage sur l’état de la médecine en France aujourd’hui, du côté du médecin comme de celui de ses malades et aussi une réflexion, un pamphlet, un portrait, une comédie humaine riche et contrastée.

Distribution

  • Albert Dupontel : Docteur Bruno Sachs
  • Valérie Dréville : Pauline Kasser
  • Dominique Reymond : Madame Leblanc
  • Etienne Bierry : Monsieur Renard
  • François Clavier : Docteur Boulle
  • Nathalie Boutefeu : Viviane, la serveuse
  • Philippe Lehembre : Monsieur Guilloux
  • Marianne Groves : La voisine d'en face
  • Lucienne Hamon : Madame Sachs (la mère)
  • Marie-France Santon : Madame Borgès
  • André Thorent : Monsieur Guénot
  • Pierre Diot : L'homme au gel anesthésique

Fiche technique

  • Titre : La Maladie de Sachs
  • Réalisation : Michel Deville
  • Scénario : Michel Deville et Rosalinde Deville d'après l'œuvre homonyme de Martin Winckler, publié en 1998
  • Musique originale : Jean-Ferry Rebel
  • Photographie : André Diot
  • Durée : 103 minutes
  • Date de sortie : 22 septembre 1999
  • Prix Méliès du meilleur film français.

Source: Wikiafilm:La_Maladie_de_Sachs

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux