Sommaire (edit)Le cinéma
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La Vie et rien d'autre, film français de Bertrand Tavernier, sorti en 1989 AnalyseLe film se situe en novembre 1920. La Première Guerre Mondiale est achevée depuis deux ans. La France panse ses plaies et se remet au travail.Le conflit s’est interrompu, mais les plaies profondes qu’il avait ouvertes ont demeuré, béantes, dans les périls d’une terre ravagée, dans les meurtrissures d’une chair mutilée, ou dans les tourments d’une mémoire traumatisée. Dans sa voiture avec chauffeur, Irène, une grande bourgeoise parisienne part à la recherche de son mari, porté disparu au front, fait le tour des hôpitaux militaires où sont encore soignés les blessés de guerre. Sa route croise une première fois celle du commandant Dellaplane, qui dirige le Bureau de recherche et d'identification des militaires tués ou disparus, et qui la choque par son franc-parler. Perrin, un collègue du commandant, est pour sa part chargé de dénicher la dépouille d'un soldat inconnu, qui sera enseveli au pied de l'Arc de triomphe. Dellaplane apporte aussi son aide à Alice, une jeune institutrice qui a perdu son fiancé. Irène, Alice, le commandant se croisent, s'affrontent et finalement apprennent à se connaître. Bertrand Tavernier n’avait jamais traité frontalement la question de la guerre. C’est la lecture d’un ouvrage de Didier Daeninckx, Le Der des ders, qui l'inspire. Entamant des lectures complémentaires autour du sujet, il sollicite Jean Cosmos, auteur pour lequel il a un grand respect, qui a depuis longtemps délaissé le cinéma pour la télévision mais qui avait effectué des recherches sur des sujets voisins. Ensemble, ils écument les archives, recensent les documents et découvrent les béances d’une histoire tue, celle d’un oubli délibéré. Bertrand Tavernier tente la résurrection d’une population enfouie, enterrée par l’histoire institutionnelle, et par des autorités politiques ou militaires qui avaient intérêt à minimiser l’ampleur du drame démographique. Mais Bertrand Tavernier connait de grandes difficultés pour tourner son film, financement, absence de coopération de l'Armée française. Il se heurte aux dérives de la commémoration mémorielle telle qu'on a pu l'observer au fur et à mesure du XXème siècle. Les autorités ont progressivement imposé sa façon d'honorer les événements historiques et leurs morts, dans un cadre solennel, impersonnel, glorifiant l'héroïsme absolu. L'exemple de la désignation du Soldat Inconnu, dont Tavernier et Cosmos reconstituent ici le processus jusqu'à mettre dans la bouche des comédiens les mots exacts prononcés lors de la cérémonie du 10 novembre 1920, est à cet égard emblématique. La démarche des auteurs du film est à l'exact opposé et par le biais du personnage du Commandant Dellaplane, ils entreprennent de redonner à chaque disparu sa singularité et sa dignité individuelle. Ils se concentrent, narrativement, sur quatre quêtes, trois d'entre elles s'entremêlent, en allant symboliquement de l'inconnu vers le connu : celle, globale, de Dellaplane ; celle d'Irène pour son époux ; celle d'Alice pour son amant. Mais la quatrième, traitée de façon parallèle, va à rebours et montre le Capitaine Perrin cherchant, selon les directives de son Etat-Major, à effacer toute trace de connu pour dénicher l'inconnu parfait. Alors que les producteurs ne voulaient a priori pas du film, celui-ci attire les foules, et sera l'un des plus importants succès publics de Bertrand Tavernier. Il vaut à Philippe Noiret son deuxième César du meilleur acteur. Distribution
Fiche technique
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