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Le Cameraman est un film américain de Edward Sedgwick et Buster Keaton sorti en 1928.

Analyse

À Los Angeles, Luke est photographe et réalise des tintypes. Dans un mouvement de foule, il tombe amoureux de sa voisine: il la suit et constate qu'elle travaille auprès de la MGM dans le service des nouvelles. À l'instar du cameraman Harold, qui par ailleurs flirte avec la jeune femme, Sally, il se sent capable d'en faire autant et achète à cet effet une vieille caméra d'occasion.

Sally lui indique en cachette qu'il va y avoir des évènements à filmer dans Chinatown. Luke s'y rend et filme la fête puis les bagarres de clans qui s'en suivent. Non seulement il recueille un petit singe savant mais en plus il échappe aux chinois qui veulent le trucider. À la projection à la MGM, le film n'a rien enregistré et Luke est ridiculisé.

Il ne se décourage pas pour autant: le lendemain il va filmer une course de bateaux à laquelle Sally et Harold assistent également. Le bateau de ceux-ci chavire et Sally risque sa vie au milieu des eaux, menacée par le bateau qui tourne sur lui-même sans pilote. Harold sauve sa peau pendant que Luke, alors sur la rive en train de filmer, va porter secours à Sally. Un malentendu laisse croire à celle-ci que c'est Harold qui l'a sauvée, et celui-ci en profite. Par inadvertance, Luke se rend compte que le singe avait caché une bobine de film.

Les responsables des nouvelles de la MGM, en présence des très amoureux Sally et Harold, prennent connaissance d'un film envoyé par Luke: on peut d'abord y voir d'excellentes images des combats de rue entre chinois et ensuite l'accident de Sally et Harold ainsi que le sauvetage de celle-ci par Luke, car le singe avait continué à filmer la scène. Sally jette Harold et se jette dans les bras de Luke qui est engagé à la MGM.

La construction du personnage de Keaton est le fruit de l’exploitation d’une contradiction fondamentale. Celle qui oppose un physique ingrat voire médiocre de gringalet à celui d’un acrobate hors pair doté de stupéfiantes capacités physiques, aptes à des exploits sportifs dignes des plus grands champions. Le génie de Keaton consiste à ne pas jouer de cette contradiction pour en tirer des effets faciles, mais au contraire, de s’accepter entièrement tel qu’il est. Le personnage se conçoit en tant qu’unité parfaite, comme un seul bloc.

La représentation de l’amour que nous offre Keaton est curieuse. Elle semble dépourvue de tout affect, indifférente à l’émotion. Si le rire est exclu de son personnage les larmes le sont encore plus. Aucune tristesse, aucune joie, seul le devoir. Un homme doit décider qu’il est amoureux d’une femme, s’y tenir mordicus au prix de multiples prouesses, afin de l'épouser comme on le voit souvent dans ses gags finaux. Il s’agit d’obéir aux lois élémentaires de la nature qui fondent les lois évidentes d’une bonne société, sûre d’elle, sans complexe et dont les valeurs ne peuvent être que justes puisqu’elles prennent racine dans l’évidence apparente du fonctionnement du monde.

Keaton est l' incarnation parfaite du rêve américain. Il a l’esprit de réussite chevillé au corps. Il lui est d’échouer. En conséquence, par nécessité vitale, il déploie une énergie farouche, fougueuse et brouillonne, qui le pousse obstinément à se montrer inventif. Les objets auront beau manifester une résistance acharnée, il les soumet à sa volonté, les oblige à le servir, mieux, il les détourne à son profit. Il les crée à nouveau. Il y a quelque chose d’inhumain dans son personnage qui l’oblige à se métamorphoser en une redoutable machine. Le monde appartient à ceux qui l’affrontent, proclame l’idéologie américaine. Keaton, en est la plus exemplaire illustration. Par inversion radicale, par antiphrase, il est l’anti-modèle qui devient, in fine, supérieur au modèle même. Tel est l’absurde résolument logique auquel aboutit sa démarche.

Distribution

  • Buster Keaton : Luke Shannon
  • Marceline Day : Sally Richards
  • Harold Goodwin : Harold Stagg

Fiche technique

  • Titre original : The Cameraman
  • Titre alternatif: L'Opérateur
  • Réalisation : Edward Sedgwick, Buster Keaton (non mentionné au générique)
  • Scénario : Clyde Bruckman, Lew Lipton pour l'histoire, Joseph Farnham (intertitres)
  • Image : Reggie Lanning, Elgin Lessley
  • Montage : Hugh Wynn
  • Production : Buster Keaton pour la MGM
  • Pays : États-Unis
  • Durée : 67 min
  • Format : Noir et blanc - film muet
  • Date de la sortie américaine : 22 septembre 1928
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux