Recherchez sur ce site

Sommaire (edit)

Le cinéma

Liens

Développé grâce à: pmwiki.org

Changements Récents Version imprimable Edition

Le Silence des agneaux , film américain, réalisé par Jonathan Demme?, sorti en 1991.

Analyse

Clarice Starling est une jeune et brillante stagiaire du FBI à Quantico en Virginie. Ses compétences sont repérées par Jack Crawford, chef du département des sciences du comportement. Le département est sur la brèche dans le cadre de l'enquête sur Buffalo Bill, tueur en série qui découpe la peau du dos de ses victimes.

Jack Crawford envoie Clarice auprès du Dr Hannibal Lecter alias « Hannibal le Cannibale », éminent psychiatre anthropophage emprisonné depuis 8 ans dans une cellule de très haute sécurité de l'hôpital psychiatrique de Baltimore dirigé par le Dr Chilton. Jack Crawford espère que Clarice pourra en retirer des informations capitales sur Buffalo Bill.

Hannibal l'oriente d'abord vers un entrepôt où elle découvre la tête de Benjamin Raspail, première victime de Buffalo Bill. Hannibal connaît l'identité de Buffalo Bill qui lui avait été présenté par Benjamin Raspail, un de ses anciens patients. Il marchande des indices à Clarice à condition qu'elle accepte de se prêter à des séances d'analyse. Bien qu’on l’ait mise en garde de ne rien révéler de personnel à Hannibal, Clarice se prête à ces délicates séances en échange du jeu de pistes communiqué par Lecter.

Pendant ce temps Buffalo Bill a kidnappé la fille du sénateur Martin. Dans l'urgence, afin qu'Hannibal lui révèle enfin l'identité du tueur, Clarice lui fait une offre bidon au nom du sénateur (une cellule avec une vue au lieu de son cachot de Baltimore avec le droit de se promener et de se baigner sous haute surveillance, une semaine par an, sur une plage). Mais le docteur Chilton, qui espionne jalousement les conversations de Clarice et de Lecter, en fait part au sénateur qui fait une contre-proposition à Hannibal. Il est alors transféré à Memphis où il donne de fausses informations au sénateur. Clarice parvient à l'approcher à Memphis et il lui fournit de précieux indices à l'issue de « son analyse » qui semble la valoriser à son regard de psychiatre. Puis Lecter parvient à s'échapper de sa nouvelle prison après avoir massacré ses deux gardiens.

Les indices du Dr Lecter permettront à Clarice de trouver Buffalo Bill (qui utilisait la peau de ses victimes pour se confectionner des vêtements), de l'abattre en sauvant ainsi Catherine Martin alors que Jack Crawford et son équipe étaient sur une mauvaise piste.

Pendant ce temps le Dr Lecter est parti aux Bahamas où il a suivi son ennemi juré, le Dr Chilton, son prochain repas.

Le film est inspiré d'une trilogie écrite par Thomas Harris ; les deux autres romans ayant également été adaptés au cinéma : Dragon rouge qui se déroule avant Le Silence des agneaux et Hannibal qui en est la suite. Il existe aussi une version antérieure de Dragon rouge, Le Sixième Sens.

Plus de quinze ans après sa sortie, l’œuvre a gardé toute la puissance de ses effets ou plutôt de son atmosphère angoissante qui va crescendo. Jonathan Demme a pris le parti de suivre de très près le roman de Thomas Harris et de n’y rien rajouter sinon son talent de cinéaste. Donc pas d’histoire d’amour collée susceptible de nous distraire de cette plongée dans les abysses de l’âme humaine recelant autant de traumas que de terreurs et d’autres monstruosités.

Demme se concentre sur le face à face Starling / Lecter, pierre angulaire du film. Comme dans les contes de notre enfance, Clarice va devoir affronter des monstres. Ce ne sont plus ces ogres fantasmagoriques de la littérature enfantine mais des êtres de chair et de sang bien plus terrifiants comme le sont aussi les cauchemars de son enfance toujours bien vivants. Comme le Petit Poucet qui retrouvait son chemin en suivant ses petits cailloux, Clarice va suivre les indices de « l’ogre Hannibal » en même temps qu’il va « évaluer » si elle est digne de la psychanalyse qu’il lui « offre », ce cadeau pouvant aussi bien se révéler empoisonné comme la pomme de la sorcière ou bénéfique comme la citrouille de la fée en fonction de la spiritualité (ou de la dignité) de l’héroïne. Toujours comme dans les contes, Clarice va devoir passer des épreuves qui décideront de son sort… Savoir si elle sera dévorée ou bien si elle deviendra princesse… Au final, on comprend qu’elle a gagné l’estime de l’ogre parce qu’elle a réussi les épreuves qu’il lui imposait et qu’il « sent littéralement » (et il la touche du doigt au travers des barreaux) qu’elle est à présent devenue assez forte pour (enfin) affronter cet autre monstre qui a pour surnom Buffalo Bill…

Le soin qui a été apporté à la photo volontairement sous-exposée, comme celui s’astreignant à éradiquer costumes ou fioritures risquant de nous égayer un instant, sont remarquables (Clarice-Foster est constamment habillée couleur vert-de-gris et on a assombri sa chevelure afin qu'elle ne soit pas trop lumineuse). Tout à été conçu par Demme pour descendre toujours plus profondément dans un monde où suinte l’ennui comme à « Belvédère » dans l’Ohio… C’est la morose accalmie annonciatrice, comme l’est le silence avant la tempête, de l’épreuve finale. Clarice va, au sens propre comme au figuré, s’enfoncer dans les tréfonds d’une cave symbolisant cette âme humaine cachant dans ses coins et recoins autant d’horreurs et de peurs que notre cerveau a de neurones…

Clarice devient elle-même un peu monstrueuse, comme si elle héritait des dons d’Hannibal. Lorsqu’il s’échappe de sa prison, elle « sait déjà », et elle le confie à son amie Ardelia, qu’elle n’a rien à craindre de lui… Lors des toutes dernières séquences, elle garde pour elle-seule son entretien téléphonique avec Hannibal en regardant s’éloigner Crawford, son supérieur, qui l’a déçue à plusieurs reprises et elle sait qu’elle doit sa promotion plus à Hannibal qu’à son patron, son estime ne peut donc aller qu’à une seule personne.

Les deux acteurs, justement récompensés, tiennent de bout en bout le film sur leurs épaules… Qu’ils aient eu, chacun à leur façon, la préscience de ce qu’il fallait faire appartient au mystérieux sixième sens du comédien. On sait combien Jodie Foster s’est battue pour le rôle et que c’est elle qui a convaincu Demme d’ajouter cette séquence d’entraînement au début du film, comme si Clarice était soit « poursuivie », soit la « poursuivante » de quelque chose.

Lorsque Jonathan Demme s'empare du projet, il décide de faire appel à Hopkins, jusque là cantonné au répertoire shakespearien. Demme l'admire depuis « The Elephant Man » de David Lynch, dans lequel Hopkins incarnait le docteur Treves. Lorsque l'acteur s'étonne de la comparaison entre Lecter et Treves, qui était un homme profondément humain, Demme lui répond: "C'est exactement comme ça qu'il faut imaginer Lecter". Ce personnage ainsi que son interprétation est certainement un élément clé de la qualité et du succès de ce film. On se souviendra longtemps d’Anthony Hopkins, toutes babines retroussées, et de ses « ssssllluppps » d’ogre destinés à tester Clarice de l’autre côté de la paroi de plexiglas et de leurs reflets juxtaposés sur les invisibles murailles de l’indicible.

Derrière un bon scénario, un riche dessin des personnages donc, comme souvent dans les très grands films. Jonathan Demme, ici plus que jamais marche sur les traces de ceux qu'il a adorés : Hitchcock et Lynch, dans leur maîtrise totale des codes cinématographiques de narration.

Jonathan Demme déclare : « Dans la plupart des films le héros est un homme. En faisant du héros une femme, on fait quelque chose de différent, et le simple fait d'être différent est un plus. Vous vous éloignez du cliché. Les femmes sont considérées comme étant vulnérables. Or, en mettant une personne vulnérable dans une situation qui nécessite de l'autorité, on obtient une très forte dynamique émotionnelle".

Distribution

  • Jodie Foster? : Clarice Starling
  • Anthony Hopkins? : Hannibal Lecter
  • Scott Glenn : Jack Crawford
  • Ted Levine : Jame Gumb Buffalo Bill
  • Anthony Heald : Dr Frederick Chilton
  • Diane Baker : Le sénateur Ruth Martin
  • Kasi Lemmons : Ardelia Mapp
  • George A. Romero : L'agent du FBI à Memphis
  • Chris Isaak : Un soldat du commando
  • Brooke Smith : Catherine Martin
  • Frankie Faison : Barney
  • Lawrence T. Wrentz : L'agent Burrows
  • Don Brockett : Le psychopathe amical
  • Stuart Rudin : Miggs

Fiche technique

  • Titre : Le Silence des agneaux
  • Titre original : The Silence of the Lambs
  • Réalisation : Jonathan Demme?
  • Scénario : Ted Tally, d'après le roman homonyme de Thomas Harris
  • Directeur de la photographie : Tak Fujimoto
  • Opérateurs : Tony C. Jannelli, Bruce MacCallum
  • Musique originale : Howard Shore
  • Décors : Kristi Rea, Karen O'Hara
  • Direction artistique : Tim Galvin
  • Ingénieurs du son : John Fundus, Skip Lievsay
  • Montage : Craig McKay
  • Producteurs : Kenneth Utt, Edward Saxon, Ronald M. Bozman
  • Société de production : Orion Pictures Corporation
  • Durée : 118 minutes
  • Dates de sortie : 30 janvier 1991 aux USA; 10 avril 1991 en France

Récompenses

  • Oscar du meilleur film, Oscar du meilleur réalisateur? (pour Jonathan Demme), de la meilleure adaptation, de la meilleure actrice (pour Jodie Foster) et du meilleur acteur (pour Anthony Hopkins)
  • Ce film est l'un des rares à avoir reçu les 5 oscars principaux à Hollywood avec Vol au-dessus d'un nid de coucou et New-York-Miami

Source

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux