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Les Aventures de Robin des Bois est un film américain de Michael Curtiz et William Keighley (The Adventures of Robin Hood) sorti en 1938. AnalyseEn l'an 1191, le roi Richard Cœur-de-Lion, parti pour les Croisades, a été fait prisonnier par Léopold d'Autriche, qui demande un million d'écus de rançon. Mais à la Cour de Nottingham, son frère, le prince Jean, qui s'est assuré la complicité du seigneur Guy de Gisbourne, tient à garder le pouvoir. Robin de Loxsley, archer de grande valeur, se refuse à reconnaître l'autorité de l'usurpateur. Recherché activement, il se réfugie dans la forêt de Sherwood avec quelques compagnons dont Petit-Jean, Willy l'Écarlate et Frère Tuck. Ensemble, ils recrutent des hommes fidèles à Richard et organisent la résistance. Les révoltés font prisonnier Gisbourne et sa suite venus récolter les impôts. Robin décide d'envoyer le butin ainsi recueilli en Autriche, pour payer la rançon de Richard. Ce geste lui attire la sympathie de Lady Marian, qui accompagnait Gisbourne. Peu après, enfin libéré, le roi Richard refait son apparition. Avec l'aide de Robin, il parviendra à récupérer son trône, tandis que Gisbourne sera tué en duel. Le prince Jean sera condamné à l'exil et Robin, promu baron, épousera Marian avec la bénédiction du roi. Remake du remarquable Robin des Bois (Robin Hood, 1922) d’Alan Dwann avec Douglas Fairbanks, ce film apparaît comme la quintessence du grand cinéma hollywoodien. C’est un spectacle total, magique, l’étalon-or du film d’aventures. Son scénario, qui nécessita plusieurs moutures, fut sciemment organisé autour de sept morceaux de bravoures : l’apparition insolente de Robin au château de Nottingham, son duel amical avec Petit Jean près de la rivière, sa rencontre avec frère Tuck, l’attaque du convoi de Sir Guy, le tournoi de la flèche d’or où Robin est capturé, la libération de Robin sur la potence et la bataille finale avec le duel entre Robin et Sir Guy. Les scènes d’action, tournées à l’origine par William Keighley, ont été retouchées par Michael Curtiz après qu’il l’eut remplacé après deux mois de tournage (reproche avait été fait à Keighley de manquer de vigueur dans sa réalisation). C’est bien à Curtiz, en revanche, que l’on doit toutes les scènes d’intérieur aux fabuleux contrastes. Ce film est le second parmi les dizaines d'adaptation du mythe, mais il a marqué l'histoire du cinéma en utilisant le tout nouveau procédé Technicolor. Vedette du film au même titre qu’Errol Flynn, le Technicolor trichrome gagne en 1937 ses lettres de noblesse en imposant ses conventions dans le cinéma d’aventures. Ce film est le premier en couleurs de la Warner Bros. Ce film contient de nombreux systèmes d'opposition : la forêt/le château, le végétal/le métal-minéral, le haut/le bas, le peuple/l’aristocratie, les Saxons/les Normands, la loyauté/la félonie, l’individu/le groupe, le légal/l’illégal, etc. Et ce contraste se poursuit par une utilisation symbolique des couleurs, à laquelle nous sommes aujourd'hui habitué, mais qui a été expérimenté ici. D’emblée, le contraste est fort entre les couleurs vives des costumes des personnages et de leurs accessoires et l’environnement froid des murs du château, comme pour rehausser la valeur signifiante affectée à la couleur dans la dramatisation. Robin porte haut les couleurs de la forêt (le vert et l’ocre), bien détaché sur les tons ternes du mur et des uniformes des gardes. Mais il ne s'agit pas d'une opposition systématique et simpliste entre les couleurs saturées des bons (Robin) et les couleurs ternes des méchants (les autres). Ce n’est pas le cas. Le code est plus complexe. Tous les autres personnages de félons sont, eux aussi, parés de couleurs vives. Ainsi Guy de Gisbourne, en rouge et bleu, avec des motifs dorés, l’évêque de Black Mountains, en violet, ou même du prince Jean, dont le revers bleu-vert de sa tunique pâle frappe l’œil. On peut remarquer que, dans le premier cas, les deux couleurs primaires de Gisbourne s’opposent logiquement à la troisième, celle de Robin. Les couleurs des trois personnages cités ont ici une fonction symbolique propre à chacun d’ eux : le rouge dominant du vêtement de Guy de Gisbourne exprime son caractère sanguinaire et pulsionnel ; la fonction épiscopale impose plus simplement le port de la couleur améthyste ; enfin, la tunique du prince Jean, démarquée de la franchise rubiconde de Gisbourne, signifie, par sa pâleur et l’absence de couleurs saturées, la ruse et l’hypocrisie. Mais le principe général qui commande le code chromatique du film ne se situe pas là. Il repose en fait sur l’opposition du mat et du brillant : l’éclat des parements, bijoux, motifs d’armoiries et surfaces satinées des félons, outre qu’il connote la valeur sociale de leurs nobles porteurs, s’oppose aux tons mats des rebelles de Sherwood et des gens du peuple. Cette opposition, lorsque Robin se trouve debout devant ses ennemis, est frappante. La vaisselle dorée, les chandeliers, l’éclat mordoré des tentures, la clarté brillante des tuniques des personnages secondaires ajoutent à cet effet. Dans le cours du film, cette stratégie fait évoluer les personnages. Ou ne les fait pas évoluer : dans le cas de Guy de Gisbourne, sa tenue, lors des scènes d’action, est invariablement à dominante rouge sang. Tandis que la félonie et l’hypocrisie du prince Jean sont constamment désignées par des changements de costumes. Le cas de Lady Marian est intéressant à étudier de façon plus approfondie :au début du film la jeune femme est clairement du côté des aristocrates, par les atours dont elle s’est parée. Une coiffe satinée et une robe sertie de pierres et d’émeraudes dont l’éclat tranche sur une cape noire de jais la désignent comme une ennemie de Robin. Et pourtant, la robe se singularise par son bariolage, c’est-à-dire par le fait qu’une couleur est imprécise. Tout au long du film, Lady Marian, seul personnage à évoluer positivement pour épouser enfin la cause des rebelles, passe insensiblement de la brillance aristocratique à la matité populaire, de la couleur vive à la clarté virginale. Les Aventures de Robin des Bois est considéré par les cinéphiles comme la quintessence du film d'aventure classique hollywoodien. Ce fut un immense succès à sa sortie en 1938. Distribution
Fiche technique
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