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Les Pleins Pouvoirs (Absolute Power) film américain réalisé par Clint Eastwood, d'après le roman homonyme de David Baldacci, sorti en 1997.

Analyse critique

Luther Whitney, cambrioleur de haut vol vieillissant et excellent dessinateur à ses heures, entretient des relations orageuses avec sa fille Kate qui est procureur. Au cours d'un cambriolage dans une luxueuse demeure appartenant à Walter Sullivan, un des hommes les plus influents de Washington, il assiste aux ébats amoureux de Christy Sullivan et d'un homme qui se révèle être le Président des États-Unis. Pour se défendre contre son amant sadique, Christy s'empare d'un coupe-papier et elle est abattue par Colin et Burton, des services secrets.

Gloria Russell, conseillère du président, leur ordonne de maquiller leur acte en crime de cambrioleur, mais Luther s'est enfui avec le précieux coupe papier. L'enquête est confiée au lieutenant de police Seth Frank qui soupçonne Luther. Alors que ce dernier s'apprête à fuir à l'étranger, le spectacle de Richmond feignant le chagrin lors d'un discours télévisé le décide à rester pour prouver son innocence et confondre le coupable. Il laisse une lettre à Gloria Russell et donne rendez-vous à Kate qui a découvert que son père n'a jamais cessé de l'aimer et de s'intéresser à sa carrière. Mais Colin et Mc Carthy, un tueur à gages engagé par Walter Sullivan, sont tous deux au rendez-vous armés d'un fusil à lunettes. Luther et Kate échappent aux balles quand ils se font tirer dessus et s'en sortent. Luther, déguisé en policier, réussit malgré tout à échapper aux tueurs.

Il envoie à Gloria Russell le collier de diamants que portait Christy le soir du meurtre après avoir envoyé un Polaroïd du coupe papier; Richmond, fou de rage, ordonne alors à Colin et Burton de s'en prendre à Kate qui est grièvement blessée. Burton, écœuré se suicide en laissant une lettre de confession et Luther tue Colin qui, déguisé en infirmier, tentait d'achever Kate à l'hôpital. Luther révèle à Walter Sullivan la vérité. Le vieil homme armé du coupe papier, se rend à la Maison Blanche en pleine nuit pour un entretien avec son "ami intime" Alan Richmond. Seth Frank arrête Gloria Russell, et Luther apprend le "suicide" d'Alan Richmond.

Luther, après avoir sauvée Kate, sait que Seth peut veiller sur elle, car ce dernier a un faible pour la fille du cambrioleur.

Au-delà de l’évident thriller  politique , ce film de Clint Eastwood est également important pour son propos éminemment autobiographique et son évocation des rapports entre l’art et la réalité.

L’image du Père est omniprésente dans ce film. Mais les deux personnages qui l’incarnent, Luther Whitney , le cambrioleur de haut vol, et le Président des Etats-Unis Allen Richmond, en proposent deux figures contrastées. Le Président, pourtant symbole emblématique du pays, sert de repoussoir. Alors qu’il devrait être une sorte de Père de la Nation, il ne respecte pas une jeune femme qu’il brutalise, avant de la tuer lâchement ; il bafoue même l’amitié de son mentor, celui qui l’a fait élire ; il vit, enfin, dans un mensonge permanent. Bref, ce « thriller » est, aussi, « politique » en ce que le réalisateur épingle ses concitoyens à travers les représentants politiques qu’ils se choisissent : classe politique et proche entourage présidentiel du déshonneur américain sont ainsi visés par cette satire, et l’on apprécie l’humour du nom donné à un hôtel, que la caméra saisit ironiquement, « Watergate Hotel » !

Par un contraste ironique, c’est le cambrioleur qui apparaît comme la figure idéale du Père, comme le montre la structure même du film. En effet, le film s’ouvre sur un musée où sont exposés des tableaux de maître représentant des scènes de la Bible (Jésus en croix, Marie et l’enfant Jésus, etc.). Luther Whitney y trace des esquisses de mains et de regards d’après les originaux. La dernière séquence du film se déroule dans une chambre d’hôpital : le même Luther, cette fois, fait le portrait complet du visage de sa propre fille, Kate, allongée sur lit.

Si l’on précise que Kimber Eastwood, la propre fille de Clint Eastwood, apparaît dans le film comme guide d’un groupe de touristes, elle croise son père-réalisateur venu déposé un message au Président, la mise en abyme est évidente. Le préambule (l’esquisse dessinée) et l’épilogue (le portrait achevé) prennent alors un tout autre sens et enrichissent le propos du film : celui de l’accomplissement d’un père par la redécouverte de l’importance des liens de la paternité et de la fidélité à sa famille.

Entre-temps un moment magique de cinéma révèle au spectateur l’exploration que Kate fait de la maison, qu’elle ne connaissait pas, de son père et des indices qui témoignent de sa présence. La caméra scrute le visage de la jeune femme dans sa découverte des photos d’elle depuis son enfance jusqu’au moment présent, installées par son père, sur tous les meubles et affichées sur les murs, nous faisant partager le crescendo de son émotion : ainsi ce père, qu’elle avait rejeté et dont elle pensait qu’il avait disparu, n’avait cessé d’être présent et avait photographié, à son insu, tous les moments importants de sa vie, lui témoignant ainsi d’un amour fidèle. Un moment, discrètement souligné par une musique élégiaque, d’autant plus émouvant que l’on a vu, à plusieurs reprises dans cet appartement, le père sans la fille, et que l’on voit, alors, la fille sans le père, avant que les deux ne soient in fine réunis.

Un autre intérêt du film se trouve dans la très longue scène du meurtre qui est vue par Luther de l’autre côté d’un miroir sans tain, et propose un second exemple de mise en abyme : Luther se contente de regarder sans jamais intervenir pour faire cesser l’insoutenable ; ce qui renvoie, à l’évidence, le spectateur du film à sa position de voyeur, à la fois écoeuré et fasciné par ce qui se déroule sur l’écran. Autrement dit, Clint Eastwood incite à une subtile allusion aux rapports qu’entretiennent l’art et la réalité , ou encore, si l’on songe à l’aspect autobiographique du film, à la part de rêve que comporte nos vies.

Distribution

  • Clint Eastwood (VF : Jean-Claude Michel) : Luther Whitney, cambrioleur
  • Gene Hackman (VF : Jacques Richard) : Alan Richmond, Président des États-Unis
  • Ed Harris (VF : Georges Claisse) : Seth Frank, inspecteur de la brigade criminelle de Washington
  • Laura Linney (VF : Catherine Le Hénan): Kate Whitney, fille de Luther et procureur
  • Scott Glenn (VF : Saïd Amadis) : Bill Burton, agent des Services Secrets
  • Dennis Haysbert (VF : Thierry Desroses): Tim Collin, agent des Services Secrets
  • Judy Davis : Gloria Russell, collaboratrice de Richmond
  • E.G. Marshall (VF : William Sabatier): Walter Sullivan
  • Melora Hardin (VF : Marie-Christine Robert) : Christy Sullivan, la femme de Walter
  • Kenneth Walsh (VF : Philippe Dumat) : Sandy Loach, avocat de Sullivan
  • Penny Johnson : Laura Simon, inspecteur de la brigade criminelle de Washington
  • Mark Margolis : Red Brandsford, ami de Luther
  • Alison Eastwood : une étudiante en art

Fiche technique

  • Titre original : Absolute Power
  • Réalisation : Clint Eastwood
  • Production : Clint Eastwood et Karen Spiegel pour Malpaso
  • Scénario : William Goldman d'après le roman éponyme de David Baldacci
  • Musique : Clint Eastwood, Lennie Niehaus
  • Directeur de la photographie : Jack N. Green
  • Directeur artistique : Jack Taylor
  • Montage : Joel Cox
  • Sociétés de production : Castle Rock Entertainment, Columbia Pictures Corporation et Malpaso Productions
  • Durée: 121 minutes
  • Sortie: 14 février 1997 (USA), 18 mai 1997 (France)
  • Fiche Imdb
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux