Recherchez sur ce site

Sommaire (edit)

Le cinéma

Liens

Développé grâce à: pmwiki.org

Changements Récents Version imprimable Edition

Manon est un film français de Henri-Georges Clouzot sorti en 1949.

Analyse

La bataille de Normandie fait rage. Robert Desgrieux, jeune maquisard, fait partie d'un groupe de FFI qui sauve la jeune Manon Lescaut de la fureur populaire : serveuse dans un café, Manon avait sympathisé avec l'occupant. Séduit par la jeune fille, Desgrieux déserte et fuit avec elle vers la capitale. À Paris, Manon présente Robert à son frère Léon qui est mêlé à des affaires louches. Le marché noir est en pleine activité et Robert, rongé par la passion qu'il éprouve pour Manon, participe lui aussi à toutes sortes de trafics.

Manon, attirée par la vie facile, devient pensionnaire occasionnelle d'une maison close. Mais l'amour exclusif de Robert gêne Manon. Elle charge son frère Léon d'éloigner son amant pendant qu'elle part avec un riche américain qu'elle espère dépouiller. Robert tue Léon et s'enfuit. Bouleversée par l'amour fou que lui porte Robert, Manon le retrouve dans le train de Marseille. Passagers clandestins d'un bateau qui fait le trafic des émigrants, Robert et Manon débarquent en Palestine. C'est avec les Juifs tentant de mettre sur pied le nouvel État d'Israël qu'ils mourront, massacrés par une tribu d'arabes.

Clouzot fait une transposition hardie de Manon Lescaut à la Libération. Comme un corbeau dépèce un corps en putréfaction. Clouzot plonge sa caméra dans les entrailles de la France libérée après celle de la France occupée (Le Corbeau , 1943). Et l’héroïsme voisine le crime. L' Amour amoral débouche sur le crime et exil, puis l' Amour à mort dans un noir romantisme. Clouzot fait des personnages amoraux qu’il affectionnait tant des personnages amoureux, et donne de la France libérée un tableau aussi noir queréaliste. La France est libre, l’homme n’en est pas moins sordide. Seul l’amour l’excuse. Seul l’amour l’innocente.

Avec son réalisme noir, Clouzot se plaçait à contre-courant des tranches de vie plus ou moins romanesques sur la Libération et l'après-guerre. Robert Desgrieux et Manon Lescaut version 1948 ne se soucient ni d'idéologie, ni de morale. Ce tableau d'une société frénétique, née dans le bouillonnement des lendemains de la Libération, vouée à la sexualité et à l'argent, était fort audacieux, sinon scandaleux. Mais cette histoire d'un couple lié par une passion charnelle qui provoque des catastrophes n'était pas plus dissociable, pour Clouzot, du Paris d'après-guerre, que "Le Corbeau" ne l'était des mesquineries et des abîmes psychologiques de la province française.

Comédienne inexpérimentée, Cécile Aubry, dirigée par Clouzot, fut, avec son mélange de candeur et d'amoralisme profond, un type féminin livré à ses instincts. Elle tranchait, par la vérité de son comportement, sur les héroïnes bien convenables du cinéma français de l'époque. La mise en scène est d'une force dramatique, d'une noirceur qui ne laisse aucun répit. Remplaçant la Louisiane de l'exil par la Palestine, Clouzot montra, avec une violence insoutenable, le massacre des juifs émigrés clandestins par les Arables du désert. Il ne se préoccupait d'ailleurs ni de politique, ni du problème de l'Etat d'Israèl. Ce massacre fut pour lui le dernier épisode d'une passion fatale, charnelle, s'achevant dans la mort et une scène de nécrophilie amoureuse à laisser le spectateur pantois.

Distribution

  • Cécile Aubry :Manon
  • Michel Auclair :Robert Desgrieux
  • Serge Reggiani :Léon Lescaut
  • Gabrielle Dorziat :Mme Agnès
  • Raymond Souplex :M.Paul
  • Henry Vilbert :le commandant
  • Simone Valère :la soubrette
  • Héléna Manson :une commère
  • Andrex :le trafiquant
  • Daniel Ivernel
  • Jean Despeaux
  • Ardison
  • Gabrielle Fontan
  • Michel Bouquet

Fiche technique

  • Réalisation : Henri-Georges Clouzot
  • Scénario : Henri-Georges Clouzot, Jean Ferry, d’après le roman homonyme de l’abbé Prévost
  • Images : Armand Thirard
  • Musique originale: Paul Misraki
  • Décors : Max Douy
  • Montage : Monique Kirsanoff
  • Directeur de production : Louis Wipf
  • Durée : 110 minutes
  • Format : Noir et blanc
  • Date de sortie :9 mars 1949
  • Premier prix international à la Biennale de Venise 1949.
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux