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Nous ne vieillirons pas ensemble est un film franco-italien de Maurice Pialat, sorti en 1972?

Analyse

Jean est réalisateur de documentaires pour la télévision ; il s'est séparé de sa femme Françoise (avec qui il est toujours marié) pour vivre aux côtés de Catherine, secrétaire intérimaire. Jean est un personnage grossier, colérique, brutal, qui ne parvient pas à communiquer autrement qu'en vociférant. Quand il est avec Catherine, il la repousse sans cesse, l'humilie en public ou en privé. Quand elle n'est plus là, près de lui, il retourne chez son ex-femme qui l'accueille et le réconforte. Mais les deux amants finissent toujours par se retrouver et à oublier le passé en tentant de repartir à zéro.

Un jour, Jean, voyant bien qu'il doit se racheter aux yeux de Catherine, qui ne supporte plus d'être malmenée de la sorte, part voir son père en Auvergne. Ce dernier accepte de lui offrir une bague, celle qu'il avait lui-même offert à sa femme aujourd'hui décédée, pour qu'il demande Catherine en mariage. Ce déplacement à la campagne (retour vers le père) est le coeur du film, car on sent dans cette scène pourtant silencieuse que Jean est attaché à cet être seul et mal connu à qui il demande quelque part de l'aide pour sauver son couple.

Le vieil homme lui offre ce bijou et Catherine le refusera ne croyant pas en l'amour que lui porte Jean qui comprend alors, à ce moment-là, qu'il ne peut plus rien La séparation entre les deux êtres aura lieu dans une voiture. Leurs retrouvailles pour un temps également ; juste le moment pour Catherine de dire à Jean qu'elle est à présent heureuse avec son nouveau compagnon et lui avouera aussi que la seule chose qu'elle regrette, ce sont les moments où ils faisaient l'amour ensemble.

Nous ne vieillirons pas ensemble est le second long-métrage réalisé par Maurice Pialat

Maurice Pialat décide de raconter sa vie à travers la fin d'une histoire d'amour entre un homme et une femme dont on ne connaîtra jamais les premiers instants de bonheur (si bonheur il y a eu). Simultanément avec l'écriture du scénario, il publie un roman autobiographique homonyme.

Il raconte sa liaison avec Colette et ses sentiments pour Micheline, sa première femme. « Cette histoire est la sienne, même si le personnage se prénomme Jean. Comme Yanne, qu'il a choisi aussi parce que entre deux il y a plus qu'une ressemblance physique, une brutalité, une force, une impulsivité, quelque chose d'imprévisible, qui parfois peut faire peur. »

Jean Yanne interpréte Maurice Pialat (Jean à l'écran) et Macha Méril, Micheline (Françoise dans le film), Marlène Jobert quant à elle joue Colette (Catherine dans le film). Film autobiographique, Nous ne vieillirons pas ensemble réunit les vedettes de l'époque et sera sélectionné au Festival du film de Cannes (1972).

Jean est un personnage définitivement seul, qui semble s'éloigner presque volontairement des deux femmes qu'il croit aimer. Plus le film avance et plus il s'enferme dans sa propre solitude, qu'il ne semble vouloir éviter, comme s'il savait au plus profond de son être, que son histoire d'amour avec Catherine était vouée à l'échec quoi qu'il décide de faire, comme s'il savait depuis longtemps qu'il ne vieillirait pas avec celle qu'il a le désir d'aimer.

Le scénario ne se présente pas sous la forme d'un découpage traditionnel ; il s'agit plus d'une longue nouvelle, assez littéraire, écrite avec précision (y compris les dialogues). Souvent chez Pialat, l'écriture d'un film se présentait souvent sous la forme d'une continuité dialoguée et était ensuite reprise par l'un de ses collaborateurs. Pourle tournage, le cinéaste veut filmer là où il vécu avec les deux femmes de sa vie. Il veut revenir sur les lieux où il a séjourné avec Colette. Il veut filmer chez Micheline à La-Celle-Saint-Cloud, quitte à faire retapisser les pièces pour y retrouver le même décor. Il veut revenir dans les mêmes hôtels, dans les mêmes chambres où il a vécu avec Colette. Rien ne sera laissé au hasard. Toujours cette obsession de la vérité ; et quand il voudra filmer chez la grand-mère de Colette et que cela ne s'avérera pas possible, Jean-Claude Bourlat, l'assistant-réalisateur devra impérativement trouver une maison à l'identique.

Le cinéaste et son acteur principal ne s'entendent pas. Jean Yanne ne supporte pas l'idée de devoir incarner un personnage rustre, veule, colérique et lâche ; plus que ça, il n'accepte pas de jouer les faibles et de pleurer devant la caméra. Marlène Jobert et Macha Méril tenteront tant bien que mal de calmer les esprits.

C' est un film unique, bouleversant qui scrute les faiblesses de l'homme et les malheurs de la vie amoureuse. Les principaux thèmes se retrouveront encore avec davantage de force et de présence dans les réalisations qui suivront : l'amour en fuite, la douleur d'une rupture, la violence des mots accompagnée à celle des gestes, le désespoir de la solitude et de l'impossibilité à être heureux en couple.

Jean Yanne adressera un petit mot à Macha Méril avant la cérémonie finale : « Si ces charlots me donnent le prix, tu iras le chercher. » C'est ce qui se passera ; Macha Méril ira chercher le prix pour Jean Yanne.

Distribution

  • Marlène Jobert : Catherine
  • Jean Yanne? : Jean
  • Macha Méril? : Françoise
  • Christine Fabrega : La mère de Catherine
  • Jacques Galland : Le père de Catherine
  • Muse Dalbray : La grand-mère de Catherine
  • Patricia Piérangeli : Annie
  • Maurice Risch : Michel
  • Harry Max : Le père de Jean

Fiche technique

  • Réalisation : Maurice Pialat
  • Scénario : Maurice Pialat (d’après son propre livre autobiographique)
  • Production : Lido Films (Paris) et Empire Films (Rome)
  • Photographie : Luciano Tovoli
  • Musique : extraits de « La Création » de Joseph Haydn?
  • Montage : Arlette Langmann
  • Genre : drame psychologique
  • Durée : 106 minutes
  • Sortie : mai 1972?

Récompense

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux