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Nymphomaniac, typographié Nymph()maniac sur l'affiche du film, film en deux parties, écrit et réalisé par Lars von Trier, sorti en 2013.

Analyse critique

Un soir de neige, Seligman, vieux monsieur cultivé et solitaire, trouve Joe battue et couchée dans une ruelle. Il la ramène à son appartement et écoute attentivement comme Joe raconte l'histoire mouvementée de sa vie sexuelle, se qualifiant elle-même de nymphomane. Il commente la confession de considérations psychologiques, mais aussi de digressions diverses.

Volume I

1. Le parfait pêcheur à la ligne :Seligman expose sa passion pour la pêche à la mouche, la confection de l'hameçon et sa lecture du Parfait Pêcheur à la ligne d'Izaac Walton. Joe ouvre son histoire en parlant de sa fascination sexuelle précoce au cours de sa petite enfance. Son père est un médecin amoureux des arbres qu'elle adore tandis que sa mère est, comme la décrit Joe, une chienne froide. À l'adolescence, elle perd sa virginité à sa demande ,avec un jeune homme du nom de Jérôme. Cette première rencontre se termine par Jerôme retournant s'occuper de sa moto. Seligman observe que la combinaison du nombre de fois que Jérôme l'a pénétrée ressemble à la suite de Fibonacci. Quelques années plus tard, Joe s'engage dans un concours avec son amie B lors d'un voyage en train; celle des deux femmes qui a des relations sexuelles avec le plus de passagers avant l'arrivée du train à la gare gagne un sac de bonbons. Après avoir eu des relations sexuelles dans les toilettes avec plusieurs des hommes qu'elle croise, Joe gagne en effectuant une fellation sur un passager de première classe, S , un homme marié qui résiste d'abord, mais accepte en fin de compte.

2. Jérôme : Joe, avec ses amies, crée un club, "le petit troupeau'', destiné à libérer la sexualité de l'amour. Joe le quitte après que tous les autres membres finissent par développer un attachement sérieux à leurs conquêtes. Joe trouve du travail en tant que secrétaire dans une entreprise d'impression. Son premier employeur n'est autre que Jérôme. Alors que ses intentions sexuelles sont claires dans son esprit, elle évite ses avances et couche avec d'autres collègues, pour le rendre jaloux. Elle est finalement licenciée. Seligman remarque que les notes au piano forment un triton, ou Diabolus In Musica.

3. Mme H : À une occasion, avec un de ses amants, H, elle provoque des conflits qui lui fait quitter sa femme pour elle. Mme H provoque un drame devant ses enfants, elle quitte la famille en giflant son mari, et en accablant d'injures Joe.

4. Delirium : Une conversation sur Edgar Allan Poe et sa mort par delirium tremens rappelle à Joe la dernière fois qu'elle a vu son père. Elle est la seule à lui rendre visite à l'hôpital. Le père de Joe lui demande de ne pas accabler sa mère, qui a peur des hôpitaux, pour ne pas être à ses côtés, en expliquant qu'ils ont dit leurs adieux. Pour se changer les idées, Joe couche avec plusieurs personnes à l'hôpital. Quand il meurt enfin, Joe se masturbe et devient insensible à la dépression.

5. La Petite École d'orgue : Exposé par Seligman de la création de la polyphonie en Europe avec les œuvres Missa Hodie Christus natus est Kyrie (Giovanni Pierluigi da Palestrina); Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ de Johann Sebastian Bach. Joe utilise son exemple pour parler de trois amoureux menant à son « cantus firmus ». La "voix de basse, F est l'homme prévisible qui met les besoins sexuels de Joe dessus des siens. La deuxième voix'', G fait jouir Joe en contrôlant son animalité. Juste avant la fin, Jerôme la retrouve par hasard après sa séparation de Liz, une coïncidence que Seligman trouve absurde, et ils se embrassent. Quand ils reprennent une relation passionnée, Joe panique en découvrant qu'elle ne peut plus «sentir quoi que ce soit».

Volume II

Joe comprend que Seligman n'a jamais couché avec une femme. Il confirme son asexualité et sa virginité, et lui assure que son innocence fait de lui le meilleur homme pour écouter son histoire.

6. L'église d'Orient et d'Occident (Le Canard silencieux ) : La confession reprend après une discussion sur les différences entre l'Eglise d'Orient («l'église du bonheur) et l'Église d'Occident (l'église de la souffrance''). Seligman aborde de plus les thèmes de Messaline, du paradoxe de Zénon, Achille et la tortue et de la perversité polymorphe de Sigmund Freud. Joe entre en crise après avoir perdu sa capacité à atteindre le plaisir sexuel; ils conçoivent un bébé ensemble, Marcel. Jerôme lui permet de voir d'autres hommes. Joe tente de pimenter sa vie sexuelle dans un rendez-vous avec deux frères africains, qui se transforme en débâcle comique. La haine de soi et le besoin de Joe pour la nouveauté la conduit à K , un sadomasochiste qui agresse violemment les femmes dans son bureau. Plus elle lui rend visite, plus elle devient négligente dans ses tâches domestiques. Elle abandonne une vie normale et son fils est placé en foyer d'accueil. K lui inflige un fisting (Le Canard silencieux ) .

7. Le Miroir : Après K, Joe retrouve sa pulsion sexuelle et devient à nouveau enceinte. Elle demande à son médecin d'avorter. Le médecin insiste pour que Joe parler à un conseiller et elle est offensée par les questions du conseiller. Elle décide de pratiquer l'avortement sur ​​elle-même. Elle se blesse et atteint un point où le sexe est maintenant physiquement douloureux pour elle. Soudain, Joe remarque comment une tache sur le mur ressemble à un pistolet Walther PPK et sait exactement où et comment mettre fin à son histoire.

8. Le Pistolet Réalisant qu'elle a pas de place dans la société, Joe se tourne vers le crime organisé et devient un collecteur de dettes, en utilisant sa connaissance approfondie des hommes, le sexe et le sadomasochisme. Elle épargne cependant un pédophile et explique à Seligman comment elle se sent une profonde compassion pour les personnes nées avec une sexualité interdite. Le patron de Joe, L , lui recommande de prendre une apprenti et suggère une fille de 15 ans. Joe est d'abord hostile, mais finit par sympathiser avec P, la fille d'un des gangster. Joe ouvre son cœur à P et l'invite dans sa maison. Leur relation se développe dans un cadre sexuel. Pendant une phase de collecte de la dette, Joe remarque qu'ils sont à une maison appartenant à Jérôme. Elle envoie P seule, mais tard dans la nuit, Joe découvre qu'elle a été séduite par Jérôme. Dans une ruelle entre son appartement et la maison de Jérôme, elle tente de les abattre, mais son pistolet ne fonctionne pas. On retrouve Joe battue, comme au début du film.

Revenue chez Seligman, elle termine sa confession et s'endort. Seligman tente de la violer. Joe se réveille et, réalisant ce que Seligman fait, prend le pistolet. Seligman proteste et comme il justifie ses actions, on entend un coup de feu et les bruits de Joe fuyant l'appartement.

Récits dans le récit, découpage en chapitres comme ceux des classiques contes d'apprentissage, le va-et-vient entre le huis clos et les flash-back donne au film cette densité romanesque rend ce film patchwork précieux.

Ce qu'il faut penser de Joe, de sa « manie » déroutante, est à chercher dans l'étrange dialogue noué avec l'homme âgé qui l'écoute, l'auditeur philosophe s'adonne patiemment à l'exégèse de ces bribes de vie, tentant de les débarrasser de leur nature pathologique comme du jugement moral qui pourrait les condamner. Comme si Lars von Trier lui-même tentait d'expliciter le surgissement des figures étranges qui meublent ses œuvres.

Le réalisateur a toujours son sens de l'humour, comme dans cette séquence de triolisme absurde autour de Joe, où deux Noirs, le sexe en érection, se querellent sans fin au lieu de passer à l'acte.

L''attrait pour le mal est la ligne directrice. Joe tente bien un moment de soigner son addiction sexuelle dans un groupe de paroles ; elle n'y parvient pas, transforme sa culpabilité en arme et se venge en devenant une femme de pouvoir. C'est la particularité vénéneuse du second volet, accorder à la déviance une forme de puissance, quitte à oser un parallèle un peu rapide avec la société actuelle, corrompue, criminelle.

Le thème de la transmission est présent, lorsque Joe, qui pense à sa succession, « éduque » une jeune fille comme dans un roman sadien du XVIIIe siècle. Cette étonnante initiation est cruelle, mais affleurent malgré tout des notes d'émotion inattendues, comme un soupçon d'amour réinventé.

Distribution

  • Charlotte Gainsbourg : Joe
  • Stacy Martin : Joe jeune
  • Stellan Skarsgård : Seligman
  • Shia LaBeouf : Jérôme Morris
  • Christian Slater : le père de Joe
  • Uma Thurman : Madame H
  • Connie Nielsen : Katherine, la mère de Joe
  • Jamie Bell : K
  • Willem Dafoe (VF : Thierry Hancisse) : L
  • Mia Goth : P
  • Ananya Berg : Joe à 10 ans
  • Jean-Marc Barr : le gentleman débiteur

Fiche technique

  • Réalisation : Lars von Trier
  • Scénario : Lars von Trier
  • Direction artistique : Simone Grau
  • Photographie : Manuel Alberto Claro
  • Montage : Molly Marlene Stensgaard, Morten Højbjerg
  • Production : Peter Aalbæk Jensen, Marie Cecilie Gade et Louise Vesth
  • Société de production : Zentropa, Heimatfilm
  • Pays d'origine : Danemark Allemagne France Belgique
  • Durées :
    • Nymphomaniac, Volume 1 : 118 min
    • Nymphomaniac, Volume 2 : 123 min
    • Version du réalisateur : 325 min
  • Dates de sortie, Danemark : 25 décembre 2013
    • France : 1er janvier 2014 (Volume I), 29 janvier 2014 (Volume II)
    • La version du réalisateur, d'une durée de près de cinq heures et demie, a été présentée hors concours à la 71e édition de la Mostra de Venise
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