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Passe ton bac d'abord est un film français réalisé par Maurice Pialat et sorti en 1979.

Analyse

Dans le Nord de la France, à Lens, on suit, durant quelques semaines, l’histoire de quelques élèves et de leur professeur de philosophie. En début d'année scolaire, ce professeur fait un discours qui se veut décontracté et familier mais qui est le même chaque année. Ce qui ne contribue pas à motiver des adolescents à la fois angoissés par le futur examen et peu mobilisés par un diplôme insuffisant pour les protéger contre les emplois médiocres ou le chômage.

Sans grandes perspectives d’avenir dans cette région profondément touchée par le chômage, les étudiants, issus de familles modestes, parmi lesquels Élisabeth, Philippe, Agnès, Bernard, tentent-ils d’oublier leurs peurs du lendemain ou de tromper leur ennui en se réunissant dans le petit café du coin, « Chez Caron » . Leur professeur n’est pas plus optimiste qu’eux, crevant de solitude dans une région qu’il méconnait. Mais leur vie n'échappe pas à la routine qu'ils reprochent à leurs aînés. Bernard passe sans passion d'une fille à l'autre pendant que Patrick affecte de mépriser ces jeux. Une fille tente de se libérer et d'oublier Bernard en se mariant à un adulte, mais cela se traduit déjà par des déboires, trois mois plus tard.

Entre ceux qui sont prêts à suivre le premier venu, comme Agnès, que ses parents insupportent, ou quitter à tout prix ce coin sinistré comme Bernard qui partira finalement pour Paris, Philippe et Élisabeth sont les seuls qui vont se rapprocher, s’unissant peut-être plus pour se serrer les coudes que par grand amour et rester au pays, poursuivant malgré tout leurs études sans beaucoup d’espérance.

Passe ton bac d'abord est d'abord un film de groupe, une vision sociale sur la jeunesse, un film qui dissèque avec précisions les mœurs d'une société en mal de vivre, qui se cherche et qui finira par se disperser car l'adolescence ne dure qu'un temps. Aucun personnage, ne se détache vraiment du lot ; Passe ton bac d'abord est avant tout un film qui veut privilégier l'idée de la collectivité ancrée dans une région fortement marquée par la misère sociale, le chômage et la pauvreté culturelle. Quant au baccalauréat, annoncé dans le titre même du film, il n'en sera que très peu question.

Il y a cette scène merveilleuse autour du mixeur à la fin du film. Un diner entre copains tourne mal parce que les jeunes mariés (Agnès et Rocky) se disputent au sujet des légumes présents dans l'appareil. Un petit rien qui fait basculer les personnages dans la violence et la réalité d'une vie de couple qu'il faudra désormais assumer. C'est à ce moment-là que Agnès en profitera pour dire à Bernard qu'elle aurait voulu vivre avec lui. C'est aussi à ce moment-là que le spectateur saisit à quel point le monde que le cinéaste à dépeint est triste et sans possibilité de bonheur pour les personnages de cette histoire ; comme s'ils ne pouvaient échapper à leur condition, à une vie déjà connue. L'être humain ne peut vivre heureux chez Pialat.

C'est l'homme qui intéresse Pialat; il veut surtout filmer des moments de vie passés en groupe, des moments où la famille se réunit, se construit, se découvre à travers les fêtes, les mariages et les réunions. Les jeunes, ils se retrouvent dans une chambre d'hôtel, en couple, chez les uns ou chez les autres, à la plage ou au café du coin. Maurice Pialat veut capter des épisodes de la vie, bruts, entiers, criant de vérité, improvisés et surtout vécus et non joués. La sensibilité de l'être humain se doit de transparaitre en dehors de tout dispositif, en dehors de toute écriture trop présents, trop pesants.

Il s'attache à filmer le monde des petites gens ; il veut scruter l'univers d'une population qui vit modestement, loin de la capitale. D'ailleurs, la fin du film marquera avec force cette différence, cette destinée, ce fossé entre deux mondes qui n'ont rien à voir. Philippe et Bernard partiront pour la capitale, tenter leur chance, alors que d'autres resteront à Lens, se marieront et auront sans doute des enfants sans qu'un véritable amour n'ait pu naître entre eux. Dans ce film sont déjà abordés quelques thèmes chers au cinéaste qui revivront avec plus de maturité dans son autre film sur l'adolescence, À nos amours.

Distribution

  • Sabine Haudepin : Élisabeth
  • Philippe Marlaud : Philippe
  • Annick Alane : la mère d’Élisabeth
  • Michel Caron : le père d’Élisabeth
  • Christian Bouillette : le vieux dragueur
  • Bernard Tronczyk : Bernard
  • Patrick Lepcynski : Patrick
  • Valérie Chassigneux : Valérie
  • Jean-François Adam : le professeur de philosophie
  • Agnès Makowiak : Agnès

Fiche technique

  • Réalisation : Maurice Pialat
  • Scénario et dialogues : Maurice Pialat
  • Musique : Voyage
  • Directeurs de la photographie : Pierre-William Glenn, Jean-Paul Janssen
  • Assistants-réalisateur : Patrick Grandperret, Emmanuel Clot, Jean-Marie Duhart
  • Montage : Sophie Coussein, Martine Giordano, Arlette Langmann
  • Sociétés de production : Les Films du Livradois, Renn Productions (Paris), France 3 Cinéma , INA
  • Distributeur d’origine : AMLF
  • Durée : 86 minutes
  • Date de sortie : 29 août 1979
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