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Pickpocket, film français de Robert Bresson sorti en 1959.

Analyse critique

Michel se rend au champ de courses et vole un peu d'argent à une spectatrice. En quittant le champ de courses, il est arrêté. Il est rapidement libéré pour manque de preuves. Malgré cela, Michel continue à voler et s'associe avec des complices afin d'être plus efficace. Il refuse l'aide de son ami Jacques qui veut le pousser à trouver un emploi. Michel est un jeune homme solitaire qui, pour " dominer le monde " comme il le dit lui-même, vole.

Michel évite de rendre visite à sa mère malade, qu'une jeune voisine, Jeanne, soigne, bien consciente que la vieille dame n'a d'autre véritable besoin que celui de voir son fils. Mais celui-ci a d'autres préoccupations. Il exprime au commissaire déjà rencontré après son premier vol, sa théorie selon laquelle certains êtres d'élite auraient le droit d'échapper aux lois. Inquiet, son ami Jacques, garçon solide et honnête, tente de lui faire entendre raison et lui conseille de chercher du travail. Du travail, Michel en a : dans sa mansarde, il s'entraîne des heures durant à subtiliser montres, portefeuilles, objets divers. Puis il passe à l'action, vole dans le métro. Sa rencontre avec un autre pickpocket, qui lui révèle ses trucs, achève d'en faire un " maître".

La mort de sa mère semble n'être qu'un épisode qui le rapproche néanmoins de Jeanne. Mais, très vite, le " métier " l'accapare de nouveau. Jacques se met à fréquenter Jeanne, tandis que Michel multiplie ses exploits. Jusqu'au jour où il comprend que le commissaire est au courant de ses vols. Après avoir tenté en vain d'expliquer son attitude à Jeanne, Michel s'enfuit à l'étranger. A son retour, il retrouve la jeune femme avec un enfant de Jacques. Pour l'aider à élever cet enfant, Michel travaille d'abord en usine; puis, se croyant oublié de la police, il retourne au champ de courses et subtilise son portefeuille à un turfiste, qui n'était autre qu'un appât et qui l'arrête. Michel, en prison, réalise enfin qu'il a plus besoin de la présence de Jeanne que de son admiration.

Lorsque pour Pickpocket, Bresson écrit son premier scénario original, il ne se rend pas immédiatement compte des rapports qui se tissent entre celui-ci et Dostoïevski. C’est seulement après s’être aperçu des liens qui unissaient le parcours de Raskolnikov et celui de Michel qu’il décide de les accentuer et de faire de son film une sorte d’écho à Crime et châtiment.

La photo est aplanie, abandonnant complètement les quelques recherches formelles esquissées sur les précédents longs métrages. Devenu auteur complet de son film, après avoir adapté Diderot et Bernanos, il choisit une histoire banale et bâtit son film sur les sensations, le vide, la répétition, le silence. C’est par des moyens purement cinématographiques qu’il va faire ressentir au spectateur le sujet, les personnages, la morale.

On ne connaît pas les raisons qui ont amené le héros à voler et on ne le voit jamais utiliser le fruit de ses larcins. Il porte toujours le même complet usé, vit toujours dans une mansarde délabrée. « Il ne faut pas filmer les causes, mais les effets. » Cette succession de vols nous laisse interdit. Il y a quelque chose d’indicible dans ces actes, d’obscur. Et c’est par sa mise en scène, sans l’aide de discours, que Bresson va faire ressentir le cœur du film. Ressentir avant de comprendre. Les scènes de vol sont d’une puissance implacable. Un suspens, une tension incroyable les parcourt.

Pickpocket est un film de regards et de gestes. A travers l’itinéraire de Michel, Bresson décrit ce monde dans lequel on vit en quittant l’adolescence et en rentrant dans l’âge adulte. Ces vols auxquels il s’adonne sont un acte de révolte, un rejet de la société. Et pourtant, sous ces actes de rébellion, il y a un désir constant de trouver sa place au monde. La finalité des forfaits de Michel est d’être pris.

Avant propos dans le générique du film

« Ce film n’est pas du style policier. L’auteur s’efforce d’exprimer, par des images et des sons, le cauchemar d’un jeune homme poussé par sa faiblesse dans un aventure de vol à la tire pour laquelle il n’était pas fait.Seulement cette aventure, par des chemins étranges, réunira deux âmes qui, sans elle, ne se seraient peut-être jamais connues. »

Distribution

  • Martin La Salle : Michel
  • Marika Green : Jeanne
  • Jean Pelegri : L'Inspecteur Principal
  • Dolly Scal : La Mère
  • Pierre Leymarie : Jacques
  • Kassagi : 1er complice
  • Pierre Etaix : 2e complice
  • César Gattegno : Un Inspecteur

Fiche technique

  • Réalisation, Scénario et dialogues : Robert Bresson
  • Musique : J.B. Lulli
  • Chef Opérateur : L.-H. Burel
  • Chef-monteur : Raymond Lamy
  • Script girl : O. Lemarchand
  • Produit par Agnes Delahaie
  • Date de sortie : 1959
  • Durée : 76 minutes
  • Tous les détails techniques sur la fiche IMDB
  • Ce film fait partie des 100 meilleurs films des Cahiers du Cinéma (liste publiée en 2007)
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux