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Shohei Imamura (今村 昌平 ) est un réalisateur? japonais (1926-2006)

Filmographie :

  • 1958 : Désir volé (Nusumareta yokujo)
  • 1958 : Devant la gare de Nishi-Ginza (Nishi Ginza ekimae)
  • 1958 : Désir inasouvi (Hateshinaki yokubo)
  • 1959 : Mon frère ainé ( Nianchan) Nianchan
  • 1961 : Cochons et cuirassés (Buta to Gunka )
  • 1963 : La Femme-insecte (Nippon Konchuki )
  • 1964 : Désir meurtrier (Akai Satsui )
  • 1966 : Le Pornographe (Introduction à l'antropologie) Jinruigaku Nyumon : erogotoshitachi yori
  • 1968 : L'évaporation d'un homme (Ningen Johatsu)
  • 1968 : Profonds désirs des dieux (Kamigami no Fukaki Yokubo )
  • 1970 : L'Histoire du Japon d'après-guerre raconté par une hôtesse de bar (Nippon Sengoshi – Mada) mu Onboro no Seikatsu
  • 1971 : En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus (Mikikanhei o Otte )
  • 1972 : J'ai envie d'aller au loin ; mon Shimokita (Toku e Ikitai )
  • 1972 : Les pirates de Bubuan (Bubuan no Kaizoku )
  • 1973 : Karayuki-san, ces dames qui vont au loin (Karayuki-san )
  • 1973 : Muhomatsu revient au pays natal (Muhomatsu Koyo ni Kaeru )
  • 1975 : A la recherche des soldats perdus II (Zoku Mikikanhei o Otte ),
  • 1979 : La vengeance est mienne (Fukushu Suruwa ware ni Ari )
  • 1981 : Why Not? ( Eejanaika)
  • 1983 : La Ballade de Narayama (Narayama Bushi-Ko)
  • 1987 : Zegen, le seigneur des bordel (Zegen )
  • 1989 : Pluie noire (Kuroi ame )
  • 1997 : L'Anguille (Unagi )
  • 1998 : Kanzo Sensei (Dr Akagi)
  • 2001 : De l'eau tiède sous un pont rouge (Akai Hashi no Shita no Nurui Mizu)
  • 2002 : 11'09''01_Onze minutes, Neufs secondes, Une image (section Japon)

Biographie

Shohei Imamura est né le 15 janvier 1926 à Tokyo.

Figure de la Nouvelle Vague japonaise, découvert en France au début des années 60 avec La femme-insecte, Imamura recevra deux Palmes d'or au Festival de Cannes : en 1983 pour La Ballade de Narayama et en 1998 pour L'Anguille.

Il grandit dans une famille bourgeoise. Adolescent, il voit son pays subir les traumatismes de la guerre et vit la défaite du Japon comme une libération : « Quand l'empereur intervint à la radio pour annoncer notre défaite, j'avais 18 ans. C'était fantastique. Soudain, nous étions libres. » A la fin de la deuxième guerre mondiale il abandonne ses études et vit dans le quartier de Shinjuku (où se concentre le marché noir) à Tokyo. Une projection de L'Ange ivre d'Akira Kurosawa le décide à faire du cinéma.

En 1951, il est engagé comme assistant par le studio Schochiku (comme Nagisa Oshima). Il y travaille sur trois films du maître Yasujiro Ozu, dont il critiquera plus tard le style. Passé en 1954 dans un studio concurrent, la Nikkatsu, il seconde Kawashima, pour lequel il écrit aussi des scénarios. Il signe son premier film, Désir volé, en 1958, puis commence à résister à ses producteurs qui lui imposent des films de commande.

Idéaliste et même rebelle, attiré par les sujets dérangeants, Shohei Imamura finira en 1966, à l'heure de la naissance de la Nouvelle Vague japonaise, par résilier son contrat avec la Nikkatsu pour fonder sa propre maison, Imamura Productions, l'une des premières sociétés de production indépendantes. En 1974, il crée une école de cinéma, l'Institut de Yokohama, qu'il déménage en 1986 à Shin Yurigaoka et qui se nomme désormais Académie japonaise des arts visuels.

Dans sa jeunesse, à la fin de la guerre, Imamura a fréquenté les prostituées et les mauvais garçons, il a défendu la cause du petit peuple japonais, paysans déracinés à la ville, voleurs, mendiants, misérables de tout poil. Tout cela est évident dans les deux fresques historiques : Eijanaika et Zegen. Et bien sûr dans l'admirable Ballade de Narayama (1983) qui montrait les mœurs barbares du Japon des années 1860, dans un naturalisme violent, coloré et d'une insoutenable beauté.

Il étudie l'histoire de l'Occident à l'université, puis se lance dans le théâtre d'avant-garde, comme auteur et comédien. Il passe et réussit le concours d'entrée à la Shochiku et débute comme assistant de Yasujiro Ozu. Il devient ensuite scénariste pour Yuzo Kawashina (dont il n'apprécie pas spécialement le travail). Il quitte ensuite la Shochiku pour la Nikkatsu. Il y fera son premier film en tant que réalisateur : Désirs Volé (1958). Pour lancer un chanteur, la Nikkatsu lui impose un film - Devant la gare de Ginza, 1958 - en échange d'une plus grande liberté pour le suivant - Désir inassouvi, 1958. Shohei Imamura décide qu'il n'acceptera plus de faire de film imposé.

Très vite, Imamura étouffe dans le système corseté des studios et fonde sa propre maison de production. Au cours des années 1970, il se consacre essentiellement au documentaire. Dans En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus, il interroge ces Japonais établis dans d'autres pays d'Asie depuis 1945. Mais il revient vite vers la fiction : « Je me suis rendu compte que la présence de la caméra pouvait changer concrètement la vie des gens. Est-ce que je me prenais pour Dieu en essayant de contrôler la vie des autres ? je ne suis pas un humaniste sentimental, mais cette idée m'effrayait. »

Imamura n'a de cesse de critiquer la société japonaise, son immobilisme, son passé lourd de culpabilité, l'influence américaine de l'après-guerre (Histoire du Japon racontée par une hôtesse de bar ). L'Occident le découvre avec le superbe Ballade de Narayama, mais Imamura est avant tout féru de satire et de provocation. La noblesse du samouraï ne l'intéresse pas, il préfère exalter la vitalité des femmes (La Femme-insecte ; Ces dames qui vont au loin), les capacités d'adaptation d'un peuple ballotté par l'Histoire, ou encore plonger dans l'esprit sanguinaire d'un serial killer (La vengeance est à moi), s'intéresser à une équipe de film porno (Le Pornographe).

Les sous-titres de certains de ses films soulignent sa démarche. La Femme insecte s'intitule aussi Chroniques entomologiques du Japon et Le Pornographe s'annonce comme une Introduction à l'anthropologie. C'est en entomologiste qu'il observe ses personnages. Sans les juger, sans leur octroyer le moindre sens moral, il peint des êtres (essentiellement des femmes) qui le fascinent par leur énergie, leur instinct de survie.

C'est un regard froid, clinique, que pose Imamura sur le petit peuple des basses couches sociales, mû par une inlassable bougeotte. L'emblématique Femme insecte, qui dépeint la vie d'une fille de la campagne envoyée à la ville pour être servante et qui devient prostituée, responsable d'un syndicat des filles de joie, avant de retourner à la misère, s'attache à suivre, comme au microscope, une obstination existentielle. Soumise, blessée dans son corps et réprimée dans ses désirs, prisonnière des préjugés, l'héroïne-type des films d'Imamura cherche à conquérir identité et autonomie, à se délivrer de ses inhibitions et des carcans. Elle se sert de son corps, subit toutes sortes de viols (physiques ou politiques), reste une inlassable petite fourmi qui tourne en rond. Marxiste et freudien, Imamura affirme vouloir, par elle, traiter de pair "la partie inférieure du corps humain et la partie inférieure de la structure sociale".

Son autre grande source d'inspiration est la dénonciation de l'oppression américaine. Le premier plan de Cochons et cuirassés (sorti en France sous le titre Filles et gangsters) est un panoramique qui part d'un cuirassé stationnant dans la baie de Yokosuka et qui, après avoir montré la cité, s'achève sur la basse ville, où les soldats américains jouent les caïds et où, après la fermeture des maisons closes, les gangsters sont contraints d'élever des porcs pour nourrir l'occupant.

Le temps passe, mais l'audace est toujours là : L'Anguille commence comme un thriller pour mieux se transformer en comédie à tendance surréaliste. Encore et toujours, le vieux cinéaste se passionne pour sa matière première : « Les Japonais, parce que c'est le seul peuple dont je puisse parler de façon compétente. »

Le rabelaisien De l'eau tiède sous un pont rouge (2001) remet une femme au centre de sa sarabande : une voleuse que le plaisir fait accoucher de geysers orgasmiques. En ce siècle nouveau, elle incarne, à ses yeux, la fusion du technologique et du fantastique.

Imamura a reçu deux Palmes d'or au Festival de Cannes : en 1983 pour La Ballade de Narayama et en 1998 pour L'Anguille (Unagi ) .

Imamura est mort d'un cancer le 30 mai 2006.

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux