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Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard ou Sunset Blvd.) est un film américain, réalisé par Billy Wilder, sorti en 1950.

Analyse

L'action se situe à Hollywood en 1949.

L'histoire commence par l'image du cadavre de Joe Gillis flottant dans une piscine, et c'est Joe Gillis lui-même qui entreprend de raconter comment il en est arrivé là. Petit scénariste sans grand avenir, poursuivi par ses créanciers, il se réfugie dans l'immense demeure à l'abandon de l'ancienne star du muet Norma Desmond, qui y vit seule avec son majordome et chauffeur Max (qui n'est autre que son premier mari).

Norma veut faire du cinéma. Joe l'aide à mettre au point le scénario qu'elle a écrit pour son "come-back". Il devient son amant. Norma propose son scénario au metteur en scène de sa grande époque Cecil B. De Mille, qui ne peut l'accepter malgré son amitié pour elle. Joe qui a surtout essayé de se servir des relations de Norma cherche à rompre avec elle pour retrouver sa dignité et l'amour de Betty. Norma le tue par jalousie et sombre dans la folie. Quand la police vient l'arrêter, elle joue pour les actualités une scène qu'elle croit être celle du film qu'elle voulait tourner.

Il y a un parallélisme émouvant dans ce film qui fait évoluer la fiction avec la réalité. Norma Desmond et un peu la copie conforme de Gloria Swanson (star du muet) qui ne tourne plus guère en ce début d’années 50, c’est le cas également d’Eric Von Stroheim comédien et réalisateur de films muets de grand talent (Les rapaces).

Ce film est un véritable musée de cire cinématographique, on distingue dans un unique plan un Buster Keaton « fantomatique », ce comédien burlesque (Le mécano de la générale) est à cette époque totalement oublié. Cecil B de Mile qui n’a pas encore réalisé « Les dix commandements » joue son propre rôle et accompagne Norma devenue meurtrière dans un ultime dernier plan symbolique d’un film imaginaire « Salomé » que la star désirait incarner pour son grand retour à l’écran.

Sunset Boulevard montre le monde sans pitié du cinéma qui détruit ses ressources par l’évolution de ses techniques.

Ici tout est clair, le parlant a « broyé » Norma ainsi que son majordome, ils surnagent dans leurs souvenirs anéantis par un milieu peu reconnaissant qui brassent et « poubellisent » des esprits artistiques uniquement exploités le temps d’un jumelage avec les concept à la mode de leurs époques.

Le boulevard qui donne son nom au film est étroitement associé au cinéma de Hollywood depuis 1911, quand le premier studio ouvre justement sur Sunset Boulevard. À cette époque, des employés, de plus en plus nombreux, vivent modestement dans le voisinage. Au cours des années 1920, l’envol des bénéfices et des salaires dans le milieu du cinéma, et l’essor du star system, emmènent la construction de villas luxueuses, à la grandeur souvent incongrue. Les vedettes sont l’objet d’une fascination de la part du public du monde entier, tandis que les magazines et les journaux sont de plus en plus nombreux à relater les détails de leurs vies excessives.

Pendant sa jeunesse à Varsovie, Billy Wilder s'intéresse à la culture américaine, notamment à travers le cinéma. À la fin des années 1940, sa carrière l’ayant amené à Hollywood, et étant devenu lui-même résident de Los Angeles, il vit dans le voisinage quotidien de ces maisons prétentieuses. Beaucoup d’anciennes stars de l’ère du muet y vivent encore, bien que la plupart d’entre elles n’aient plus aucune activité dans la production cinématographique. Wilder se demande lui-même comment elles peuvent bien passer le temps maintenant que leur heure de gloire est passée, et imagine l’histoire d’une star qui aurait perdu succès et célébrité.

Sans être un film policier, Boulevard du crépuscule est pourtant devenu l’un des films les plus représentatifs du film noir — courant en vogue dans les années 1940-1950 à Hollywood. Le film est d’ailleurs le troisième film noir de Billy Wilder, après Assurance sur la mort (1944) et Le Poison (1945), et peu avant Le Gouffre aux chimères, dernière réalisation de Wilder qui répondra aux caractéristiques du style noir.

Car Boulevard du crépuscule ne montre ni enquête, ni détective, mais le sujet est bien le meurtre d’un homme. Et c’est le point de vue narratif adopté par Wilder qui fait de Boulevard du crépuscule un véritable film noir. « Le commentaire off à la première personne, typique du film noir (cf. Assurance sur la mort), et l’ambiance ainsi créée, non moins typique du genre, cernent Gillis comme un personnage de tragédie moderne, un loser, irrémédiablement introduit dans un cauchemar dont il ne maîtrise rien, mû par une force que le Réalisme poétique et le film noir à la française auraient appelée « Destin ». »

Et c’est bien le thème de la fatalité qui caractérise avant tout le style noir, selon la définition adoptée par Patrick Brion dans son analyse de référence :« Films d'atmosphère, ils illustrent une morale tragique : quelque que soit la direction que tu prendras, le destin finira par te rattraper. »

D’autres caractéristiques ancrent davantage cette appartenance au mouvement noir. Esthétiquement d’abord, la photographie de John F. Seitz, déjà présent sur Assurance sur la mort. Mais aussi thématiquement. La figure dominante de la femme fatale, Norma Desmond. L’amour contrarié entre Joe Gillis et Betty Schaefer. Et le trio qui s’installe progressivement entre Norma, Joe et Betty, trio conflictuel dont la résolution contient la mort de Joe et la folie de Norma. Trio typique du film noir et déjà présent dans Assurance sur la mort (Fred MacMurray, Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson).

Les coulisses de Hollywood sont également filmées selon le style noir : derrière les décors se cachent des destins sacrifiés, ceux des scénaristes anonymes mais aussi des plus grandes stars, les fantômes de Erich von Stroheim, de Buster Keaton. Plus largement, le milieu urbain sauvage et réaliste n’est pas oublié (Joe Gillis poursuivi par deux agents venus saisir son véhicule, ce qui l’amène chez Norma Desmond et déclenche l’engrenage du destin), même enrichi des éléments gothiques de la grande villa oubliée.

Enfin, l’ambiguïté morale des personnages (à commencer par celui de Joe Gillis), l’omniprésence du mensonge, des secrets (ceux de Norma, ceux de Gillis, ceux de Max), la perte des repères ressentie dès que Joe Gillis franchit le portail de Norma Desmond, et la folie finale finissent de faire de Boulevard du crépuscule l’un des plus grands chefs d’œuvres du film noir.

Dans son attention à disséquer le monde de l’illusion hollywoodienne, Wilder est très attentif à replacer l’histoire dans un contexte aussi réaliste que possible, et fait usage de l’histoire de Hollywood. Le nom de Norma Desmond est probablement inspiré par William Desmond Taylor, assassiné en 1922, et par son associé et ami Mabel Normand, dont la carrière avait été détruite par des scandales autour du meurtre.

Swanson est considérée comme représentative du passé de Hollywood, les plus anciens admirateurs s’en souviennent avec nostalgie, mais la plupart des jeunes spectateurs ne la connaissent pas. Sa collection personnelle de photographies sert à décorer la maison de Norma Desmond, contribuant à ce que le passé fictif de Desmond ressemble à la carrière bien réelle de Swanson.

La photographie de Boulevard du crépususcule, typique du film noir, sombre et, naturellement, en noir et blanc, est l’œuvre de John F. Seitz. Wilder qui a travaillé plusieurs fois avec lui, se repose sur son professionalisme, lui laissant le champ libre. Ainsi Seitz raconte avoir demandé à Wilder ce qu’il souhaitait pour la scène de l’enterrement du chimpanzé. Wilder répondit : « tu sais, juste ta prise de vue habituelle pour les enterrements de singes ».

Pour certaines scènes d’intérieur, Seitz arrose l’objectif de poussière pour suggérer une ambiance « moisie ». Un procédé qu’il a déjà utilisé sur le tournage de Assurance sur la mort (1944). Quant à la découverte du corps de Joe Gillis, Wilder veut montrer son cadavre d’en dessous, depuis le fond de la piscine, mais rendre l’effet est difficile. La caméra est d’abord placée à l’intérieur d’une boîte spécialement conçue, et plongée sous l’eau, en vain ; le résultat se révèle décevant. On fait d’autres tentatives. La prise de vue est finalement réalisée en plaçant un miroir au fond de la piscine, et en filmant la réflection de Holden depuis la surface, avec en arrière-plan l’image déformée des agents de police autour de la piscine.

Distribution

  • William Holden : Joe Gillis
  • Gloria Swanson : Norma Desmond
  • Erich von Stroheim : Max von Mayerling
  • Nancy Olson : Betty Schaefer
  • Fred Clarke : Sheldrake
  • Lloyd Gough : Morino
  • Jack Webb : Artie Green
  • Franklyn Farnum : L'entrepreneur des pompes funèbres
  • et dans leurs propres rôles :Cecil B. De Mille, Hedda Hopper, Buster Keaton, Anna Q. Nilsson, H.B. Warner, Ray Evans, Jay Livingston.

Fiche technique

  • Titre français : Boulevard du crépuscule
  • Titre original : Sunset Boulevard ou Sunset Blvd., selon les copies
  • Réalisation : Billy Wilder
  • Scénario : Charles Brackett, Billy Wilder, D.M. Marschman Jr
  • Musique originale: Franz Waxman
  • Pays d'origine : États-Unis
  • Date de sortie : 4 août 1950 (États-Unis)
  • Durée : 110 minutes

Boulevard du crépuscule est primé aux Oscars dans les catégories suivantes :

  • Meilleure direction artistique, noir et blanc (Hans Dreier, John Meehan, Sam Comer et Ray Moyer)
  • Meilleure musique (Franz Waxman)
  • Meilleur scénario (Charles Brackett, Billy Wilder et D.M. Marshman Jr.)

Le film est retenu dans huit autres catégories dont

  • Meilleur film
  • Meilleur réalisateur (Billy Wilder)
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux