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Sylvia Scarlett film américain réalisé par George Cukor et sorti en 1935.

Analyse critique

A Marseille, la jeune Sylvia est endeuillée par la disparition de sa mère. Revenant de l’enterrement de son épouse, Henry Scarlett avoue à sa fille qu’il doit fuir le pays sur le champ car il va bientôt être accusé de malversations financières par son employeur. Pour ne pas éveiller les soupçons des autorités, Sylvia se coupe les cheveux et entreprend de se faire passer pour un garçon, prénommé Sylvester, afin d’accompagner son père en Angleterre. Sur le bateau ferry qui les emmène, ils font la connaissance de Jimmy Monkley, un escroc séduisant et manipulateur, qui n’hésite pas à dénoncer Henry à la douane afin d’écouler tranquillement sa contrebande. Un hasard les fait se rencontrer tous les trois à nouveau et marque le début de leur association. Ils s'unissent pour gagner de l’argent avec de petites combines plus ou moins malheureuses qui vont finalement les emmener dans la campagne anglaise où ils donnent un spectacle itinérant de leur crû. Sylvia y fait la connaissance d’un artiste bourgeois un peu volage de qui elle s’éprend alors que ses sentiments pour Jimmy ne sont toujours pas très clairs. Il est temps pour Sylvester de redevenir Sylvia.

Cukor joue avec les conventions du genre et n’hésite pas à bafouer les règles de la bienséance. Les sous-entendus sexuels pullulent, de même que les couples, une fois l’histoire bien installée dans la campagne anglaise près de la mer, se lancent dans des opérations de séduction et se font puis se défont dans une allégresse générale avant de laisser paraître une certaine détresse. L’immoralité pointe souvent , aucun des trois protagonistes principaux n’est réellement un personne recommandable selon les critères retenus dans la bonne société de l'époque, mais de manière non ostentatoire, et toujours portée par un esprit comique qui fait passer certaines audaces.

Le film n'est pas parfaits, les thèmes sont alléchants et les acteurs se démènent comme de beaux diables. Le problème se situe en premier lieu dans un scénario qui aurait du nécessiter d’une réelle maîtrise cinématographique pour faire accepter sa construction hiératique et ses ruptures de ton et ménager ses effets. Le film manque singulièrement de rythme, dans son découpage comme dans son montage. De plus, en dehors de quelques plans étudiés, jamais la mise en scène ne fait montre d’une quelconque originalité, ni dans son mouvement intérieur, ni dans ses choix de cadre. Enfin, une happy end conventionnelle et saugrenue vient contredire la tournure dramatique et audacieuse qu’avaient pris les événements.

Katharine Hepburn, pour qui a été écrit le rôle, irradie totalement l’écran. Ses qualités athlétiques et son visage osseux rendent crédible sa transformation en jeune homme sans que jamais elle ne perde sa féminité que quelques gros plans réussissent à mettre en valeur. Son aspect androgyne donne, dans cette production hollywoodienne de série, une nouvelle idée de la séduction qui a certainement du choquer le public de 1935. Grâce à sa classe naturelle, son énergie et son espièglerie, Hepburn séduit et émeut. Cary Grant apparaît en très grande forme et excelle en arnaqueur sophistiqué, flegmatique et persifleur.

Le film a été très mal reçu à sa sortie en 1935 . Le public ne se priva pas de huer le spectacle proposé et de quitter la salle avant la fin. Les critiques entonnèrent le même refrain et démolirent le film dans la presse. Katharine Hepburn se sentit même obligée de s’excuser devant le producteur et Cukor se contenta de faire la sourde oreille. Heureusement pour la carrière des deux artistes, leurs travaux à venir seront vite récompensés d’éloges et effacèrent ce souvenir pénible.

Bien des années plus tard, Sylvia Scarlett fut redécouvert d’une certaine façon par la communauté homosexuelle qui vit dans cette œuvre un terrain d’expression pour la confusion des sentiments et des identités et le jeu avec la sexualité. Sans aller jusqu’à parler de récupération, on peut affirmer que cette interprétation ne doit pas être très éloignée de la vision originale de Cukor et du scénario qu’il eût à adapter. Plus généralement, le film fut évalué à la hausse avec les années, peut-être plus en raison de ce qu’il se proposait de raconter que de son traitement artistique.

Distribution

Fiche technique

  • Réalisation : George Cukor
  • Scénario : Gladys Unger, John Collier et Mortimer Offner d'après le roman de Compton Mackenzie
  • Société de production : RKO
  • Musique : Roy Webb
  • Photographie : Joseph August
  • Montage : Jane Loring
  • Durée : 95 minutes
  • Dates de sortie : 12 décembre 1935
    • France 15 mai 1936
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux