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Velvet Goldmine, film britannique de Todd Haynes, sorti en 1998

Analyse critique

En 1984, Arthur, journaliste, se voit confier une enquête sur Brian Slade, ancienne idole du glam rock, volatilisée dix ans plus tôt. L'investigation tourne à la recherche du temps perdu miniature : Arthur a été un fan transi de Brian Slade. Chaque témoignage qu'il recueille produit sur lui l'effet d'une madeleine, ressuscitant ses vertiges adolescents, quand l'achat d'un nouveau 33-tours était pour lui l’évènement le plus important du monde et justifiait qu'il se barricade dans sa chambre des heures durant.

Les ressemblances ne sont pas fortuites, Brian Slade, c'est évidemment David Bowie, période Ziggy Stardust d'abord. Et la séquence qui le voit resurgir dans les années 1980 en minet blond platine remplissant les stades constitue une pique au Bowie de la période Let's dance. Quant à l'amant sauvage qui se déshabille sur scène, c'est bien sûr Iggy Pop.

Todd Haynes restitue les paroxysmes de la condition de fan, dont l'idole phagocyte les pensées, tout en le révélant à lui-même. Mais, c'est l'idée maitresse du film, ce culte, cet amour sont voués à des chimères. Brian Slade et consorts n'auront été que de pures apparences, virtuoses de l'illusion, héritiers d'une lignée de dandys faussaires qu'Haynes fait remonter à Oscar Wilde, selon une généalogie baroque et imaginaire. Tout en réminiscences pailletées, Velvet Golmine exalte ainsi la nostalgie d'une contrée d'autant plus attirante qu'elle n'a jamais vraiment existé.

Le film n’est pas un chapitre illustré de l’encyclopédie du rock, mais plutôt une spéculation romantique, ouverte à toutes les chimères et éminemment personnelle d’un cinéaste, autour d’un temps révolu et de ses tapageuses figures de proue. Et le film s’emballe ainsi en un carrousel chatoyant de réminiscences et de fantasmes. Les références, les ressemblances non fortuites foisonnent. Leur musique, leurs chansons forment un indescriptible alliage de morceaux d’époque réorchestrés, et de compositions nouvelles, « à la manière de »… Quant à la structure étoilée du film, juxtaposition de témoignages pour tenter de reconstituer la personnalité de Brian Slade, elle rappelle à dessein celle de Citizen Kane. Cette dernière allusion peut sembler dérisoire ou exagérément téméraire. Elle est à l’image de tout le film qui suggère qu’on a les héros qu’on veut.

Seule compte l’intensité des passions qu’ils inspirent. Au-delà du folklore comme les extravagances scéniques et vestimentaires,l'androgynie et la bisexualité affichées, revisités par Todd Haynes, l’aspect le plus universel du film concerne la condition extrême de fan. Les flash-back sur l’adolescence d’Arthur montrent combien ses idoles de jeunesse ont mobilisé ses pensées, sa sensibilité et l’ont révélé à lui-même.

Un petit talisman circule entre les différents personnages, symbole de cette filiation de l’excentricité, du dandysme et de la décadence, dont le prologue révèle qu’il a appartenu à Wilde en personne. Le jeu de pistes, de citations et de clins d’œil pourrait tourner au galimatias, à la faveur du montage convulsif pratiqué par Haynes et du poudroiement de paillettes ou de plumes qui envahissent fréquemment l’écran. Mais, cette féerie miroitante et déjantée frappe au contraire par sa cohérence, son affinité avec l’esprit du glam rock tel que le cinéaste le conçoit : un tourbillon d’images, de sons et de signes trompeurs qui, à la fois, masquent du vide et atteignent à une réalité poétique et plus vraie, pourvu que groupies et idoles y croient ensemble, au même moment.

Distribution

  • Ewan McGregor : Curt Wild
  • Jonathan Rhys Meyers : Brian Slade
  • Christian Bale : Arthur Stuart
  • Toni Collette : Mandy Slade

Fiche technique

  • Titre : Velvet Goldmine
  • Réalisation : Todd Haynes
  • Scénario : Todd Haynes et James Lyons
  • Production : Christine Vachon
  • Musique : Carter Burwell
  • Durée : 124 minutes
  • Date de sortie : 21 mai 1998 au Festival de Cannes 1998, où le film reçoit le Prix de la meilleure contribution artistique.
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux