Sommaire (edit)Le cinéma
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Le Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette) est un film italien de Vittorio De Sica sorti en 1948. Analyse
Le film en tant que tel s'ouvre donc sur le vol de la bicyclette. Mais dès le prologue, Vittorio De Sica parvient à obtenir de nous deux choses. D'une part, il oriente notre regard vers une vue d'ensemble, portant sur une situation objective, celle du prolétariat urbain des premières années de l'après-guerre. D'autre part, il nous rend émotionnellement solidaires de la famille Ricci, immergée au sein de ce contexte humain et social. Déjà le film atteint son objet, le réel, le concret. Jusqu'à l'extrême fin nous ne pourrons aller au-delà de ce premier résultat, en soi tellement important bien qu'encore partiel, qu'est la certitude de notre point de vue : la solidarité avec l'ouvrier victime du vol. C'est avec ce sentiment que nous accompagnons Antonio Ricci au commissariat, pour porter plainte. Le soir, lorsqu'il retourne dans le quartier de Val Melina, où il habite avec sa femme et ses deux enfants, nous le suivons jusque dans la cellule du Parti. Le lendemain matin, nous nous lamentons avec lui et les amis qui l'aident à rechercher la bicyclette. D'abord au marché de la place Vittorio, puis à celui de Porta Portese. A chaque instant, comme le fait remarquer André Bazin dans sa note critique sur le film, en 1958, la bicyclette pourrait réapparaître. Et, plus d'une fois, nous sommes sur le point de capturer le voleur qui a poussé notre héros au désespoir. Cependant, rien de nouveau ne se passe durant cette déambulation à travers la ville. La narration reste au niveau du prologue : quelqu'un a perdu sa bicyclette. Elle est seulement racontée de nouveau et déployée à travers une galerie de personnages divers, chacun usant de la rhétorique et du registre qui le caractérisent : pragmatisme du policier, humanisme immobile de l'Eglise, violence aveugle de la foule. Exercices de style, dira-t-on. Et c'est vrai. Mais ils ne contredisent en rien le propos réaliste du film. Ce qui est communément appelé « réalisme » est moins une hypothèse de travail qu'un but. Il est atteint non avec le détachement, la neutralité immédiate des « Notations » initiales, mais à la fin, ultime conquête de ce voyage à travers la totalité des figures humaines qui peuplent la ville. C'est pourquoi l'événement - le vol - est exprimé et répété par toutes les voix : comment la bicyclette est perdue selon le policier, le syndicat, le peuple, l'enfant, le clergé. Une fois achevée cette ronde des récits, il ne subsiste plus que le désespoir vide devant la conscience d'un fait qui, de certitude, est devenu pour tous une vérité absolue. Reste la dernière scène, où De Sica va jusqu'à supprimer le dernier point de vue, ce « nous » supposé du prologue, porté par notre regard de spectateur. Il le fait en déclarant l'échec de notre propre conscience. A nous qui avions éprouvé autant d'affection pour le prolétaire que de mépris pour le voleur, et vu le film à l'aune de cette fragile, mais claire, certitude morale, le réalisateur ne concède rien. L'idée que Le Voleur de bicyclette soit la représentation d'un monde dans lequel il est possible de prendre position pour les bons contre les mauvais s'effondre lorsque Antonio Ricci vole à son tour une bicyclette. La vérité brute, indéniable, selon laquelle « les pauvres, pour survivre, doivent se voler entre eux », comme l'écrit André Bazin, vient enfermer la narration dans un cercle où la fin se confond tragiquement avec le début. Au début du projet, De Sica éprouva quelques difficultés à réunir un financement. Aussi il prit des contact à Hollywood et notamment avec le producteur David Selznick qui se déclara intéressé et voulut imposer Cary Grant dans le rôle d'Antonio Ricci. Le réalisateur trouva finalement les moyens nécessaires en Italie et tourna dans les rues de Rome avec des acteurs non-professionnels. En cette période d’après-guerre, le néoréalisme s’impose dans une Italie vaincue. Le Voleur de bicyclette, au même titre que Rome ville ouverte de Roberto Rossellini, est emblématique d’un cinéma qui se veut plus proche de la réalité : tournages en extérieur dans des décors naturels, lumières naturelles, acteurs non professionnels. Consacré à la pauvreté, au chômage et à la vie dans les banlieues populaires, on a parfois conféré à ce film une valeur quasi-documentaire. A sa sortie en Italie, il suscita une mini-polémique, les communistes lui reprochant de n’être qu’une peinture de la vie des classes les plus pauvres, sans apporter de propositions et d’autres lui reprochant son misérabilisme. Le film connut un grand succès international. Distribution
Fiche technique
Récompenses
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