Sommaire (edit)Le cinéma
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Max Ophüls (1902 - 1957) est un réalisateur? français d'origine allemande. Il est le père du réalisateur Marcel Ophüls?. BiographieMax Oppenheimer, plus connu sous le nom de Max Ophüls est né le 6 mai 1902 à Sarrebruck (Sarre, Allemagne). Les parents de Max Oppenheimer étaient des commerçants juifs très aisés. Leur fils est précocement attiré (dès 1915) par l’art dramatique, malgré l’opposition de son père. Son goût pour le théâtre le pousse très jeune à jouer, sous le nom d’« Ophüls » que son metteur en scène a choisi afin de ne pas embarrasser sa famille. Puis il met à son tour en scène, et connaît alors un succès fulgurant grâce à son sens du spectacle. Une anecdote : les Ophüls, vieille et illustre famille allemande, ont interrogé le cinéaste, devenu célèbre, pour savoir à quel degré ils étaient parents. Lorsque celui-ci a avoué avoir emprunté ce nom, les Ophüls lui ont dit que, même s'il était arrivé dans la famille par hasard, ils étaient ravis de l'y garder. Il se dirige ensuite vers le cinéma et tourne quelques long-métrages, dont Liebelei. Ce sont des succès. Après l’incendie du Reichstag, il se rend en France, où le succès de Liebelei l’a précédé. Il est naturalisé en 1938. Sa célébrité lui permet de tourner Divine, La Tendre Ennemie, Werther et De Mayerling à Sarajevo. Il est connu et reconnu par le public et la critique mais en 1940 la guerre le conduit en Suisse. Une brillante carrière s’ouvre facilement devant lui. Mais par honnêteté, il refuse de se présenter comme déserteur de l’armée française pour résider dans ce pays. Il traverse alors clandestinement la France et s’embarque pour les États-Unis. Inconnu là-bas, il reste longtemps au chômage, avant de tourner L’Exilé, Lettre d’une inconnue et Les Désemparés. En 1950, il rentre en France. Il tourne La Ronde, Le plaisir, Madame de et Lola Montès qui sont des gouffres financiers, des échecs commerciaux, et des chefs d’œuvre. En 1956, il rentre en Allemagne où il se consacre de nouveau au théâtre. Il meurt le 26 mars 1957 à Hambourg, alors que son travail de metteur en scène est acclamé par tous. Max Ophüls était un homme honnête et courageux, soucieux de plaire au public tout en étanchant sa soif de création artistique : il n’a presque jamais cessé de tourner, malgré toutes les difficultés qu’il a connues. Son sens du spectacle était extraordinaire et il l’appliquait dans sa vie par un humour et un esprit ludique permanent. L’élégance d’Ophuls tient à cette légèreté: le cinéaste refuse le grandiloquent, l’emphase et les poncifs. Ses films sont des épures que rien ne vient empeser. De ce dépouillement provient la poésie: les sensations que provoque le film transmettent, tel un fluide, leur essence. Filmographie
Le style de Max OphülsLes caractéristiques d’Ophüls sont : une grande finesse, un fraîcheur subtile et une inquiétante légèreté qui font de chacun de ses films un régal pour le spectateur. Le plaisir du public est en effet ce que vise Ophüls. Les films d’Ophüls sont souvent situés dans un lieu et une époque bien définis : c’est le cas de Werther (Rhénanie du XVIIIe siècle), de De Mayerling à Sarajevo (qui porte sur l’agonie de l’Empire d’Autriche-Hongrie), de L’Exilé (la Hollande du XVIIe siècle) et du Plaisir (la Normandie de Maupassant). Ophüls est un recréateur d’ambiances : le spectateur voyage, s’évade grâce au film, il est plongé dans un univers particulier, autre dimension du spectacle. Ophüls accordait beaucoup d’importance aux décors. On pourrait parler d’un cinéaste « étalagiste ». Il juxtapose les objets, les poétise, les charge de significations, leur confère une existence propre, alors que l’homme devient marionnette. Les hommes sont objets, les objets sont personnifiés. La première scène de Madame de... nous montre une main qui court parmi une foule d’objets luxueux et comme endormis, et l’on ne voit le visage de Danièle Darrieux que plus tard, reflété par un miroir au cadre scintillant. Le décor artificiel prend le pas sur la personne… L’homme est presque emprisonné par ce monde surchargé et hétéroclite, mais aussi rassurant et nécessaire à la vie : le dépouillement progressif du personnage de Madame de la mène vers la mort. Ce décor indispensable aux personnages est souvent très lumineux, brillant : le spectateur est ébloui par l’écran. Lors de la projection, l’écran est doublement lumineux. L’escalier, motif théâtral et cinématographique apparaît très souvent chez Ophuls: on en trouve un dans chacun de ses films. Un escalier monumental dans Liebelei, un escalier en bois qui se transforme en lieu de prière dans Werther, celui de l’atelier du peintre dans Le Plaisir, l’escalier étroit du bijoutier de Madame de… ou celui de Lettre d’une inconnue à la forme tortueuse, illustrent la variété et l’unité de ce motif chez Max Ophuls. L’escalier suppose une direction, un but. Il est prétexte à des élans passionnés ou angoissés. Ses barreaux et sa dynamique circulaire, très évocateurs, lui confèrent une grande force de mise en scène. Enfin l’œuvre d’Ophuls est construite sur une géométrie de l’espace fondée sur le mouvement. La forme de ses films est constituée d’une imbrication de travellings. L’exemple le plus frappant est la scène de La Ronde dans l’appartement où Daniel Gélin et Danielle Darieux se retrouvent. La caméra rentre et sort des pièces, hésite entre les deux personnages. L’art d’Ophuls est de ne pas cadrer ses scènes, mais de les montrer de l’intérieur. Il suit l’action au plus près, presque à la manière d’un voyeur. C’est d’ailleurs le parti pris de Divine et de De Mayerling à Sarajevo, qui dévoilent l’univers du music-hall pour l’un, les coulisses de la monarchie austro-hongroise pour l’autre. Ce mouvement perpétuel, ce refus du cadre stable ont valu au style d’Ophuls d’être qualifié de baroque. Cet art de la mise en scène, ce style élégant et cette recherche de l’évasion sont les ingrédients qui constituaient le sens du spectacle d’Ophuls. Mais, à première vue, les films d’Ophuls sont des marivaudages, ou même des vaudevilles comme le début du film Madame de… Cependant, tous ces personnages en quête de bonheur témoignent d’une réflexion profonde sur le lien entre vie, amour et mort. La Ronde est le manifeste de cette interrogation sur l’amour. Dans ce film, l’amour mène sa danse et entraîne les hommes dans une valse viennoise faite de désirs et de plaisir. Tout est léger, presque frivole. Pourtant, quel abîme! Les personnages jouent leur rôle. Chacun est présenté dans un premier temps, puis en présente un autre, et ne réapparaît plus. L’amour les tire du néant pour les replonger dans le néant. Dans cette structure de danse macabre, Ophuls nous dit que seul l’amour fait vivre, mais que l’amour ne fait pas vivre bien longtemps…. Il y a bien un espoir: la boucle est bouclée, tout recommence! Mais en fait l’on tourne en rond… Et puis l’évocation récurrente du temps qui passe ne laisse décidément aucun espoir. Quelle vision terrible de la vie, pour un film apparemment frivole! L’amour serait-il alors un rempart inconscient et inefficace contre la mort? Ces personnages chercheraient le plaisir tant qu’ils vivent, chercheraient à vivre grâce au plaisir? On peut rapprocher cette idée de la thèse de George Bataille sur le lien entre l’érotisme et la mort (Les Larmes d’Eros) qui dit notamment que les hommes tentent de conjurer la mort par le plaisir érotique. L’amour est donc indissociable de la mort…. En effet Werther, Lisa (Lettre d’une inconnue), Louise (Madame de…), les héros de Liebelei, meurent. Et que dire du vieux du Masque (Le Plaisir) qui cherche désespérément le plaisir à l’approche de la mort? La mort serait donc la conséquence de l’amour, alors que les héros d’Ophuls cherchent à vivre pleinement: plus Werther est passionné, plus il s’approche du suicide. Leur soif de vie les condamne à mort. C’est quasiment du tragique! D’ailleurs il existe bel et bien une dimension tragique chez Ophuls. Il nous présente des personnages ancrés dans une époque, la plupart du temps révolue. Ainsi l’utilisation de Vienne n’est pas fortuite: valse, joie, frivolité sont les images que cette ville évoque, mais cette époque n’est plus, depuis 1918. Le spectateur qui voit évoluer les personnages dans Vienne sait donc intuitivement à quel point ils sont éphémères. Il les voit tenter de vivre à tout prix, mais connaît déjà le résultat de cette quête effrénée. L’histoire est jouée d’avance. Ophuls reprend à son compte la tragédie grecque. Les héros de Max Ophuls passent leur vie à chercher le bonheur par le biais de l’amour. Mais l’amour n’épargne pas ceux qui le côtoient, il les tue même la plupart du temps. Cette mort n’est pas un repos serein, mais une angoisse et un vertige. Lorsque Werher se tue, une nuit d’orage, il emporte sa propre tourmente dans la mort. L’art d’Ophuls est de donner à ses films ce côté joyeux et léger tout en leur confiant cette vision si pessimiste de la vie. Ses films sont néanmoins avant tout poétiques. Cette impression de poésie, d’onirisme et de féerie est suscitée en premier lieu par les décors d’Ophuls. Féerie également liée à cette profusion d’objets, de lumières, de bals, de lampes, de miroirs. On ne peut que ressentir un émerveillement devant cette abondance éblouissante. En outre la légèreté du cinéaste confère parfois à ses films un aspect conte de fée, l’amour se substituant à la magie. Des images irréelles comme celle de la scène de bal de Madame de… donne au spectateur l’impression d’assister à un rêve. Et ce rêve est celui des héros: l’interminable nuit que Lina passe dans Vienne avec Stephan (Lettre d’une inconnue) est maintes fois rallongée par ce dernier, comme si le rêve lui conférait le don d’arrêter le temps, ou comme si Lisa refusait de se réveiller pour prolonger encore un peu le temps d’un rêve… D’ailleurs, le réveil sera difficile puisque Stephan la quitte le lendemain. L’émerveillement enfin de Lisa que l’on voit sur son visage contribue à brouiller la limite entre rêve et réalité. Quant à la poésie, elle provient des nombreux symboles qu’Ophuls introduit dans ses décors: escaliers, cages, miroirs, bijoux… Les mouvements ondulatoires de la caméra qui donnent une ambiance flottante et indolente à ses films s’harmonisent parfaitement avec ces motifs évocateurs. D’autre part, si le terme « légèreté » vient à l’esprit à la vue d’un film d’Ophuls, c’est parce que ses films sont épurés, aériens. Ils semblent immergés dans une brume incertaine, notamment grâce à la lumière qui nimbe certains plans, comme si le réalisateur filmait un rêve. |